Agnes Alazard
Maria Schools
Published in
9 min readJan 21, 2020

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J’aimerais vous parler de Maria.

Maria c’est le prénom de Maria Montessori. Maria c’est aussi le nom du campus d’écoles innovantes que nous créons avec Annabelle Bignon. Des écoles qui forment aux métiers transformés par la révolution numérique. Des écoles qui donnent à chacun les moyens de la réinvention perpétuelle. Car ce que mon histoire d’ Aufeminin m’a appris c’est qu’il n’y a pas de futur possible sans apprentissage permanent.

COMMENT TOUT A COMMENCÉ

Passer une décennie dans la même entreprise, a fortiori dans le digital, aujourd’hui ça semble une folie. Pourtant chez Aufeminin j’ai eu l’impression que tout changeait tous les 6 mois.

Après un démarrage dans les grands médias traditionnels, 30 ans et 2 enfants, je décide — il était temps — de faire le fameux virage digital. C’est ainsi qu’en 2007, j’arrive chez Aufeminin pour accélérer la croissance internationale.
Je rejoins une équipe de 50 personnes qui a une unique obsession : conquérir l’attention des femmes sur toutes les plateformes. Première semaine, premier apprentissage : l’entreprise toute entière est tournée vers ce seul objectif commun. Il est compris et partagé, c’est possible !

Pendant 10 ans, tout a changé, tout le temps.

En 2007, Aufeminin est déjà le premier média communautaire féminin sur le web (autres temps, autres termes !) et réalise 13M€ de chiffre d’affaires pour un résultat de 6M€.

10 ans plus tard, l’entreprise est devenue un groupe d’entreprises, présentes dans plus d’une quinzaine de pays (Europe, Japon, US et Latam), toutes largement profitables, compte près de 500 collaborateurs à travers le monde, affiche 113M€ de revenus et un EBITDA de 21,3M€.

Pourquoi ?

Nous avons choisi de mener une stratégie offensive de croissance dans une industrie des médias pourtant bouleversée par l’arrivée des GAFA qui capturent les audiences et les revenus publicitaires. Oui, passer à l’offensive face à ces géants, c’est osé. C’est aussi la seule façon de rester libre et de croître.

Ce qui est fascinant dans le monde des médias, c’est qu’il vit, sûrement un peu avant les autres, tous les bouleversements de notre nouvelle ère numérique.

Ce qui marchait hier ne marche plus et ce qui marchera demain personne ne peut le prédire ! Tout le monde parle d’innovation, de transformation, de révolution, il faut réapprendre, acquérir de nouveaux savoir-faire, trouver d’autres business models, travailler autrement, d’accord, mais comment ?

Comment ?

Des formations, du coaching ? Ce serait bien mais je n’ai jamais — ou très rarement (Tribute à Petit Web, Thibault Vignes, Annabelle Roberts) — trouvé des formations vraiment « utiles ». Je les trouve trop théoriques, trop standard, trop loin du monde de l’entreprise, du nôtre en tout cas. Parfois intéressantes quand le formateur est un passionné-passionnant, mais il/elle a souvent décroché du monde de l’entreprise depuis longtemps (s’il/elle y a jamais mis les pieds). Une fois la journée passée, l’effet s’évapore, je reprends mes habitudes, rien ne change.

En fait, à bien y réfléchir, on part en formation comme en “journée off”, assez docile ou plutôt rétif, prêt à recevoir mais pas vraiment prêt à acquérir. Or apprendre c’est douloureux, ça ne se fait pas en regardant passivement des Ted Talks le soir dans son canapé. Il faut s’entraîner, s’exercer, échouer, recommencer ; il faut accepter avec humilité que l’on ne sait pas, accepter sa propre vulnérabilité, et celle des autres aussi.

Alors sans formation, on a fait comment ?

« Désapprendre ce que l’on a appris » -Yoda avait déjà tout compris -changer de posture, de sachant devenir apprenant.

