Comment trouver les bons mots pour votre application ?

Ophélie Battaglia
Makestorming
Published in
8 min readNov 2, 2017

Lorsqu’on conçoit une application mobile, on dessine un menu, des zones images, des listes, des boutons… Mais on est d’accord que ce n’est pas suffisant. Un autre élément capital et indispensable fait partie de vos interfaces. Ce sont les mots.

À moins que votre application soit entièrement muette, si tel est son principe, le wording est un travail (très) important dans la conception d’application.

Le wording : qu’est-ce que c’est et à quoi ça sert ?

Encore un nouvel anglicisme dans votre vocabulaire de concepteur d’appli, mais celui-ci est très pratique car il permet de résumer tout un art : l’art d’employer les bons mots, le bon champ lexical avec le bon ton, pour l’ensemble des contenus de votre application.

De la même manière qu’une charte graphique qui vous transporte dans un univers ou une ambiance particulière, le wording est également un élément pour faire vivre une expérience. Les mots, eux aussi, représentent l’identité de votre marque, du service que vous proposez ou de votre entreprise. Il est donc primordial qu’ils soient choisis avec soin, qu’ils soient cohérents entre eux, qu’ils suivent une logique et qu’ils restent en accord avec l’image que vous souhaitez véhiculer.

Choisir les bons mots, c’est éviter de parasiter l’expérience de l’utilisateur. Lorsque vos textes comportent des incohérences, contradictions ou des approximations dans vos interfaces, vous demandez à vos utilisateurs beaucoup plus d’efforts de compréhension ; c’est une charge mentale supplémentaire non négligeable. Tous les mots flous, non-cohérents, vont demander plus de concentration. Ainsi l’utilisateur peut se fatiguer en naviguant dans votre service, il va alors ralentir dans ses choix, faire des hésitations, des erreurs et perdre la motivation d’utiliser votre application.

Les 10 commandements du wording

L’objectif premier du wording est que l’utilisateur comprenne ce que vous lui dites. Ainsi…

▶️ 1er commandement : tu choisiras des termes simples. Votre utilisateur ne va pas passer sa journée sur votre application. Préférez les mots courts, les phrases courtes qui peuvent être lues d’un coup d’oeil.

▶️ 2ème commandement : si néanmoins le mot est trop complexe et ne peut être simplifié, tu ne le laisseras pas vivre seul. Tu l’accompagneras d’un sous-titre ou d’une brève phrase explicative.

▶️ 3ème commandement : tu accompagneras tes images de mots. Les pictogrammes (une représentation graphique schématique, un dessin figuratif stylisé ayant fonction de signe) sont une forme de langage, certes assez universelle mais qui peut amener à plusieurs interprétations. Pour être certain que l’on comprenne tous la même chose derrière une image, il est parfois préférable de la doubler d’un mot ou d’une explication.

▶️ 4ème commandement : si tu emploies un mot, tu ne le changeras pas en cours de route. Si dans ton menu tu cites la page « Profil » ne l’appelle pas ensuite « Mon compte » ou « Espace Perso » à d’autres endroits…

▶️ 5ème commandement : tu resteras cohérent. Si tu choisis de nommer tes boutons d’action à l’aide d’un verbe, garde cette règle jusqu’au bout. Vérifie bien qu’ils soient tous accordés de la même façon (-er, -ez…)

▶️ 6ème commandement : tu seras toujours précis. Lors d’un formulaire d’inscription par exemple, le champ « Saisissez votre nom »… s’agit-il de mon nom ? De mon pseudo ? D’un identifiant ? Ne laissez pas votre utilisateur mener l’enquête, apportez-lui directement les réponses.

▶️ 7ème commandement : tu n’emploieras pas de jargon. Gros gros challenge. Ou plutôt un gros défi ! Peut-être que dans ton équipe il te semble évident d’employer certains mots, mais est-ce qu’ils sont compréhensibles par ton futur utilisateur ? Il va falloir abuser du dictionnaire des synonymes pour trouver le mot le plus parlant.
…Et donc tu ne parleras que la langue de ton utilisateur. En vrai on ne parle pas de wording, mais de formulation 😏 N’employez une autre langue que si celle-ci possède un mot plus précis et plus connu de tous : marketing plutôt que mercatique

▶️ 8ème commandement : tu n’hésiteras pas à répéter. L’apprentissage par la répétition : il faut être redondant, répéter régulièrement certains termes pour que votre vocabulaire s’enracine chez votre utilisateur. Il se familiarisera et adoptera plus facilement et rapidement votre champ lexical.

▶️ 9ème commandement : tu ne parleras pas pour rien dire. Less is more. Plus il y a de texte… plus l’utilisateur doit faire l’effort de lire ! Utilisez des compteurs, comme cet outil pratique pour savoir en combien de temps votre utilisateur va lire votre texte : www.combiendemots.com

▶️ 10ème commandement : tu ne feras aucune faute d’orthographe. Cela veut dire que celui qui compose le texte devra absolument se faire relire par une autre personne et dans l’idéal c’est une troisième personne qui intégrera ou publiera les mots finaux. Au moins, si une faute passe entre les mailles du filet, vous en partagerez la responsabilité ! Sachez qu’une faute d’orthographe, même minime, décrédibilise énormément votre application.

Certes ça peut paraitre évident, le b.a-ba , mais sachez que si vous n’avez pas ces réflexes, les risques peuvent être colossaux : si vous trompez l’utilisateur en lui donnant un terme inexact ou approximatif, tout peut devenir flou pour lui jusqu’à le pousser directement à abandonner votre application… 😱

Les bons mots, mais aussi le bon ton

Dans l’application de messagerie Slack, même les messages de chargement sont plein d’humour.

