Sommet Mondial de l’industrie manufacturière 4.0 au féminin

Zniber Ghita
makerstories
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4 min readNov 29, 2019

Il y a deux semaines, j’ai eu l’honneur d’ouvrir le sommet mondial de l’industrie manufacturière 4.0 au féminin le 13, 14 et 15 Novembre 2019 à Montréal. J’étais la plus jeune du sommet, assise entre des femmes de pouvoir, des femmes inspirantes, des femmes qui ont su changer leur quotidien et celui de tout un chacun grâce à leur passion et à leur volonté d’avoir de l’impact dans les 4 coins du monde, telles que Danièle HEINKEL, Sâadia LAKEHAL, Janie DUQUETTE, Melissa HARVEY, ..

J’ai parcouru 5829 km pour parler de la startup Souk&Play, dont je suis CDO & Co-Founder, pour confirmer que les femmes avaient leur place dans l’entrepreneuriat, que la jeunesse avait son mot à dire et surtout, que l’Afrique pouvait aussi être représentée. D’ailleurs, je n’étais pas la seule à représenter mon continent. Le Cameroon, le Sénégal, le Togo, le Bénin et pleins d’autres pays africain étaient tous au rendez-vous, avec des femmes d’exception. Je cite, Anne-Gisèle OBAKER, Rose GAYE NDAO, Francine BELEYI, ..

Chaque femme rencontrée vivait une belle expérience entrepreneuriale et encourageait, par la force de son caractère ainsi que par sa position, des jeunes filles à se lancer dans l’industrie manufacturière.

Lila Merabet, Vice-présidente de la région Grand Est, porte à titre d’exemple le « Programme Industrie du Futur », visant à accompagner les entreprises industrielles dans leur révolution. Elle souligne cependant que la place des femmes est encore insuffisante :

« Cela s’est senti lorsque j’ai monté un G100 de l’industrie, je n’ai pas réussi à trouver plus de 10 femmes dirigeantes dans l’industrie manufacturière. »

Malgré le fait que les femmes représentent 40% des diplômées des écoles de commerce, celles-ci choisissent souvent des industries moins « genrées », telles que l’industrie pharmaceutique au lieu de l’industrie de l’automobile ou de la plasturgie.

Chaque femme a expliqué ce phénomène en fonction du contexte dans lequel elle se trouve, mais elles s’accordaient toutes sur le fait que l’enfance et l’éducation jouaient un rôle important dans l’intérêt porté par les femmes dans l’industrie. En effet, les jeunes filles ont besoin de « role models », qui pourraient les inspirer et leur donner envie de réussir leur vie dans des domaines complètement différents de ceux vers lesquels elles se dirigent aujourd’hui. Cela leur permettrait d’oser et de ne plus avoir peur de choisir des domaines restés pendant longtemps dominés par les hommes. Pour d’autres intervenantes, la problématique se trouve ailleurs. Pour la représentante du Sénégal,

« L’industrie n’est ni au féminin, ni au masculin. Elle est à l’étranger. »

Par cela, elle insinuait que le secteur manufacturier n’était même pas assez développé au pays pour parler de genre. Selon elle, la majorité des industries au Sénégal viennent de l’étranger et sont dirigées par des étrangers, que ce soit des hommes ou des femmes. Sa première bataille au nom de l’industrie manufacturière, serait donc de commencer d’abord par créer des usines sénégalaises, puis d’exporter vers l’étranger. Le Bénin semblait partager le même avis. « Au Bénin, l’économie est soutenue par les femmes, mais elles sont souvent portées vers le commerce. », l’idée serait donc de commencer par exporter les savoir-faire artisanaux, pour encourager la production locale, qui passerait à un niveau industriel une fois que la demande s’accroitra. Ce qui permettrait d’attirer l’attention sur le secteur de l’industrie manufacturière.

Au canada, la problématique est la même. Le secteur manufacturier manque de promotion. « Ici au Canada, j’ai visité un collège et j’ai rencontré des jeunes filles du secondaire d’environ 15 ans, qui désiraient aller sur le marché du travail tout de suite après les études secondaire. Je rentre en classe avec mon chapeau de fabricante d’équipement, et je présente des pièces, du métal et de l’assemblage. Et à la fin, une jeune fille s’est dirigée vers moi en me disant « Madame, je ne savais même pas que ces métiers existaient. Ma mère et ma tante sont secrétaires et m’ont toujours dit qu’il fallait que je sois aussi secrétaire. Aujourd’hui, vous m’avez donné envie d’être machiniste. » ». Il faut donc aller vers ces jeunes filles et leur apprendre que les métiers manufacturiers sont aussi faits pour elles, tant qu’elles en sont passionnées.

Pour conclure, les femmes vivent des enjeux communs au travail, tout à fait différents de leurs collègues masculins. Il est important que ces femmes puissent partager leur histoire et apprendre des expériences des unes des autres. Parce que nous sommes toutes entrain de changer les choses, nous changeons le monde et nous avons besoin de nous faire connaître et de faire connaître notre histoire.

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