Le sport au service du changement sociétal !
« Le sport a le pouvoir de changer le monde. Il peut unir les gens d’une manière quasi-unique. Il est plus puissant que les gouvernements pour briser les barrières raciales. Le sport se joue de tous les types de discrimination ».
Cette célèbre phrase, prononcée par Nelson Mandela en 2000, n’était pas qu’empreinte d’idéalisme ou d’utopie. L’ONU elle-même, lors du Sommet 2010 sur les objectifs du Millénaire pour le développement, soulignait à quel point le sport peut « favoriser la coopération, la solidarité, la tolérance, la compréhension, l’intégration sociale et la santé aux niveaux local, national et international. »
Il est également au centre de plusieurs enjeux et facteurs de développement composant les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD ou Agenda 2030) adoptés en septembre 2015 par 193 pays.
Aujourd’hui, il est donc admis que le sport, quelle que soit la discipline, n’est plus considéré uniquement comme un business ou un outil politique. C’est aussi, par les valeurs qu’il véhicule, par sa capacité à créer la rencontre et à ressembler, un acteur puissant de transformation sociale.
Changer le monde par le sport
« L’époque où l’on opposait profit et enjeux sociétaux est aujourd’hui derrière nous », souligne Fabien Paget, co-fondateur et dirigeant de 17 Sport, première agence d’impact dans le domaine du sport et qui fait directement référence aux 17 ODD des Nations Unies mentionnés plus haut.
« Notre mission consiste à éduquer, conseiller et accompagner tous les acteurs du secteur du sport (athlètes, sponsors, organisateurs, fédérations, événements…) à repenser leur approche du marketing sportif en vue de générer des retombées positives d’un point de vue financier, social et environnemental. Un athlète a de multiples dimensions et aussi une voix, ainsi qu’une responsabilité pour contribuer à améliorer la société », insiste Fabien Paget. En mettant sa puissance médiatique au service de l’OMS, via la diffusion de messages appelant au respect des mesures barrières, Cristiano Ronaldo a généré 40 fois plus d’engagement que le compte officiel de l’organisation internationale. Pour égaler la viralité du message de la superstar portugaise, l’OMS aurait dû sponsoriser sa campagne à hauteur de 1,15 million d’euros !
Le sport au service de l’inclusion, de la mixité, et de la solidarité
Pour Alexandra Fournier-Bidoz, ancienne athlète française spécialiste du lancer de javelot, aujourd’hui Secrétaire Générale du Think Tank Sport et Citoyenneté, la nouvelle génération de sportifs est clairement beaucoup plus sensible au rôle qu’ils peuvent avoir dans la société. « C’est une démarche qui émane à la fois des sportifs évoluant dans les milieux professionnels et amateurs. Ils souhaitent trouver plus de sens dans ce qu’ils font et avoir un impact réel autour d’eux » souligne l’élue de ce Think Tank, dont un des objectifs est de mesurer les retombées sociales des événements sportifs.
Preuve que le sujet intéresse, les organisateurs de la Coupe du Monde de Rugby 2023 et des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, se sont emparés du sujet afin de déterminer les impacts sociaux et sociétaux de leurs engagements financiers.
On parle alors de ROO, c’est-à-dire de retours sur objectifs (“Return On Objective”).
Un engagement croissant
L’implication des sportifs vis-à-vis d’une politique d’amélioration sociale n’est pas que le fait de sportifs mondialement reconnus, tels que le footballeur Cristiano Ronaldo, cité plus haut, ou encore de la joueuse de tennis Serena Williams, engagée dans plusieurs causes féministes et antiracistes.
« Le premier exemple qui me vient en tête est Lisa Zimouche. Une jeune athlète de 20 ans, ancienne joueuse de l’équipe PSG Féminines et aujourd’hui icône mondiale du freestyle football, un milieu plutôt dominé par les hommes. De par son histoire, Lisa a été activiste toute sa vie. Elle est aujourd’hui ambassadrice monde de la fondation Laureus, de Sport Dans la ville, et reverse 1% de tout ce qu’elle gagne à des programmes d’inclusion et d’éducation par le sport. C’est une athlète reconnue mais également une femme engagée qui fait bouger les lignes », souligne Fabien Paget. Un exemple typique de ces nouveaux sportifs, issus de la génération Z, qui veulent transformer la planète sur laquelle ils vivent en ayant un impact positif.
Pour Jimmy Adjovi-Boco, ancien footballeur professionnel et Directeur Général de l’association Diambars, cet engagement répond à un double besoin : « En arrivant à les faire adhérer à un projet, ils se sentiront investis d’une responsabilité. S’impliquer permet en plus de se construire personnellement ».
SHN : se former aux questions sociétales ?
S’investir dans des actions sociétales est aussi la meilleure façon de préparer son après carrière. « Au sein de nos programmes SHN, nous essayons d’éveiller aussi les sportifs à ces thématiques, nous leur donnons des pistes afin qu’ils puissent prendre la parole et avoir un impact sur des sujets qui leur tiennent à cœur, en dehors de leur activité sportive », indique Mickael Romezy, Directeur Sport Makers à emlyon business school. Exemple récent avec Charles Kahudi, joueur professionnel français de basket-ball, qui s’est rapproché des instances de l’école afin de l’aider à créer sa structure au profit de l’intégration et de l’éducation par le sport.
Car il ne faut pas oublier que la philanthropie peut être complexe à gérer : analyse stratégique, calcul des risques, leadership, gestion du stress et prise de décision sont autant de défis qui peuvent se manifester au quotidien. S’intéresser aux questions sociétales est aussi une façon d’éviter cette « petite mort » redoutée par tous les SHN. Passer de la gloire à l’anonymat du jour au lendemain est vécu par de nombreux sportifs comme un vrai traumatisme. Etre engagé dans une action qui a du sens pour soi et pour les autres, peut aider à surmonter cette épreuve que constitue l’après-carrière sportive, tout en développant des compétences utiles à cette transition professionnelle.
La pédagogie est ainsi une des clés pour permettre aux futurs dirigeants, dont certains sont eux-mêmes d’anciens sportifs, « d’arriver à expliquer de quelle façon leurs événements sportifs peuvent avoir des retombées plus globales et, notamment, sociales » conclue Alexandra Fournier-Bidoz.