Lorsqu’on conçoit un écran d’application, on parle d’interface. C’est à dire la couche par laquelle ont lieu les échanges et les interactions entre deux éléments : l’utilisateur et votre service. Ainsi l’écran n’est qu’un interlocuteur, un élément avec qui on converse.

Et on ne converse pas de la même manière avec tout le monde ! On adopte un ton différent selon la personne, on adapte son style à sa cible pour créer une certaine complicité. Pour créer cette complicité, il est important d’humaniser un peu plus vos interfaces. Un bouton Inscription n’aura pas le même impact que s’il est libellé Embarquez dans l’aventure !

▶️ On se vouvoie, se tutoie ? Les deux sont possibles et ont leurs avantages.
- Le tutoiement donne une dimension très intime, mais personnalisée : ce service s’adresse à moi, rien qu’à moi et selon mes besoins.
- Le vouvoiement lui met une distance mais peut donner un aspect à la fois sérieux et efficace. Employer un ton sérieux peut facilement mettre en confiance l’utilisateur : il se sentira rassuré.

▶️ On est bons amis ! En optant pour un ton plus friendly, vous pouvez réussir à embarquer plus facilement vos utilisateurs. Encore une fois, un bouton C’est parti est plus encourageant que Démarrer ou pire Suivant.
Entre bons amis, on utilise l’humour. Avoir un ton décalé permet aussi de faire la différence avec un autre service : l’utilisateur va plus facilement se rappeler de vous car vous l’avez fait sourire à un moment.
Attention, il faut savoir doser : créer une complicité, mais ne pas tomber dans l’excès. Des points d’exclamation de temps en temps mais pas à toutes les phrases. Utiliser des smileys mais ne pas en abuser.

▶️ On s’adresse à moi directement. Dans le but d’humaniser toujours plus votre application, votre écran peut interpeller directement votre utilisateur. Aujourd’hui Facebook par exemple demande Comment s’est passé votre journée ? ou encore À quoi pensez-vous ce matin ? dans le champ qui était anciennement Publier un statut… beaucoup plus chaleureux !

Les mots sont votre interface

Dereck Powazek explique l’importance du wording dans Calling All Designers: Learn to Write! :

“Le texte fait autant partie de l’interface utilisateur que les couleurs, les pixels, éléments qui intéressent habituellement les designers. Peut-être même plus. »

Bon on est d’accord qu’un UX designer (celui qui conçoit les interfaces des applications, celui qui crée des expériences) n’a pas non plus toutes les compétences. Mais il ne doit pas dire « je ne fais pas le texte, ce n’est pas mon job » car oui, le texte fait parti de l’expérience. Ainsi l’UX Designer doit le prendre en compte et se rapprocher d’experts rédacteurs s’il n’a pas cette corde à son arc.

Ainsi lorsque vous vous pencherez sur l’exercice du wording sur votre projet, n’oubliez pas toutes ces zones de textes qui pourraient être omises : barre de navigation, titre de page, menu, consignes, liste déroulante, étiquette (tags), formulaire (libellé des champs à remplir), message d’erreur, message de confirmation, boutons, info bulle, boîtes de dialogue…

Par exemple sur votre menu, pensez à rédiger des onglets intuitifs ! L’utilisateur doit naturellement comprendre l’action derrière chaque clic. Gardez une cohérence dans les intitulés : que des verbes d’action ou que des noms communs, avec la même structure (Mon compte, Mon réseau, Mes actualités)…

En toucher un mot à quelqu’un : faire tester son wording

Vous ne pourrez pas décider seul ou même en équipe, si vous avez trouvé les mots justes sur vos interfaces. Il faut les soumettre à vos utilisateurs, réaliser régulièrement des tests.

Vous avez de la chance, tester le wording c’est beaucoup plus simple et moins fastidieux que de faire tester une charte graphique, des visuels ou autre… il suffit d’un logiciel de traitement de texte et d’un clavier. Lorsque vous concevez une interface, vous pouvez par exemple la décliner en plusieurs tons pour la présenter à vos utilisateurs. Voyez laquelle est la plus compréhensible et la plus attirante.

Il faut écrire, effacer, recommencer, faire tester, à l’infini pour trouver les bons mots. Chez nod-A, lorsque que l’on maquette des applications mobiles avec nos clients, on utilise l’AppMaker. Ce kit est notamment composé de tablettes-ardoises magnétiques sur lesquelles on peut rapidement dessiner et positionner des magnets boutons, menus… Cela nous permet de tester facilement le wording : on écrit, on tend la tablette à un testeur (qui est ainsi en situation, avec l’objet qui simule l’application entre ses mains), on efface et on recommence jusqu’à ce que l’on pointe les mots justes, sans avoir à coder ou sans se contraindre techniquement.

Les ardoises-tablettes du kit AppMaker pour prototyper vos écrans d’application

Le fin mot de l’histoire ?

Soyez créatifs, innovants avec les mots, mais rendez les clairs, cohérents et intuitifs. Gardez cet équilibre entre la création d’émotion et la compréhension.

On espère que ce nouvel article vous a plu ! N’hésitez pas à nous venir prendre un café (à Lyon, Paris ou Montréal) ou à partager votre propre expérience ❤

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Ophélie Battaglia
Makestorming

french interactive & graphic designer. ux, ui, paper, wood, scroll, map, game, illustration, wordplay, experimentation...