4 principes à retenir pour exercer sa créativité

Alexandre Gallard
Makestorming
Published in
7 min readOct 1, 2018

S’il fallait faire le TOP 10 des mots à la mode en entreprise en ce moment, c’est bien celui là qui remporterait la palme.

“Entreprise créative cherche son futur collaborateur créatif pour travailler sur des projets créatifs dans un environnement ultra créatif !
Tu penses avoir la créativité qu’il nous manque ? Alors rejoins-nous !
PS : nous adorons les candidatures un peu créatives.”

Voilà bien la moitié des offres d’emploi que nous voyons tous passer chaque jour et, si vous voulez mon avis, c’est loin d’être surprenant ! Entre le besoin de gagner en compétitivité, celui de se démarquer de l’intelligence artificielle ou encore celui de tout transformer en une véritable expérience, pas étonnant que la créativité soit devenue la compétence phare du collaborateur de demain !

MAIS ALORS … QU’EST-CE QUE LA CRÉATIVITE EXACTEMENT ?

En temps que concepteur et animateur d’ateliers de travail collaboratifs, parler créativité est devenu une habitude. Mais le terme, galvaudé, mérite que l’on s’y attarde quelques secondes. Une grande majorité de chercheurs s’accordent pour dire que la créativité est la capacité à réaliser une production qui soit à la fois nouvelle et adaptée au contexte dans lequel elle se manifeste.

C’est donc, il faut le dire, un concept relativement large qui invite à la surconsommation du terme !

Alors pour mettre en lumière les barrières inconscientes que nous nous imposons et qui brident notre créativité, j’ai pris pour habitude de lancer un rapide exercice qui va nous servir de fil rouge pour la suite.

Prêts ?

UN EXERCICE SIMPLE POUR EXERCER SA CRÉATIVITE

L’exercice commence avec une situation initiale, posée en une seule consigne que j’énonce au groupe :

“Nous sommes lundi matin, Maxime part travailler. Que se passe-t-il ?”

Je leur demande alors de compléter tour à tour cette situation pour construire l’histoire complète de Maxime. Mais attention, cette dernière doit être cohérente. Ils doivent donc utiliser ce qui vient d’être raconté avant eux pour en construire la suite.

Chaque participant, l’un après l’autre, doit alors imaginer la suite de l’histoire en y apportant un nouvel élément.

LES NOTIONS IMPORTANTES
Une fois l’histoire construite, c’est au tour du débrief ! Ce temps est essentiel et vous permet de mettre en lumière 4 grands biais qui freinent grandement la créativité de chacun :

  • Ne faire appel qu’à son imaginaire proche
  • Éviter de se mettre en danger
  • Entendre mais ne pas écouter
  • Perdre de vue l’objectif

#1 — NE FAIRE APPEL QU’À SON IMAGINAIRE PROCHE

Par nature, nous avons tendance à nous inspirer avant tout de ce que nous connaissons bien, de ce qui nous semble parfaitement logique. Notre cerveau aura toujours le réflexe d’aller chercher de nouvelles idées dans un imaginaire proche, un contexte qu’il connaît et maîtrise car ces éléments sont parfaitement crédibles et ce sont les premiers qui nous viennent à l’esprit. Dans une situation d’urgence (ici celle de trouver une suite immédiate à l’histoire proposée), notre quotidien devient donc la source d’inspiration privilégiée !

Et si Maxime était une femme ? Et si Maxime travaillait sur la lune ? Avez-vous ne serait-ce qu’envisagé une seconde ces deux possibilités ?

Alors si vous souhaitez entretenir votre créativité et dépasser les idées “déjà vues”, je vous suggère d’aller puiser votre inspiration dans d’autres domaines, d’autres contextes dans lesquels vous serez certes moins à l’aise, mais aussi bien plus singuliers.
Il est d’ailleurs souvent très riche d’aller chercher de l’inspiration dans des univers comme celui du jeu vidéo, du sport, de la médecine ou même du comportement animal !

Être créatif, c’est faire l’effort de sortir de soi pour un temps.

#2 — ÉVITER DE SE METTRE EN DANGER :

Prendre la parole devant tout le monde et devoir improviser, ce n’est pas simple. Trop souvent, la peur d’être jugé, critiqué ou simplement de se tromper bride notre confiance créative. Or, être créatif c’est aussi accepter de sortir de sa zone de confort, ne pas se laisser influencer par le regard des autres. Régulièrement, j’observe des participants qui n’osent pas se prêter au jeu et préfèrent le silence à la prise de risque, au partage d’idées réellement nouvelles. Dans le cadre de notre exercice, un blocage peut rapidement se mettre en place et certains éléments de l’histoire viennent à se répéter. Cette situation reflète très souvent une absence de prise de risque. Il est plus sécurisant de rappeler un élément de l’histoire qui a déjà été approuvé par le reste du groupe plutôt que de se risquer à en imaginer un nouveau !

