Quand l’Intelligence Artificielle bouleverse le monde de l’éducation

Sylvain Léauthier
makerstories
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3 min readMar 15, 2019

“La décennie qui arrive va être celle de la disruption du monde de l’éducation. Nous ne devons pas être passifs devant cette révolution. Nous devons être les acteurs de ce mouvement”. C’est par ces mots que Tugrul Atamer, Vice-Dean emlyon business school, a accueilli les participants de l’International Advisory Board qui s’est tenu à Lyon le 19 et 20 novembre 2018.

L’International Advisory Board, un outil de gouvernance externe

C’est la troisième fois qu’a lieu l’International Advisory Board, après le premier qui s’est tenu en 2015 et le deuxième, consacré à la globalisation, en 2016.

L’International Advisory Board incarne la gouvernance élargie d’emlyon business school.
Le principe ? Rassembler et faire échanger des leaders d’opinion dans l’industrie et l’éducation afin de faire avancer emlyon business school sur des enjeux et questions-clés.

Cette année, 15 leaders d’opinion se sont retrouvés pour un sujet désormais au coeur des enjeux économiques et éthiques actuels : l’intelligence artificielle.

L’Intelligence artificielle, un domaine en vogue…qui date pourtant des années 50 !

Si l’Intelligence Artificielle est un thème très médiatisé depuis quelques années, la discipline date des années 50, avec notamment les travaux d’Alan Turing en 1950, puis un colloque à l’université américaine de Dartmouth en 1956 au cours duquel une dizaine de chercheurs qui vont fonder la discipline académique se réunissent. Les années 80 ouvrent l’ère industrielle de l’Intelligence Artificielle, le développement du machine learning débute lui dans les années 90.

Un domaine à la croisée des disciplines

“L’intelligence artificielle n’est pas qu’une question technique”, remarque Renaud Champion, Directeur des nouvelles intelligences d’emlyon business school. “Elle possède des fondations multiples et fait intervenir plusieurs disciplines : philosophie, économie, neurosciences, psychologie, informatique.” Aujourd’hui, ce sont les grandes entreprises du digital qui investissent beaucoup sur l’IA : Google, Amazon, Microsoft…. Les applications sont en effet nombreuses : Santé, transports, industrie, agriculture…beaucoup de secteurs sont concernés, y compris l’éducation.

L’IA bouleverse aussi l’éducation

Quel est l’impact de l’IA dans le monde de l’éducation ?
L’apprentissage et la mémorisation, activités essentielles dans l’éducation, sont tous deux des éléments-clés de l’IA, notamment avec le machine learning.

Si les machines peuvent apprendre, mémoriser et reproduire des tâches, quel sera alors le rôle des écoles et universités ?
L’IA change ce que l’on aura besoin d’apprendre, mais également la façon d’évaluer.
Avec l’IA, l’apprentissage devient plus accessible et plus inclusif.
L’IA pourrait devenir alors un assistant d’apprentissage, qui assure la transmission de la connaissance, en aidant notamment les étudiants à acquérir des connaissances spécifiques (hard skills).

Quel rôle pour l’enseignant à l’heure des machines ?

Le rôle de l’enseignant change également, avec une mission de coach et d’accompagnateur, en mesure de personnaliser l’expérience d’apprentissage.

Le mode de sélection et d’évaluation des étudiants et enseignants va se modifier, en donnant plus de place aux soft skills. Jusqu’à aujourd’hui, les recruteurs sélectionnent les candidats sur des CV, tout comme les écoles recrutent les chercheurs sur la base des publications déjà produites. Ce modèle est en train de changer : ce que les entreprises et écoles recherchent désormais ne se situe plus dans le passé mais dans l’avenir, notamment dans la capacité à imaginer et transformer le monde.

Mais comment évaluer et mesurer cette compétence ?

L’expérience des étudiants au coeur de l’école du futur

L’école du futur devrait ressembler au SILEX, au makers lab, a une “lifelong kindergarten”, où l’on peut jouer, créer, expérimenter.

Elle devrait aussi donner plus d’importance aux associations d’étudiants, qui sont au coeur de l’expérience des étudiants durant leurs études.

“J’ai du mal à me rappeler des cours que j’ai suivi, par contre, je me souviens de l’association étudiante dans laquelle j’étais engagé, de mon équipe de rugby. La vie étudiante permet d’apprendre, de confronter les idées avec les autres, de collaborer, de gérer les conflits, c’est une expérience unique” témoigne un participant.

Là réside sans doute la clé de ce que doit être l’école du futur : un créateur d’expériences, qui puisse permettre aux étudiants de construire leurs compétences et leurs parcours tout au long de leur vie, à travers des moments intenses et partagés.

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Sylvain Léauthier
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“De ce qui occupe le plus, c’est de quoi l’on parle le moins. Ce qui est toujours dans l’esprit, n’est presque jamais sur les lèvres.”