Comment j’ai pris conscience que j’étais un multipotentiel

Clément Jacquemaire
MATRICE Journal
Published in
7 min readOct 23, 2018

Entretien avec Maxence Deglaine, étudiant à 42 et formé à l’entrepreneuriat via le programme Matrice.

“grayscale photo of two zebras” by Vincent van Zalinge on Unsplash

Bonjour Maxence, peux-tu te présenter ?

Bonjour, je m’appelle Maxence, originaire de Beaune en Bourgogne. J’ai 21 ans et j’ai suivi un cursus général jusqu’en classe préparatoire PTSI, pendant 6 mois, avant de rejoindre l’école 42 en 2016.

Je n’ai pas de parcours professionnel si ce n’est un petit job de serveur, une très mauvaise expérience par ailleurs !

C’est-à-dire ?

Pour la première fois, je ne pouvais pas faire ce que je voulais. Je n’en faisais qu’à ma tête ! Mais il faut dire que l’organisation du restaurant ne me plaisait pas et les décisions me paraissaient illogiques. L’ambiance a été tendue pendant 4 mois et finalement, ils m’ont laissé ma liberté. À partir de là, tout a commencé à aller mieux. C’est là que j’ai découvert que je ne voulais plus de patron. Ça m’a tout de même permis de mieux m’exprimer et de m’adapter en fonction de mon interlocuteur !

Avec une seule expérience difficile, tu en tires une décision aussi radicale. Qu’est-ce qui te motive et te rend si sûr de cela encore aujourd’hui ?

J’aime avoir mon mot à dire et surtout être libre de faire ce que je veux et ce que j’aime. Aujourd’hui, lorsque tu trouves un job, une étiquette définie ce que tu fais au sein de l’entreprise, et on te demande souvent d’être spécialisé dans un domaine, alors que j’aimerais toucher à pleins de choses différentes ! Ça me déprime de rester plus d’une semaine sur la même chose, je préfère apporter de l’aide partout, dans le code, dans le design, dans la communication, dans le juridique, etc.

Concernant ton expérience en classe préparatoire, pourquoi l’avoir quitté pour rejoindre 42 ?

La prépa n’était pas adaptée pour moi, c’est trop théorique et pas assez pratique ! En réalité, la question est : Pourquoi est-ce que j’ai fais PTSI et pas 42 depuis le début ?
Simplement parce que les résultats de 42 sont arrivés après la rentrée scolaire, et que trop de contraintes personnelles me faisaient rester en prépa.

Qu’est-ce que tu as trouvé à 42 qui t’avais manqué jusque là ?

Un apprentissage par la pratique, et en communauté.
La possibilité de voir et de tester ce que j’apprends au fur et à mesure. Avant 42, je ne faisais que retenir des formules mathématiques sans rien comprendre !

Aujourd’hui, tu es un alumni du programme Matrice. Peut-être peux-tu nous dire, ce qu’est Matrice ? Et pourquoi avoir choisi ce programme ?

Matrice est un programme de formation à l’innovation numérique et à l’entrepreneuriat qui dure 10 mois. Ce programme réunit des étudiants de différents horizons. Le programme est en partenariat avec 42. Par conséquent, la plupart des étudiants viennent de cette école, mais ils viennent aussi d’autres établissements comme Science Po, HEC, Université Paris Descartes, etc.

Chaque matrice est une thématique et se crée avec l’aide d’un grand partenaire (Ministère de la culture, Principauté de Monaco, UNESCO, Laboratoire Roche…). Durant leur programme, les étudiants forment des équipes et mènent un projet qui leur appartient. Ils sont accompagnés par l’équipe de Matrice et les différents experts réunis par le partenaire. Cela permet de rencontrer des personnes assez inaccessibles, d’avoir des retours sur notre produit venant des professionnels du secteur et de tester la solution rapidement.

Quel programme as-tu fait et qu’est-ce qui t’a motivé à le rejoindre ?

J’ai participé à la Matrice Lab’Retraite. Personnellement, j’ai décidé de participer au programme Matrice par hasard. Un ami a insisté pour que je participe à une conférence qui se déroulait à 42, et qui présentait le programme. Je me suis lancé pour découvrir le monde de l’entrepreneuriat, et je ne regrette pas du tout !

J’étais à l’époque niveau 7 et avait les pré-requis pour partir en stage. Comme exprimé plus tôt, je n’étais pas ultra motivé pour travailler dans une boite. En plus, je n’avais pas beaucoup d’idées sur ce que je voulais faire. Plusieurs choses m’attiraient du jeux vidéo, au web jusqu’à des projets d’électronique embarqué. Mais j’avais l’impression d’avoir aucune compétence dans ces domaines, même la piscine PHP m’apparaissait insuffisante. Le projet Matrice s’intègre dans le Holy Graph de 42 et propulse jusqu’aux conditions de départ en stage final. Je pouvais donc poursuivre mon cursus tout en explorant la piste de l’entrepreneuriat, plus proche de mes envies.

Pourrais-tu nous faire un petit retour sur ton expérience au sein de ce programme ?