Faire l’exercice plusieurs fois permet de réduire ce mauvais réflexe et d’apporter des éléments nouveaux à chaque fois que cela est nécessaire.

Être créatif, c’est donc aussi s’habituer à passer outre le regard des autres.

#3 — ENTENDRE MAIS NE PAS ECOUTER

Parfois, l’aventure de Maxime est complètement transformée par quelqu’un qui décide de marquer une rupture dans l’histoire. Cette rupture peut s’incarner de différentes manières, mais elle s’identifie généralement par une situation qui est, finalement, jugée impossible et qui s’arrête donc aussi vite qu’elle a commencé.

Dans toute démarche créative, il est important d’éviter ce type de rupture pour deux raisons :

  • Pour favoriser l’inclusion : ne pas ignorer les idées des autres, montrer au groupe que tout est pris en compte et que l’on peut accepter toutes les idées quel que soit leur “niveau”.
  • Pour aller un cran plus loin dans chaque réflexion en utilisant les idées des autres pour les transformer, les pousser, les améliorer. Il sera toujours temps ensuite de changer d’approche et de raconter une nouvelle histoire.

Ecouter les autres, ce n’est donc pas seulement entendre ce qu’ils disent. C’est aussi intégrer leur réflexion dans la vôtre et l’utiliser comme une nouvelle source d’inspiration.

Pourquoi ici Maxime ne pourrait tout simplement décider de sortir sur la voie et de creuser un tunnel vers l’arrêt de bus le plus proche ?

Faire preuve de créativité, c’est savoir utiliser la richesse du collectif pour atteindre un objectif commun.

#4 — PERDRE DE VU SON OBJECTIF

En parlant d’objectif commun, voici une situation typique de dérive au point d’en oublier complètement notre sujet principal.

Ici, Maxime est mis de côté et donc l’objectif de l’exercice, qui est d’imaginer son histoire et pas celle de son collègue, est rapidement oublié.

Il est crucial de garder en tête l’objectif de toute réflexion créative : quel problème cherchons nous à résoudre ? Quelle histoire voulons nous raconter ? Ici, c’est celle de Maxime. Mais demain, n’oublions pas de recentrer les participants sur ce pour quoi ils sont sollicités ! Ce petit exercice permet donc de toucher du doigt la facilité avec laquelle notre esprit diverge pour, si aucun cadre n’est posé, terminer sur des idées complètement en dehors du périmètre initial. N’oublions pas que la créativité se résume à la création de quelque chose nouveau dans un contexte adapté.

Pour faciliter cet aspect, n’hésitez pas par exemple à afficher en grand l’objectif qui a été fixé pour la session de travail, de manière à ce que chaque participant puisse s’y référer à tout moment.

Être créatif, c’est donc aussi savoir se donner un cap et le tenir.

Voici donc les quatre freins principaux que j’observe en atelier et qui ne nécessitent qu’un petit peu d’entrainement pour s’en détacher.
Faire l’exercice de Maxime régulièrement est une excellente manière de s’exercer : un rituel idéal pour développer les bons réflexes d’une séance de créativité efficace.

Je vous invite ainsi à faire cette rapide activité avec votre équipe, et ce aussi souvent que possible. Il suffit de faire un second tour juste après le temps de débrief pour constater les première évolutions dans l’histoire ! Vous verrez qu’après quelques itérations étalées dans le temps, les aventures de Maxime prendront une toute autre ampleur et l’expression “to think out of the box” s’incarnera petit à petit dans votre quotidien.

Chez nod-A, c’est un exercice que nous aimons proposer avant une séance de créativité car il met en lumière quelques grandes règles du brainstorming avant même de démarrer la session. C’est donc un icebreaker efficace, qui vient avec un débrief auquel vous pourrez faire allusion tout au long de la séance de créativité si cela s’avère nécessaire.

Si vous souhaitez en savoir plus sur l’utilisation des icebreakers lors d’un temps de travail collaboratif, n’hésitez pas à redécouvrir l’article dédié au sujet, écrit par notre expert Tobias ! Et pour les grands curieux, un tour s’impose sur notre page d’outils gratuits dans laquelle vous trouverez d’autres icebreakers prêts à être téléchargés et testés !

PS : je ne peux évidemment pas utiliser cet exercice en exemple sans mentionner un enseignant de l’ISTIA, Anthony Delamarre, qui est n’est autre que son créateur et grâce à qui j’ai pu en mesurer toute la puissance quelques années plus tôt. Il me paraît donc normal de rendre à Anthony ce qui appartient à Anthony, même s’il préfère “Marcel” au prénom de “Maxime” ;-)

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