En fait on s’est formé tout le temps. A notre manière, en inventant nos propres méthodes. Se former en désapprenant ? C’était au quotidien le mot d’ordre chez Aufeminin. Pourquoi ? Parce qu’on avait tout simplement pas le choix ! C’est vrai, réapprendre son métier quand on est déjà expérimenté, passer de rédacteur SEO à producteur de contenus pour Snapchat ou TikTok, de la vente d’espace publicitaire au social e-commerce, ce n’est pas facile. L’équipe qui a lancé Beautiful Box by Aufeminin fin 2015 ne connaissait rien à l’e-commerce. L’activité est profitable dès la première année et 3 ans plus tard, plus de 47 000 abonnées reçoivent la box tous les mois.

Avoir des spotteurs aux 4 coins du monde, échanger avec Ben Lerer sur le Digital Cronut à South by Southwest ou s’inspirer au STHLM Tech Festival, ça bouscule, ça donne des idées, ça aide à changer.

Cette réinvention permanente nous a bien réussi. C’était un état d’esprit, une culture, des rituels, une discipline et surtout, beaucoup de travail.

Ce que j’ai traversé pendant ces 10 années, c’est l’urgence de la transformation.

La transformation digitale d’un acteur du digital ? Oui, ou plutôt la métamorphose de l’humain. J’ai appris que la réussite dépend surtout du courage d’équipes prêtes à réinventer constamment leurs métiers, à repenser leurs méthodes, à changer leurs habitudes et à recommencer de zéro, tous les 6 mois.

Alors quand je vois que les enjeux de la révolution technologique animent tous les conseils d’administration, mais que les programmes d’ «upskilling» des collaborateurs sont loin d’être la priorité n°1 de CEO pourtant prêts à investir des millions dans une nouvelle DSI ou un nouvel outil, ça me stupéfie.

Et puis ça m’obsède, et puis ça me donne envie : l’envie de m’attaquer au problème.

RENOUVELER LA FORMATION, C’EST POSSIBLE !

Évidemment l’offre pléthorique de formations qui existe aujourd’hui ne fait pas rêver les dirigeants, et moi non plus d’ailleurs ;-)
Ce que je trouve dommage en revanche c’est que peu ont compris que la formation est pourtant le meilleur levier pour casser le premier frein à la réussite de leur programme de transformation : le manque d’engagement et de mobilisation de collaborateurs qui se sentent à l’extérieur, pas concernés, pas armés pour y faire face. Alors, par peur, ils se cachent. S’attaquer à la peur, donner confiance et faire sienne la culture du changement, voilà la clé.

Facile à dire c’est vrai… car une bonne formation c’est quoi ?

C’est une formation qui arme pour réinventer un processus de création de valeur, un savoir-faire, des compétences ; celle qui permet de trouver ailleurs des idées, des expériences, des méthodes, des outils ; celle qui autorise à penser autrement, à s’inspirer de ceux qui innovent, qui testent, qui réussissent et qui échouent, ceux qui ont des approches différentes. Puis une fois la formation terminée, rentrer, partager, trier. Et essayer, tester, mesurer, renoncer ou accélérer. Et réaliser qu’il est nécessaire d’apprendre autre chose.

En 2020 on sait que la vie professionnelle ce ne sera plus avoir une mais des carrières ; on sait que l’automatisation de certaines tâches va supprimer des métiers et en créer d’autres, on sait que la révolution écologique est lancée, et que les évolutions technologiques imposent des changements profonds aux organisations, aux collaborateurs. On sait que tout va vite, qu’il faut s’adapter, choisir le regard que l’on décide de porter et le rôle que l’on veut jouer dans ce monde qui s’accélère.

En 2020, on sait aussi qu’avec la réforme de la formation professionnelle et la création du compte personnel de formation, chacun sera libre de choisir et d’agir pour sa propre transformation. Les ressources de chacun sont infinies, la clé est de pouvoir accéder à une nouvelle forme d’apprentissage : celui qui rend capable, qui donne les moyens, la bonne pratique, l’audace et la confiance pour oser changer.

2019, LE DECLIC

Les amitiés nées à l’école ont quelque chose d’unique. On partage une année, on s’aime pour toute la vie. J’ai rencontré Nicolas de Mascarel à LSE, il est parti à Hong-Kong, je suis restée à Paris, on s’est vu 3 fois en 20 ans, et un jour, il m’a présenté Oussama Ammar.

