Formations professionnelles, ce que les outils ludo-pédagogiques apportent aux apprenants

SiaXperience
Makestorming
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7 min readMay 26, 2021

Face aux bouleversements actuels -crises économiques, révolution numérique, nouveaux modes management- les entreprises reconsidèrent la place des collaborateurs. Hier vus comme des sources de coûts, ils deviennent des ressources clés et la formation professionnelle un levier de développement. Dans ce domaine, le numérique a imposé MOOCs et autres e-learning. Mais ce n’est que la partie immergé de l’iceberg : actuellement, les sciences cognitives réinventent les principes même de la pédagogie.

Chez nod-A, nous avons récemment travaillé sur ces problématiques et développé avec quelques sponsors pionniers et éclairés, des outils ludo-pédagogiques qui réinventent la formation professionnelle. À destination des formateurs comme des apprenants, ce sont des outils collaboratifs, des jeux de cartes, de rôle, de plateau, voire même des escape games.

Dans cette série de trois d’articles, nous vous proposons un voyage au cœur de nos interrogations et découvertes. Premier épisode : ce que les outils apportent aux apprenants.

Mais qui sont les apprenants ?

L’apprenance, c’est grandir en faisant des choses nouvelles et se remettre en question. C’est s’interroger sur ce que l’on a appris autant que sur le résultat atteint. C’est se détacher de ses habitudes et investir sur soi. C’est aussi s’enrichir de sa propre réflexion dans l’action, des découvertes des autres et des enseignements en groupe. C’est finalement l’état d’esprit d’un collaborateur conscient des mutations du monde du travail et qui a décidé d’évoluer pleinement dans l’ère de la compétence.

L’apprenant “nouvelle génération” est en rejet des approches “classiques”. Hier cantonné à une passivité presque totale alors qu’on lui délivre des contenus à mémoriser, il cherche à vivre des expériences d’apprentissage uniques, reposant tout autant sur l’expertise du formateur que sur ses propres explorations et sur l’apprentissage pair-à-pair. Les avancées en neurosciences et en sciences cognitives confirment la pertinence de cette tendance, et l’urgence de changer nos modèles pédagogiques. Les outils ludo-pédagogiques sont un leviers pour opérer cette mutation.

L’outil au service de l’apprentissage

Pour l’apprenant, l’outil ludo-pédagogique est le support de son expérience de formation. Les mécaniques pédagogiques doivent donc s’appuyer sur des méthodes qui maximisent au mieux l’apprentissage de savoirs, savoir-faire et savoir-être.

D’après Stanislas Dehaene, psychologue cognitif et neuroscientifique, professeur au Collège de France, quatre paramètres déterminent la facilité et la réussite de l’apprentissage. Nous avons fait de ces piliers des parti-pris de design de chacun de nos outils ludo-pédagogiques.

1. L’attention

Notre cerveau n’est pas capable de faire deux choses en même temps (si on exclut les tâches “automatisées”, comme marcher par exemple). Il passe alternativement d’une tâche à l’autre, en omettant l’une au bénéfice de l’autre. Si on veut apprendre, on doit donc entièrement focaliser notre attention sur ce que l’on fait/apprend.

Dans nos outils ludo-pédagogiques, nous avons donc développé plusieurs leviers pour capter l’attention : susciter des émotions dans une expérience immersive d’escape game, encourager les interactions dans un format de débat collectif, jouer un personnage lors d’un jeu de rôle, user de storytelling en incorporant des histoires pleines de sens, séquencer le module en phases courtes.

Photo de notre serious game “La Tablée” pour la Métopole de Lyon
Serious game “La tablée” sur le bien manger pour les personnes âgées, réalisé avec la Métropole de Lyon

2. L’engagement actif

La passivité ne paie pas. Pour apprendre efficacement, il faut explorer avec curiosité et faire l’effort de comprendre sans que le formateur apporte des solutions toutes faites. Pour que cela lui soit personnellement utile, l’apprenant doit formuler activement des hypothèses et les mettre à l’épreuve.

Dans nos outils ludo-pédagogiques, aucun savoir ne doit pas être délivré sans avoir été vécu et expérimenté par l’apprenant. On alterne des phases d’expérimentation et des phases de débrief collectif. Nous nous sommes souvent inspirés de mécaniques issues des jeux de société pour faire participer activement les apprenants.

3. Le retour d’information

Si une posture active est capitale, elle ne suffit pas. Le cerveau fonctionne par itérations en quatre étapes : prédiction, feedback, correction, nouvelle prédiction.

