La réussite de Jacquemus

C'est en pleine Fashion Week parisienne que le créateur Simon Porte Jacquemus inaugure son deuxième restaurant aux Galeries Lafayette des Champs Elysées. Après café « Citron », on peut maintenant y retrouver « L'Oursin ». Jacquemus est un créateur envié de tous, Christian Lacroix, Ines de La Fressange ou encore Pierre Cardin le voient comme « Un Génie, un futur grand ! »

Tout d’abord, voici le portrait de ce « prodige de la mode »

Simon Porte, originaire de Salon de Provence, a passé toute son enfance dans le sud de la France. A l’âge de ses 18 ans, il est confronté à un événement tragique : il perd sa mère, son pilier, sa force, son tout. Il décide alors de vivre de son rêve, il crée sa marque Jacquemus, du nom de naissance de sa mère. C’est loin du soleil de Marseille et des champs de lavande qu’il commence cette aventure. Et, c’est à Paris que tout commence. Même s’il vient d’une famille modeste, Simon met toutes les chances de son côté, il travaille en tant que vendeur la journée et, le soir il confectionne ses collections dans une cave.

Même si Simon n’a pas les moyens de produire d’énormes collections, ni d’organiser de défilé, il va tout de même réussir à faire connaître sa marque par ses propres moyens.

Simon n’a pas assez de budget pour faire appel à des mannequins professionnels et encore moins pour organiser des défilés. Ses premières collections sont portées par ses amies.

En 2011, lors de la Vogue Fashion Night, il accapare l’événement et attire le regard des médias. Il se fait remarquer en organisant une manifestation. Ses mannequins portent une banderole « Jacquemus en grève », elles distribuent des tracts et scandent « La mode, la mode, la mode ! » ou encore « Ouvrières en couleur ! ». Ça marche, il se fait repérer par la rédactrice en chef de Vogue France, qui lui répond « Mais on ne va pas vous oublier », une poignée de main suit cette parole, tout ça enregistré par une caméra. Un sacré coup de buzz pour Jacquemus. Lors de ses débuts, il va beaucoup se servir du street marketing pour faire parler de lui.

Le street marketing c’est bien mais ce n’est pas suffisant, il décide alors d’utiliser les réseaux sociaux qui ont d’ailleurs été très déterminants dans son ascension. Il publie ses premières collections sur Tumblr, ce qui lui permet d’atteindre une certaine visibilité puisque certains de ses clichés ont été partagés des centaines de milliers de fois.

Jacquemus est sans filtre, il n’a ni de Community manager, ni de service marketing, Simon est multi-tâches, en s’appuyant sur sa bande d’amis, il a inventé sa manière de communiquer. Suivi par plus de 1,5 million de personnes, il a bien compris l’importance des réseaux sociaux dans sa communication. Jacquemus utilise en grande partie Instagram comme réseau social. Il le voit comme son journal intime, où il est libre de déverser sa créativité, et c’est ce qui plait à ses followers. Le fait de développer son compte Instagram à la manière d’un journal intime nous donne une impression de proximité. La distance entre le luxe et le consommateur s’efface.

Son compte Instagram est donc un véritable enjeu de stratégie digital, où une grande partie de sa communication est effectuée.

Jacquemus mise sur l’originalité de ses défilés pour attirer l’attention des médias.

En juin 2018, Simon lance sa première collection Hommes, son défilé « Le Gadjo », se déroule à Marseille sur une crique où les invités sont assis sur des serviettes de bain, posées sur le sable.

Lors de son défilé en février dernier, « La Collectionneuse » il joue la carte de l’originalité en recréant un village du sud, aux murs colorés et aux vitrines de boulanger, de primeur ou de fleuriste, le tout sur de la musique urbaine : Le monde ou rien du groupe PNL ; La puissance de MHD.

Et pour les 10 ans de la marque, Jacquemus organise un grand défilé « Coup de Soleil », qui se déroule dans un champ de lavande, où les mannequins défilent sur un interminable tapis rose. La toile ne reste pas indifférente à ce défilé, c’est un énorme coup de buzz pour Jacquemus.

Jacquemus est une réussite. Lancée il y a maintenant 10 ans et sans investisseur, la marque connaît une croissance exponentielle. Son chiffre d’affaires a doublé en 1 an, pour l’année 2019, il est estimé entre 23 et 25 millions d’euros, alors que l’an passé il était de 11,5 millions d’euros. On peut alors dire que sa stratégie de personal branding (marketing par soi-même) est un franc succès.

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Laurine Faity
Marketing, Marques & Innovation — Bordeaux

Etudiante en troisième année de communication, marketing et digital à l'ISEG. Mon Portfolio : https://laurine-faity.myportfolio.com/