Après avoir quitté Aufeminin à la suite du rachat par le Groupe TF1, j’explore, je fais un passage éclair dans une startup de la retail tech, puis j’ai envie de prendre le temps. Et je prends un café avec Oussama. Je suis venue pour lui partager mes réflexions sur le monde des médias, les mutations de l’Adtech, la métamorphose d’Aufeminin, la révolution numérique qui bouleverse tout. Lui me parle d’éducation, de l’impérieuse nécessité de réussir le pari de transformer chacun en apprenant … pour toute la vie, de toutes les initiatives et aussi de tous les freins qui bloquent l’innovation dans le monde de la formation.

Et l’envie de faire le grand saut ne me quittera plus. Oussama me présente Annabelle Bignon qui a co-fondé Lion, l’école qui forme l’avant-garde des collaborateurs à l’entrepreneuriat. Lion a réussi en 3 ans à proposer une autre expérience de la formation continue. Aujourd’hui c’est plus de 40 clients corporate et une communauté de 2500 alumni qui ont compris que ne jamais s’arrêter d’apprendre était la clé pour maîtriser son avenir professionnel. C’est exceptionnel.

Avec Annabelle, nous imaginons comment donner plus d’ampleur à cette mission qui nous anime : bâtir une communauté de life-long learners et aider les entreprises à réussir leur transformation en misant sur leur capital le plus précieux, leurs collaborateurs.

MARIA IS BORN

Maria c’est l’histoire d’une maison. Une maison qui accueille des étudiants et des professionnels de tous les âges, de tous les horizons, certains viennent pour 3 jours, d’autres viennent pour 3 semaines, certains pour 3 mois.

On ne les loge pas mais on les nourrit. Surtout leur esprit mais leur coeur aussi.

C’est une maison dans laquelle chaque école a sa pièce, dans l’une on apprend à coder, dans une autre on apprend à designer, on apprend à vendre et ainsi de suite. A tous les étages on apprend un métier, un savoir-faire, un savoir-être, les compétences dont l’entreprise d’aujourd’hui a besoin.

Cette maison on y revient, on y revient 2 ans, même 10 ans plus tard ; parce qu’après avoir appris le “product management”, on veut apprendre le “growth hacking” ; après avoir appris l’UX, on veut apprendre le storytelling ; après avoir appris le design, on veut apprendre le management, ou l’entrepreneuriat.

Et puis on y revient encore et encore. Pour apprendre ce dont on a besoin à ce moment-là. Ce qu’il est impossible de prédire aujourd’hui.

Dans cette maison on apprend que plus on en sait, moins on en sait. On apprend que se former sans jamais s’arrêter d’apprendre est la seule façon de se réinventer. Or savoir se réinventer et maîtriser l’inconfort d’un univers professionnel qui va très vite c’est la meilleure façon de rester toujours libre de choisir.

Dans cette maison on se sent bien, on se fait des amis, on cultive le meilleur de soi, on apprend aussi les uns des autres, on a moins peur de l’inconnu. On choisit son avenir. On devient plus libre.

Les écoles qui habitent cette maison sont également libres de leur destin. Elles ne sont pas sous perfusion de financements publics, elles sont profitables, elles ont inventé un nouveau modèle économique. Leur ambition est de grandir, de se développer à l’international, mais aussi de se challenger auprès des entreprises, startups comme grands groupes, pour assurer des programmes pédagogiques d’avant-garde.

Voilà, Maria c’est tout ça :

  • une volonté de fer d’incarner et de proposer un nouveau modèle d’éducation, qui ne s’arrête jamais, directement connectée aux besoins de l’entreprise transformée : une éducation qui rend libre ;
  • des écoles variées qui se complètent dans les compétences enseignées et pratiquées, les formats (présentiels, audio, en ligne) ;
  • des pédagogies qui prônent l’apprentissage par le faire, qui innovent et se renouvellent, pas de théories éloignées du terrain ;
  • les professeurs sont des experts, ils travaillent et expérimentent constamment pour eux-mêmes les solutions qu’ils partagent ;
  • un lieu qui incarne et anime des communautés de gens qui veulent apprendre.

Maria, c’est l’histoire que nous voulons écrire ensemble avec Annabelle et The Family.

Et avec vous ?

Ping me : agnes@mariaschools.com

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