Les médias au service de la communication politique ?

La communication politique s’exprime sur différents supports : affiches, tracts, débats, télévision, radio, presse, web…

La télévision est l’un des plus importants supports sur lequel la communication politique se fait. L’autonomisation de la télévision vis-à-vis de la politique s’est fait progressivement. En effet, sous le pouvoir du Général de Gaulle, la télévision n’était pas libre d’être objective. C’est en mai 68 que les journalistes ont commencé à revendiquer l’objectivité des médias, l’équilibre de l’information ainsi que la pluralité de la parole politique. Aujourd’hui la télévision propose des débats télévisés, des talk-shows comme Quotidien ou On n’est pas couché, c’est ce qu’on appelle l’ « infotainement » (un mélange d’informations et de divertissement). D’autres émissions, plus spécifiques, existent également comme « L’émission politique », qui, au moment des élections présidentielles, accueillait chaque candidat et leur accordait leur temps de parole.

On nous laisse penser que c’est la fin de la télévision, or, elle a contribué plus que jamais à l’événement de l’année 2017 : l’élection présidentielle. En effet, 22 millions de personnes ont assisté à l’annonce des résultats du premier tour face à leur poste de télévision, et 16.4 millions ont regardé le débat d’entre-deux tours entre Marine Lepen et Emmanuel Macron.

A la télévision sont notamment diffusés les meetings : à l’instar d’un chanteur en concert adulé par ses fans, ces évènements politiques provoquent un engouement, une sorte d’excitation autour de ce phénomène qui habituellement n’intéresse que peu de monde, la politique. On peut constater que les politiques qui nous entourent tentent, par tous les moyens, de dynamiser et de rendre plus spectaculaire que jamais lors de leurs meetings. Ceux d’Emmanuel Macron sont de bons exemples. Entrée sur une musique électro, drapeaux tricolores brandis dans tous les sens, t-shirts colorés à l’effigie du parti politique (En Marche!) et, surtout, des cadrages parfaits sur le public, évidemment enthousiaste.

La communication politique digitale expérimentée en 2012 s’est, en 2017, institutionnalisée. En effet, chaque personne politique est entourée d’une équipe bien formée aux réseaux sociaux, notamment Twitter, afin de créer et de partager en masse du contenu politique.
Les acteurs politiques intègrent aussi des blogueurs dans leur stratégie. Dans une grande salle, bon nombre d’influenceurs et de « twittos » sont invités à commenter et partager les informations, notamment lors des moments forts de la campagne comme les débats. Ces évènements sont appelés « Riposte Party ». Le web est aujourd’hui une plateforme plus qu’indispensable pour les politiques qui usent de « nos » codes comme les hashtags, les re-posts. Finalement, ce sont toutes ces pratiques communes voire quotidiennes pour la génération Y qui deviennent normalisées dans le monde très formel de la politique. On peut y voir une volonté d’accroître l’intéressement de la population pour la politique, et plus particulièrement, l’implication des nouvelles générations, en venant s’implanter dans leur environnement, leur plate-bande.

Pour illustrer cette thématique, il n’y a qu’à penser à Jean-Luc Mélenchon qui a ouvert sa propre chaîne YouTube. Ce réseau social est un des plus grands concurrents de la télévision, notamment chez les jeunes. Pour toucher ces nouveaux potentiels votants, il faut s’adresser à eux avec un modèle qui leur est naturel et interactif. De plus, ça lui a alors permis de s’exprimer plus librement qu’à la télévision : une stratégie plus que bénéfique pour le candidat.
Snapchat a aussi participé à cette élection en diffusant des stories de chaque candidat dans une ambiance beaucoup plus décontractée et bon enfant : un moyen de se rapprocher de manière affective des candidats, de les désacraliser.

Aujourd’hui, la politique se voit de plus en plus professionnalisée par des services marketing et communication que nous venons d’évoquer. Cette communication politique de masse pointait déjà en 2012 et s’est confirmée en 2017. Toutes les équipes de communication des candidats jouent un rôle primordial pour transformer chaque événement politique composant les élections en véritable spectacle.