Comment un château avec une agriculture conventionnelle peut-il se lancer rapidement dans la commercialisation de vins biologiques ?
Nous allons voir si un partenariat peut être un moyen pertinent afin de commercialiser du vin biologique. Afin d’y répondre, dans un premier temps, nous verrons en quoi la réalisation d’un contrat de sous-traitance entre un château traditionnel et un partenaire (qui lui réalise déjà du vin biologique) serait un choix pertinent. Puis dans un second temps, nous allons voir que sous-traiter sa production comporte aussi des inconvénients.
Tout d’abord, la sous-traitance est un contrat par lequel une entreprise demande à une autre entreprise de réaliser ce qu’elle devait elle-même produire et fournir à sa propre clientèle.
Un château peut faire sous-traiter le début de sa production de vins biologiques dans un autre château qui lui réalise du vin avec du raisin biologique. En effet, il peut choisir de ne pas vouloir s’occuper d’une partie ou de la totalité de sa production pour diverses raisons. Sous-traiter permet une meilleure spécialisation car le maitre d’œuvre se concentre uniquement sur une activité. Le château se concentrera toujours sur son activité de viticulture conventionnelle, il va donc conserver sa force principale : son savoir- faire. De plus, il va avoir une meilleure maîtrise de ses coûts, il n’aura pas besoin d’investir dans du nouveau matériel ou dans une masse salariale supplémentaire, si son partenaire le possède. Réaliser un contrat de sous-traitance permet également au maitre d’œuvre d’augmenter son volume de vente car en plus de sa production habituelle, il va y avoir la production de son partenaire. La sous-traitance va réduire les risques de perte de sa production de raisin si le climat n’est pas favorable par exemple car c’est le sous-traitant qui devra assumer ses contraintes. Pour finir, il n’y a aucune réduction de parcelles s’il sous-traite donc celui-ci verra une hausse de sa réactivité si son vin bio n’est pas apprécié (en effet, le contrat pourra ne pas être renouvelé).
Cependant, la sous-traitance possède aussi des inconvénients. En effet, le maitre d’œuvre sera dépendant du sous-traitant car sans sa production il ne pourra pas commercialiser la totalité ou une partie de ses produits. En faisant un contrat de sous-traitance, le château prend le risque qu’il y ait inexécution du contrat de sous-traitance. En effet, le sous-traitant peut perdre sa production de raisin si les conditions météorologiques ne sont pas bonnes. Le château sera alors responsable de l’inexécution du contrat. Il faut donc prévoir ces situations avec des clauses spécifiques. Il y a aussi un risque d’une absence de partage des savoir-faire et des valeurs entre les deux partenaires. De plus, la sous-traitance est un risque pour l’image de l’entreprise. En effet, l’identité du partenaire peut ne pas correspondre à celle du château souhaitant produire du vin biologique. Il faut donc faire attention à ne pas créer une confusion dans l’esprit des consommateurs afin de garder son histoire. L’identité du château doit évoluer, cependant, il doit conserver ses clients actuels tout en séduisant les amateurs de vins bio.
En conclusion, nous avons vu que la réalisation d’un contrat de sous-traitance entre un château traditionnel et un partenaire serait un choix pertinent afin de proposer du vin biologique. En effet, la sous-traitance permet une réduction des coûts, une meilleure flexibilité mais aussi une réduction des risques. Cependant, sous-traiter sa production comporte aussi des inconvénients tels que le risque de perdre l’identité du maitre d’œuvre et ainsi créer une confusion dans l’esprit des consommateurs. Le positionnement du château va alors potentiellement changer ce qui représente une menace pour celui-ci.
Thomas Romanin — ISEG
