Ligue Anti-Retraite

Examinons une tendance mondiale où la survie des dirigeants autocratiques prend le pas sur l’alignement idéologique.

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En juin 2024, le président russe Vladimir Poutine a effectué une visite notable en Corée du Nord, marquant son premier voyage dans ce pays depuis 24 ans. Cette visite souligne les liens croissants entre les deux “nations”, motivés par des intérêts stratégiques mutuels et une idée partagée d’“opposition à la domination occidentale”.

La visite de Poutine en Corée du Nord peut être significative pour plusieurs raisons. Principalement, c’est une démarche pour renforcer la position géopolitique de la Russie face à l’isolement international croissant dû à son conflit en cours en Ukraine. La visite souligne une relation réciproque : la Corée du Nord fournit un soutien militaire à la Russie, tandis que la Russie offre une assistance technologique et économique à la Corée du Nord.

La Corée du Nord a été accusée de fournir à la Russie des obus d’artillerie et des missiles, cruciaux pour les efforts militaires de la Russie en Ukraine. En retour, la Russie devrait améliorer les programmes de missiles et de satellites de la Corée du Nord, vitaux pour les ambitions militaires de Pyongyang. Cette coopération ne concerne pas seulement le matériel militaire mais s’étend aux domaines économiques et technologiques, les deux nations cherchant à contourner les effets dévastateurs des sanctions internationales.

Les Alliances Autoritaires

La coopération croissante entre la Russie et la Corée du Nord reflète un schéma plus large parmi les régimes autoritaires. Des pays comme la Russie, l’Iran, la Chine, le Venezuela et la Biélorussie, malgré leurs différences culturelles et idéologiques, partagent un objectif commun : la préservation de leurs régimes et la consolidation du pouvoir par leurs dirigeants.

Cette “Ligue Anti-Retraite” est liée non par des valeurs ou des idéologies communes, mais par la nécessité pratique de soutenir les régimes de chacun face à la pression du monde civilisé.

Des dirigeants comme Poutine, Kim Jong Un, Xi Jinping et Ali Khamenei sont déterminés à maintenir leur règne indéfiniment. Cette quête de pouvoir à vie favorise des alliances solides entre ces régimes. Les pays mentionnés sont unis dans leur opposition proclamée à ce qu’ils perçoivent comme des “tentatives occidentales d’imposer un ordre mondial” menaçant leur souveraineté et leurs systèmes politiques. Les alliances offrent des avantages pratiques, tels que l’aide militaire, les partenariats économiques et les échanges technologiques, qui aident ces régimes à résister aux pressions externes et à maintenir la stabilité interne.

Les Implications

Les implications de ces alliances sont considérables. Elles présentent un défi majeur aux efforts internationaux visant à freiner la prolifération des armes et à appliquer les sanctions mondiales. La coopération entre la Russie et la Corée du Nord, par exemple, sape directement les sanctions des Nations Unies conçues pour limiter les capacités nucléaires et de missiles de la Corée du Nord. L’alliance de la Russie avec l’Iran est un autre pilier de cette coalition. Les deux pays soutiennent le régime d’Assad en Syrie et s’engagent dans une coopération militaire et économique pour contourner les sanctions occidentales. Ce partenariat s’est renforcé ces dernières années, avec la Russie fournissant une technologie militaire et l’Iran fournissant des drones et d’autres équipements militaires. La relation sino-russe est peut-être la plus significative au sein de la Ligue Anti-Retraite. Les deux pays s’opposent, dans une certaine mesure, à l’ordre international et collaborent intensivement sur les plans militaire et économique. Ce partenariat est vital pour la Russie, confrontée à un isolement croissant. Les petits États comme la Biélorussie et le Venezuela jouent également des rôles cruciaux dans ce réseau. La Biélorussie, sous Alexandre Loukachenko, a soutenu la guerre de la Russie en Ukraine, tandis que le Venezuela offre un point d’ancrage stratégique en Amérique latine. Les deux nations reçoivent un soutien économique et militaire significatif de la part de la Russie, ce qui aide à maintenir leurs régimes.

L’UE doit tenir compte de ces Ligues Anti-Retraite dans ses politiques de défense. La coopération entre la Russie et la Corée du Nord, par exemple, inclut un soutien militaire qui pourrait aggraver les conflits impliquant les alliés de l’OTAN. La collaboration militaire accrue entre les États autoritaires peut conduire à l’utilisation d’armes plus sophistiquées et dangereuses dans des zones de guerre comme l’Ukraine.

Les conflits engendrés par ces alliances entraînent souvent des crises humanitaires, provoquant des vagues de réfugiés cherchant asile en Europe. L’UE a besoin de politiques d’immigration robustes pour gérer ces afflux de manière humaine et efficace tout en abordant les causes profondes de la migration en promouvant la stabilité et les droits humains dans les régions en conflit.

La Ligue Anti-Retraite constitue une menace directe pour la démocratie et les droits humains dans le monde. Ces régimes se soutiennent mutuellement dans la répression de la dissidence, le contrôle des médias et la violation des droits humains. L’UE, en tant que défenseur des valeurs démocratiques, doit renforcer ses efforts pour soutenir la société civile et les mouvements démocratiques dans ces pays. De plus, elle doit utiliser des outils diplomatiques et économiques pour tenir ces régimes responsables des abus de droits humains.

En outre, ces alliances signifient un passage vers un ordre mondial plus multipolaire, où les régimes autoritaires sont de plus en plus assertifs dans la défiance des normes et institutions internationales. Ce réalignement a le potentiel de déstabiliser les régions, comme on le voit avec les tensions accrues sur la péninsule coréenne et la guerre prolongée en Ukraine.

Conclusion

La Ligue Anti-Retraite représente un défi majeur pour l’ordre démocratique mondial. En se soutenant mutuellement, ces régimes peuvent maintenir le pouvoir malgré les pressions internes et externes. Ce réseau leur permet de résister aux réformes démocratiques et de réprimer l’opposition, ce qui sape les efforts mondiaux pour promouvoir la démocratie et les droits humains. L’UE et ses alliés doivent rester vigilants et proactifs pour contrer ces influences par des politiques internationales coordonnées et un soutien aux institutions démocratiques dans le monde entier.

La visite de Poutine en Corée du Nord est une manœuvre stratégique soulignant le renforcement des liens entre deux régimes autoritaires motivés par des intérêts mutuels de préservation de leur pouvoir et de résistance à l’influence occidentale. Cette visite s’inscrit dans un schéma plus large de coopération entre des régimes similaires, soulignant une tendance mondiale où la survie du leadership autocratique prime sur l’alignement idéologique. Comprendre ces dynamiques est crucial pour développer des stratégies efficaces pour relever les défis posés par cette “ligue anti-retraite” des dirigeants à vie.

#TeamMarta

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Marta Barandiy 🇧🇪 🇺🇦 🇪🇺
Marta FOR Europe

Ph.D. LL.M. European Law Expert & Activist. Championing Human Rights & Freedom, European Values, Security & Defense.