Il corrige continuellement le tir grâce au retour d’expériences concrètes qui permet d’affiner en temps réel son savoir-faire. Ce qui revient à dire que… l’erreur est fondamentale ! À condition, impérativement, qu’elle soit activement prise en compte par l’apprenant, qui loin de l’ignorer, doit la dépasser.

L’outil ludo-pédagogique joue un rôle essentiel pour anticiper les erreurs des apprenants et accompagner le formateur vers le bon savoir à délivrer pour les corriger. Le gameplay (ou mécaniques pédagogiques et ludiques) peut même augmenter la difficulté ainsi que le risque d’erreurs pour maximiser l’effet (sans décourager bien entendu). Les apprenants doivent alors fournir un surcroît d’engagement et d’effort qui renforce l’apprentissage.

Escape game sur le dialogue social réalisé avec l’INTEFP sur le dialogue social
Espace game sur le dialogue social réalisé avec l’INTEFP

4. La consolidation d’acquis

La consolidation, c’est passer d’un traitement lent, conscient, avec effort, à un fonctionnement rapide, inconscient et automatique. Même lorsqu’une compétence est maîtrisée, notre cerveau continue de la “sur-apprendre”. Il “compile” les opérations que nous réalisons régulièrement, en des routines plus efficaces. Il les transfère dans d’autres régions du cerveau où elles pourront se dérouler inconsciemment, sans perturber les autres opérations.

C’est le pilier que nous avons le plus de mal à intégrer dans un outil de formation, car ce phénomène nécessite du temps et de la répétition. Cependant, l’outil peut fournir des pistes pour poursuivre l’apprentissage : exercices à reproduire, ressources à découvrir post-formation, défis de mise en pratique… L’apprenant doit alors faire le dernier pas pour ancrer ses apprentissages. D’où l’importance de son engagement !

L’outil au service du plaisir

Les collaborateurs expriment aujourd’hui un besoin plus profond : retrouver du plaisir au travail. Et cela vaut pour toutes les étapes de l’expérience collaborateur, y compris lors de formations.

Ça tombe bien : la notion de plaisir est clé dans l’apprentissage. Le plaisir joue un rôle sur les 4 pilliers que nous venons de décrire. Il capte l’attention, il incite à la posture active, il permet de rebondir facilement suite à une erreur, et bien sûr, il incite à s’engager dans une dynamique de consolidation. Il est donc capital de générer du plaisir lors de l’apprentissage.

En effet, apprendre est à la fois stressant et fatiguant : le cerveau apprend par un système de prédiction d’erreur et de correction. Mais quand on commet une erreur, le cerveau reçoit un signal désagréable qui nous incite à ne pas recommencer. Par contre quand on réussit, on apprend et on reçoit un signal agréable et cette sensation de plaisir va nous inciter à aller plus loin.

Le plaisir d’apprendre va venir compenser les moments désagréables, mais pourtant essentiels à l’apprentissage. Et ce n’est pas par hasard si chez toutes les espèces, l’homme y compris, les jeunes apprennent en jouant. Le jeu va stimuler les sens en entraînant un apport important de plaisir qui va faciliter et renforcer l’apprentissage. C’est aussi pour cela qu’on se souvient toute sa vie des expériences qui nous ont apporté un plaisir intense.

Pour activer ce plaisir d’apprendre, nous utilisons des dynamiques ludiques, mais attention, le jeu pour le jeu n’est pas intéressant. C’est même contre-productif. Le jeu doit être au service des objectifs de l’apprenant. Nous accordons aussi beaucoup d’importance à l’aspect visuel et aux finitions de nos outils : ils sont beaux, on a envie de les toucher. Ils sont aussi faciles et agréables à manipuler. Enfin, nous utilisons des techniques narratives et immersives avec des histoires qui entraînent les apprenants dans un univers conçu pour l’expérience d’apprentissage.

Dans l’ère de la compétence, les formations professionnelles doivent s’appuyer sur des pédagogies actives, engageantes qui mobilisent le plaisir d’apprendre. Nos outils ludo-pédagogiques y participent en en capsulant des temps de formation uniques, immersifs et réellement transformatifs.

Mais si les apprenants sont les destinataires finaux de ces outils, il faut aussi compter avec les formateurs, et les commanditaires ou sponsors. Nous préparons une publication plus complète sur les outils ludo-pédagogiques au service de la formation professionnelle. Si vous souhaitez être informé de sa sortie, laissez nous votre adresse e-mail

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