Phuphuma Love Minus : l’état de grâce de l’isicathamiya

Vincent Théval
Magic RPM
Published in
3 min readMar 20, 2017

Bientôt en concert à Paris, le chœur sud-africain Phuphuma Love Minus porte haut la tradition de l’isicathamiya, chant né dans les townships de Johannesburg au vingtième siècle, auquel Paul Simon a donné un écho mondial avec son fameux Graceland en 1986.

On se souvient de l’histoire du Graceland de Paul Simon qui, en 1986, avait contourné le boycott visant l’Afrique du Sud, protestation de la communauté internationale contre l’Apartheid. Si l’album fit l’objet de polémiques au moment de sa sortie, le comité anti-apartheid des Nations Unies reconnut que le disque de Paul Simon avait (au moins) pour lui de mettre en valeur des artistes et genres musicaux sud-africains qui ne bénéficiaient jusqu’alors d’aucune exposition internationale. Parmi ceux-ci, le chœur Ladysmith Black Mambazo que l’on peut entendre notamment sur la sublime Diamonds On The Soles Of Her Shoes.

Fondé en 1960, le choeur Ladysmith Black Mambazo a beaucoup fait pour la popularité de l’isicathamiya, chant a cappella porté par un chœur exclusivement masculin. Le genre connaît un grand succès dans les années 70 et 80, après plusieurs décennies où on l’a un peu oublié. Forme d’expression propre à la culture zouloue, qui puise ses influences dans les traditions locales, les chorales chrétiennes et les minstrels shows américains, l’isicathamiya est né dans les townships de Johannesburg, quand les ouvriers venus des campagnes, logeaient dans des pensions et n’étaient pas autorisés à y faire de bruit : dès lors, ils ne pouvaient chanter et danser qu’en chuchotant et effleurant le sol.

Phuphuma Love Minus

C’est cette tradition chorale que porte aujourd’hui l’ensemble Phuphuma Love Minus, créé en 2002 dans la région du Kwazulu-Natal, précisément dans l’idée de transmettre ce patrimoine et cette histoire orale. Sans oublier de la frotter à une certaine modernité urbaine. A cet égard, la rencontre avec la célèbre chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin en 2008, est déterminante. Elle ouvre des perspectives internationales à ce groupe, dont les débuts s’inscrivaient plutôt dans le cercle restreint des fêtes locales (mariages, fêtes des moissons, etc). En 2009, Robyn Orlin créé la pièce Walking Next to Our Shoes… autour de leur performance. C’est un succès mondial.

Aujourd’hui, c’est seul que Phuphuma Love Minus s’apprête à donner six représentations au Musée du Quai Branly. Mais le chœur n’a pas oublié la dimension visuelle de sa musique, avec ses chaussures brillantes, ses gants, ses costume impeccables et ses chorégraphies souples. Découvrez la bande annonce du spectacle :

6 représentations du samedi 25 mars au dimanche 2 avril 2017

Musée du Quai Branly Jacques Chirac, 37 quai Branly, Paris 7ème

Réservations https://tinyurl.com/ksov29t

--

--