Une brève histoire de l’interopérabilité

À la fin du XXième siècle deux changements majeurs révolutionnent l’organisation des systèmes de santé : l’émergence des maladies chroniques liées à des facteurs de risque génétiques, comportementaux et environnementaux, et l’allongement de la durée de vie moyenne.

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3 min readJan 9, 2020

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Photo by Lukas Bato on Unsplash

Leurs conséquences économiques affectent profondément la prise en charge des individus. Les nouveaux parcours de santé se prolongent tout au long de la vie. Ils articulent les soins avec, en amont, la prévention en santé et sociale et, en aval, l’accompagnement médical et social, le maintien et le retour à domicile.

Ce continuum implique une coopération efficace et prolongée entre les professionnels de santé autour, et au plus proche, des usagers. Cet exercice coordonné se déploie souvent dans un contexte de ressources restreintes y compris humaines.

Sous l’effet de cette révolution, l’informatisation en matière de santé évolue tout naturellement. Tout d’abord concentrée sur les tâches administratives et de gestion, elle se déploie dans les secteurs de soins autour de la classification internationale des maladies (CIM) et de catalogues spécifiques de nomenclatures des actes. Elle permet la saisie et le stockage d’informations médicales non structurées, la tenue de statistiques, l’allocation de ressources financières...

Dans une deuxième phase, les systèmes d’information mettent en place des embryons de coopérations locales autour de la diffusion de résultats d’examens, du partage d’images radiologiques. Elle s’incarne aussi dans l’automation des secteurs techniques. L’échange reste celui de données textuelles ou codées localement, sans standard défini.

Dans un dernier temps, les besoins de coordination et de continuité des soins, l’exigence en matière de médecine de précision, le développement d’outils d’aide à la décision, élargissent définitivement le périmètre de l’informatisation en santé.

Cette mutation prend force sur l’interopérabilité, notion qui renvoie à la capacité de matériels, de logiciels ou de protocoles différents à fonctionner ensemble et à partager des informations. L’interopérabilité nécessite la mise en place de formats, interface entre programme et données, et la définition pour ces dernières de références sémantiques au travers d’un « standard de droit ». Ce référentiel est établi par une autorité de normalisation reconnue afin de supprimer tout risque de discrimination entre les différents éditeurs de logiciels.

La dématérialisation des flux médicaux d’un laboratoire de biologie médicale n’échappe pas à la règle : l’utilisation d’une terminologie de référence internationale est un prérequis absolu. Tout intervenant, cliniciens, préleveurs, personnels de laboratoire, mais aussi toute application utilisée pour prescrire, prélever, réaliser, diffuser ou exploiter les résultats, doit pouvoir identifier avec précision l’examen prescrit, l’élément clinique pertinent qui pourrait être associé, l’échantillon biologique à prélever pour le réaliser, enfin son résultat.

C’est le rôle des standards LOINC (Logical Observation Identifiers Names & Codes) et SNOMED CT (Systematized Nomenclature of Medicine-Clinical Terms). Ces deux catalogues doivent s’envisager comme complémentaires : pour simplifier, LOINC fournit des codes qui représentent les noms des éléments d’information (les questions) et SNOMED CT fournit des codes qui peuvent représenter des valeurs nominales et ordinales (les réponses) pour ces éléments d’information nommés.

Les données ainsi structurées peuvent alors être intégrées à la norme CDA R2 qui permet de créer un fichier sécurisé, crypté, consultable quel que soit l’endroit et non transformable ce qui facilite l’interopérabilité au niveau du territoire.

Au regard de l’évolution de l’organisation de la santé et des contraintes économiques inhérentes, l’interopérabilité s’impose comme une nécessité. La voie pour y parvenir est la définition et l’adoption de standards communs. Les organismes de normalisation élaborent ces solutions qui règlent de plus les questions de propriété intellectuelle. Les autorités publiques imposent le choix de ces standards pour faciliter une société interopérable afin que nulle entreprise ou organisme public ne puisse contrôler le stockage, la lecture et la communication des données. Tout acteur de l’interopérabilité participe ainsi à la démocratie sanitaire.

Lingua est un outil développé par Medicus AI à destination des laboratoires d’analyses biologiques permettant l’automatisation de la codification LOINC de leurs catalogues de test.

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