La Masterclass de Pierre Boucaud

Cécile Hautefeuille
Medialab Session
Published in
3 min readOct 10, 2014
Pierre Boucaud

Le fondateur de Marsactu a animé une Masterclass pour la Medialab Session. Une expérience, une expertise et des conseils précieux pour l’assemblée, prête à plancher tout le week-end sur des projets de médias en ligne. Vivez ou revivez cette enrichissante intervention.

“Le numérique va tuer les monopoles journalistiques d’actu locale”

“Vous pouvez créer un média local avec peu de moyens”

“Un des problèmes du web c’est que vous pouvez publier n’importe quand : il faut une régularité éditoriale”

“Avoir un chiffre d’affaire sans l’aide des collectivités locales, c’est compliqué mais grâce à ça, on peut dire les choses, être irrévérencieux. Au niveau local, les gens n’ont jamais vu ça…Cette liberté c’est un point important”

“Investissement : 40.000 euros dans le site web, 50.000 euros dans le studio TV pour les talks. Résultat 25.000 euros d’annonceurs !”

“ Il faut construire une marque, c’est important. Comme un artisan. Petit à petit on commence à grandir, à grimper dans les moteurs de recherche. Ce travail là, ça ne s’achète pas. C’est long, mais une fois que la marque est installée, vous fidélisez les gens”

“On fait aujourd’hui 200.000 visiteurs uniques par mois.”

“On est présents sur les réseaux sociaux et il faut le savoir : c’est Facebook qui nous apporte le plus d’audience alors que -comme tous les journalistes- on passe notre temps sur Twitter ! Twitter, c’est 15% de notre audience”

“Le média Internet c’est formidable, c’est le seul média qu’on peut regarder au bureau ! ”

“On pense à faire des contenus plus magazine pour le week-end, sur les tablettes. On est beaucoup plus consultés sur tablette le week-end”

Tout ça, c’était l’aspect “bonnes nouvelles”… On passe maintenant à la suite et la VRAIE question : quel modèle économique ?

Marsactu c’est 5 journalistes payés sur la grille du SNJ. Marsactu c’est 350.00 euros par an dont 250.000 pour la masse salariale. Marsactu c’est 200.000 euros de chiffre d’affaire l’année dernière.

Le marché du bandeau publicitaire, il faut l’oublier ce n’est pas ça qui rapporte.

On a cherché un nouveau modèle. Des abonnements ? On a hésité à faire comme Mediapart. Le contenu payant, c’est un vrai métier : ça demande un énorme investissement. Passer en payant c’est perdre sa visibilité sur les moteurs de recherche et perdre les recettes pub. On n’a pas osé mais je suis persuadé qu’il faut passer dans le payant. On a donc lancé une lettre digitale, distribuée en format PDF et qui s’appelle Marséco. Elle sort tous les lundi matins avant 8h et ne s’adresse qu’aux entreprises. Son prix : 500 euros par an. Et le matin, désormais quand je vais à ma boîte aux lettres, j’ai plus de chèques que de factures. Cette lettre, on ne l’aurait jamais lancée sans Marsactu. Et les gens qui se sont abonnés l’ont fait parce qu’ils connaissaient Marsactu : la qualité et le sérieux de nos équipes.

Je crois beaucoup à ce modèle.

Sur notre lancée, on a décidé -et c’est un scoop livré aux participants de la Medialab Session ! - de lancer Marsactu + : une version premium (4,90 euros par mois) avec une newsletter le vendredi et le best-of des papiers de la semaine. Il y aura aussi une enquête inédite. On a aussi prévu une version mobile et tablette accessible uniquement aux abonnés à cette option premium. C’est un pari.

Quelques éléments pour terminer : je me suis financé en essayant de garder le contrôle de ma société. Je reste le premier actionnaire mais je ne suis plus majoritaire. J’ai fait entrer un groupe d’investisseurs locaux et Xavier Niel est entré aussi dans le fond. Depuis, j’ai tout cramé. Je prépare la 3ème levée de fonds.

On vit beaucoup des aides à la presse, c’est important de le souligner. Et on a réussi à avoir le fonds Google, le fonds d’investissement numérique de la presse : 130.000 euros injectés dans le projet Marséco.

Les trois choses importantes :

-Faire payer les gens

-Contenu mobiles et tablettes

-Aller chercher des subventions et des aides

Les pertes, il faut le savoir sont, chaque année, importantes. On perd toujours de l’argent. On est dans des aventures entrepreneuriales fantastiques mais ce sont des aventures économiques difficiles. Le modèle de la PQR (presse quotidienne régionale) est mort et je suis convaincu qu’il y aura énormément de modèles numériques indépendants. La route est difficile mais c’est une aventure !

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