Cet été, j’ai terminé la Matrice Lab’Retraite avec comme partenaire l’Assurance Retraite. C’est l’entité à laquelle nous cotisons toute notre vie et qui nous verse notre pension de retraite. La problématique posée était : “Comment utiliser les nouvelles technologies pour imaginer et développer les services numériques de demain au sein de l’Assurance retraite ?”

Avec mon groupe composé d’Étienne (42) et Aydan (Master de droit), nous avons travaillé sur les bases de données de l’Assurance Retraite. Notre réflexion est partie d’une étude de Florian Mantione Institut qui montre que 65% des CV sont falsifiés en France. L’Assurance Retraite collecte les données de carrière qui contiennent les expériences professionnelles de tous ceux qui cotisent au régime général. Grâce à elles, nous avons développé une solution qui permet de certifier les parcours professionnels.

Un beau projet pour se faire des ennemis… Comment se sont déroulés les 10 mois ?

Ça n’a pas toujours été simple, en commençant par le travail en groupe. Accepter et aussi tolérer les comportements et réflexions de chacun n’a pas été facile au début. J’ai appris que les profils trop négatifs ou qui adoptaient toujours le rôle d’avocat du diable ne construisaient pas grand chose et ne faisaient pas avancer les débats, voire avaient la tendance de détruire tous nos élans.

Par ailleurs, notre partenaire est un organisme français appartenant à la Sécurité sociale. Il est vraiment très important en terme de taille et poids organisationnel. Obtenir des données de leur part a été long et nous avons dû souvent nous armer de patience. D’autres problèmes sont apparus comme le délitement de notre équipe, la différence de culture d’entreprise entre notre esprit startup et leurs réflexes d’administration… Je suis assez satisfait de les avoir surmontés un par un, et d’être allé au bout de cette aventure.

Malheureusement, le projet n’a pas continué de notre côté, mais il a été apprécié et l’Assurance Retraite a décidé de le continuer en interne, et le service devrait un jour être accessible à tous les citoyens.

Qu’est-ce que tu as appris pendant cette expérience ? Qu’est-ce que cela t’a apporté ?

Pour commencer, j’ai appris à me connaître un peu plus, et ça m’a permis de grandir et de me responsabiliser. Depuis cette expérience, je veux travailler pour moi-même malgré le risque, et surtout je veux travailler pour quelque chose de plus grand que moi. Je ne veux pas devenir spécialiste d’un domaine, je me lasse très rapidement. J’ai besoin de m’investir dans toutes les facettes d’un projet.

Matrice nous permet de rencontrer de nombreux coachs tout au long du programme. En discutant avec l’un d’eux, il m’a éclairé sur le fait que mon comportement pouvait s’approcher de celui des personnes dites multipotentielles. Encore une étiquette qui ne veut pas forcément dire grand chose mais qui m’a permis de mieux me comprendre et d’agir en conséquence pour continuer à me développer et entreprendre.

J’ai gagné en assurance, et appris à présenter mes idées en public et devant des experts.

Ensuite, au cours du projet, j’ai été amené à améliorer mon côté relationnel au contact des différentes personnes — partenaire, clients, etc. — et à l’adapter selon le contexte. C’est indispensable pour obtenir des informations et promouvoir notre travail.

Enfin, après 10 mois à travailler avec la même équipe, j’ai appris à écouter chaque membre et à concevoir ensemble des solutions à nos problèmes. L’OR-GA-NI-SA-TION s’est révélée être précieuse pour être efficace en groupe ! Je pense avoir progressé sur ce point.

Je ne regrette donc pas du tout mon choix de m’être investi dans cette aventure. D’ailleurs, je rempile avec la matrice Éducation. J’espère pouvoir apporter mon expérience, approfondir mes compétences et déboucher sur un projet entrepreneurial !

Un petit mot pour finir ?

Je tiens à remercier Matrice pour cette superbe formation. Nous avons la chance d’être dans des locaux extraordinaires, entourés d’une communauté portée sur l’innovation. Par exemple, l’équipe Yser propose un service de protection et gestion des données personnelles. Ou encore, l’équipe de Inspik.ai qui développe agents conversationnelles intelligents pour les centres d’appels.

Certes, le programme est encore jeune mais il en vaut vraiment la peine, tout le monde finit avec une forte expérience et souvent avec un projet ou une startup à lancer. En amélioration constante, des changements sont prévus pour les nouvelles matrices : un suivi des experts plus régulier, un déblocage côté 42 de certains projets de l’école à réaliser au cours du programme pour accélérer le développement des compétences nécessaires pour le projet.

Je conseille cette expérience, beaucoup de gens sont des entrepreneurs dans l’âme mais ne le savent pas, alors qu’attendez-vous pour tenter votre chance ?

Si cet article t’a plu·e et que tu es intéressé·e par l’expérience, tu trouveras ci-dessous des informations sur les matrices à venir. Elles recrutent des profils variés.

  • Matrice Code du Travail avec le ministère du dit travail #LegalTech commence le 6 novembre
  • Matrice Éducation avec l’UNESCO #Edtech commence le 12 novembre 2018
  • Matrice Patrimoine avec le ministère de la Culture #StéphaneBern commence le 6 décembre.

Pour plus d’infos, le site de Matrice ou pour poser vos questions contact@matrice.io

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