MM RADIO : LECTURE AVEC FRANCOIS-MARIE PONS — “L’IVOIRIENNE”
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“Les secrets, c’est probablement ce qui est le plus nuisible à l’humanité, d’une façon générale et aux familles, d’une façon plus particulière.”
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LECTURE, l’émission dédiée aux auteurs et au monde de l’édition sur MM RADIO, débute sa Saison 6 avec un style littéraire plus léger, toutefois aux divers sujets qui toucheront tout un chacun.
Avec Angela Peauty — pour poursuivre la rentrée de la Saison 9 du bouquet d’émissions info-divertissement — François-Marie Pons, ancien journaliste/reporter, conférencier et auteur de “L’Ivoirienne” (éditions L’Harmattan), pour discuter de son dernier roman qui en dit bien plus que son titre. “Il a une raison de s’appeler “L’Ivoirienne” parce que la famille et j’allais dire le maître de maison — ce sont un peu des termes anciens ; bon, alors, comme c’est un vieux château, on peut dire ça — est un aventurier. C’est quelqu’un qui est passionné par l’Afrique et notamment, de lui-même, fait son propre zoo autour et il a une passion pour les éléphants. Dans le château, il a d’ailleurs mis la cheminée en forme de trompes d’éléphant, il y a des défenses d’éléphant au-dessus des portes, même des balustrades. Au-dessus des balustres, il y a des portraits d’éléphants, si j’ose dire. Donc tout est autour un peu de l’éléphant, d’où “L’Ivoirienne” qui est ce titre et qui fait que c’est L’Ivoirienne qui a fasciné l’enfant Rémi. Tout le roman consiste, pour lui, à se sortir de l’emprise de L’Ivoirienne.”
“Les personnages vous racontent des choses dont on n’est pas forcément, nous-mêmes, complètement maîtres.”
Comblé d’histoires de relations entremêlées et de secrets de famille dommageables, le roman “L’Ivoirienne” — tout comme le lieu — se révèle être, finalement, un ouvrage qui traite des non-dits. Et c’est ce que l’auteur souhaitait particulièrement mettre en avant. “C’est toute cette partie des non-dits qui fait qu’un enfant, quand il naît, évidemment, progressivement et assez rapidement, reçoit des messages des adultes, de ses parents d’abord et puis, des autres adultes. Et progressivement, ce sont souvent des messages qui sont des formes d’injonction mais qui sont déjà des messages de personnes qui, elles, disent des choses et n’en disent pas d’autres. Et dès sa naissance, l’enfant est entre la partie des choses qu’on lui dit et des choses qu’on ne lui dit pas. Et tout ce qu’on ne lui dit pas, forcément, développe chez lui, à la fois des interrogations, à la fois des imaginaires, mais surtout une méfiance, finalement. Et donc, le thème du secret, c’est vraiment un thème qui me paraît très important d’une façon générale. D’où, d’ailleurs, la petite phrase qui introduit le roman d’Éric Berne — qui est un psychiatre canadien, qui est né en 1910, qui a dû mourir en 70, dans cette période-là — qui dit “Nous sommes tous des princes, la vie nous a transformé en grenouille”. C’est cette idée que toute sa vie, on a besoin de se retrouver prince, d’une certaine façon et c’est ce que va tenter de faire Rémi à travers ce livre, grâce notamment à la rencontre avec Iris qui va lui redonner ce goût, à la fois de vivre et ce goût de devenir lui-même.”
Et lorsque l’on parle des secrets, en découlent souvent des blessures, de toutes formes, que transportent les êtres humains, pour la plupart, tout au long de leur vie — illustrées dans la vie des personnages de “L’Ivoirienne”. “Ce sont des blessures et puis, ce sont aussi des autodéfenses. C’est-à-dire que l’on se fait des carapaces. La plupart du temps, cette carapace est faite parce qu’il y a de la défiance et la défense fait que, soi-même, on devient aussi producteur de secrets et producteur de défiances. Donc, c’est une espèce de cercle un peu vicieux.”
“Une relation, même si elle produit des choses qui sont “néfastes”, produisent, quand même, quelque chose.”
A travers cette nouvelle écriture, l’ancien directeur d’Alliance Française en Colombie sème ici et là quelques éléments de sa vie personnelle. “D’abord, j’avais envie de raconter la Colombie parce que j’adore ce pays. Qu’Iris soit née là-bas, c’est quelque chose qui me plaisait beaucoup, que l’héroïne puisse parler de son enfance dans ce pays parce que je n’y ai pas vécu d’enfance mais je pourrais presque dire que j’y ai redécouvert mon enfance, parce que c’est un pays qui est très nature, très spontané, très direct” ; la guerre — “Je suis extrêmement marqué par la guerre, de toute façon. Je suis même né quelques années après la deuxième guerre mondiale. Donc, toute mon enfance, on a parlé énormément de la guerre par rapport à la guerre d’Espagne…” ; L’Ivoirienne — “C’est une des rares choses qui a existé non pas telle que ça. Il n’y a pas du tout cette famille-là, etc. mais il y avait effectivement un château où les propriétaires du château étaient des amis de mes parents et il y avait effectivement, dans ce château, non pas le mari, l’homme de la maison mais son frère qui était passionné par les animaux. Ça, c’est un univers qui m’avait totalement fasciné. Le château en question ne s’appelle pas du tout L’Ivoirienne, il n’y a pas du tout de trompes d’éléphants partout — donc ça c’était totalement inventé — mais la fascination d’enfant par rapport et à ce château et par rapport à la vie de personnes qui était totalement en dehors de celle que j’avais l’habitude de voir a été le cadre de début.”
“Toutes les choses que l’on met dans un coin ressortent, c’est pour ça que je trouve que c’est important de dire les choses.”
Autre sujet de cet ouvrage, la religion. Un élément du livre qui a entrainé un des personnages à la dérive, un évènement qui s’est ainsi reporté dans les vies de toute sa famille. “Il y a une chose que je ressens [que la religion] a donné à la société, la notion de culpabilité. C’est évident que quand on écrit un texte, on y met beaucoup de soi-même sinon ça ne serait pas la peine d’écrire des textes. Et ça rejoint exactement l’histoire des secrets parce que la notion d’avoir l’impression d’avoir fait quelque chose de mal est né du fait qu’il y a toute une phase obscure, des fameux secrets ou des fameux non-dits, etc. Alors, il faut faire attention au mot transparence parce que ce n’est pas parce qu’on raconte tout ça que ça ira mieux. Si on a quelque chose à cacher, c’est qu’il y’a un truc qui cloche donc vaut mieux régler ce truc qui cloche.”
“Je ne l’ai pas écrit forcément très rapidement, d’une part, parce que l’histoire de ce manuscrit, je l’ai écrit il y a un certain temps.”
Ce que François-Marie Pons désire que les lecteurs retiennent de “L’Ivoirienne”, “Celle de transformation. Non pas de la personne elle-même mais de sa façon de voir la vie. Que d’abord, l’amour peut générer l’amitié et l’amour. Pour moi, ce sont les deux principales choses de la vie. C’est un peu banal de dire ça parce que je pense que c’est vrai pour beaucoup de monde mais c’est bien de le dire aussi parce que c’est tous les jours vrais. […] J’ai toujours été fasciné par l’apparence et ce que l’on peut trouver dans l’intimité des personnes. Et ce que j’ai souvent noté, c’est que c’était assez intéressant de voir comment des personnes qui était d’une apparence relativement sobre ou d’une apparence relativement humble avaient des ressources quelques fois beaucoup plus fortes que des personnes qui brillent beaucoup et qu’il y avait souvent une espèce d’osmose, une espèce d’échange un peu.”
“Pour moi, l’écriture a toujours été au milieu d’un tas d’activités, j’avais une vie professionnelle assez mouvementée, on va dire.”
“L’Ivoirienne” se terminant sur une fin ouverte, l’auteur nous révèle s’il envisage une suite. “On pourrait en faire une, évidemment, puisque tout est réouvert sur une nouvelle suite. Je ne suis pas sûr de l’écrire parce que d’abord, écrire un roman, ça demande beaucoup d’énergie. En ce moment, je suis sur d’autres projets que d’écrire de la fiction. En tout cas, ça fait partie de ce que j’aime dans la littérature, d’une façon générale. Autant je n’aime pas les fins queues de poisson, autant, quand on sait que ça redémarre quelque chose mais qui est une vraie fin quand même. Mais ce n’est pas un cercle, c’est vraiment une ellipse. Et ensuite, on peut tout imaginer parce qu’il peut se passer énormément de choses.”
“En ce moment, je lis des essais, je lis même le dernier essai d’Alice Coffin qui vient de sortir, qui m’intéressait beaucoup, elle en parle très bien.”
En plus de partager ses préférences de lecture, François-Marie Pons dévoile ses écritures en cours. “Je suis en train de faire un texte, là, un peu sur la lancée du style de ce livre-là [“L’Ivorienne”]. Quelque chose de très libre, de très ouvert. C’est un peu sur ce qui se passe en ce moment et qui me fait réfléchir. C’est un peu un livre à la fois d’émotion sur ce qui se passe et ce sont des émotions qui provoquent des réflexions. Ce n’est pas uniquement lié au confinement, parce que tout le monde raconte son confinement. Quand on est confiné, on a plus de temps, il faut le reconnaître. Ça ne raconte pas non plus l’histoire de la pandémie. Il y a beaucoup d’autres choses à raconter. Et puis, j’écris aussi une chose que j’ai beaucoup aimé quand j’étais journaliste, faire des éditos. Et là, j’écris des fables, ça s’appelle “Fables brèves Qui en Disent Longs”, qui sont d’une page, où je prends des sujets et je raconte ça à travers des histoires. Une page une fable.”
Découvrez un extrait audio imagé de la conversation Lecture avec François-Marie Pons.
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