La chanson de Roland

Megan Moore
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6 min readAug 30, 2015

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Le texte médiéval français le plus connu, le plus répandu, La chanson de Roland est l’épopée médiévale par excellence. On y retrouve de nombreux thèmes principaux de l’époque, ainsi des formes particulières au genre. On discutera la trame, mais on abordera aussi la façon dont elle manipule ses lecteurs pour créér sa propre propagande et avancer son "agenda" culturel et politique.

Première partie: introduction au trahison, strophes 1–82

D'après vous, quels sont les questions principales proposées dans le premier parti du texte? On pourrait se poser des questions à propos de la construction du sens et le déroulement de la trame, classées par catégorie:

Forme: du forme épique, La chanson de Roland dépend de nombreux signes du genre. Quels sont les signaux les plus évidents? Qu'est-ce que la forme peut nous dire à propos 1) des buts de l'oeuvre 2) du contenu 3) de la méthode de transmission? Comment la forme, nous dit-elle quelque chose?

Vocabulaire: Quel est le champs lexical du poème, et quelles sont les associations qu'on peut y faire? Par quels mots principaux a-t-on créé le sens du poème?

Sens figuratif: Quelles sont les allusions centrales au poème? Par quelles images, quelle sonorité, quelles allusions est-ce qu'on établit un sens secondaire, des allusions, une interprétation plus profonde?

Pourquoi, à votre avis, est-ce qu'on le lit à notre époque?

Résonances Modernes:

Si les questions centrales de la première partie du Roland tournent autour de la meilleure façon de valoriser et de servir le système politique de l'époque — la loyauté au collectif vs. les désirs personnels, l'identité à travers le collectif, quelles trahisons calculées peuvent être utiles à l'avancement personnel — on pourrait comparer la crise de loyauté féodale centrale à la trame du Roland à la représentation fictive du pouvoir dans une scène de House of Cards, ou Frank Underwood cherche et à honorer le système politique des Etats-Unis et à s'assurer de l'avancement de sa propre carrière politique, à travers la trahison. Quelles sont les résonances que vous y voyez? Comment comparer Frank Underwood aux personnages du Roland — Ganelon, Charlemagne, Roland? Quelles questions centrales peuvent être relevées en considérant la politique du passé avec celle du présent?

La fin de la Chanson de Roland:

On se pose plusieurs questions à propos de la fin de Roland, dont une m'interesse le plus:

  1. Quel est l'effet de la mort de Roland? Pourquoi meurt-il, à quoi bon? → Quelle est la fonction d'une "bonne" morte, d'une morte "brave" au moyen âge? Qu'est-ce qu'on voit dans la représentation contemporaine de sa mort, ci-dessous?
La Mort de Roland

Selon l'idéologie de Roland, sa mort devrait assurer sa valeur et sa prouesse éternelles — c'est à dire, ce n'est pas la mort, mais la renommée qui s'assure à travers son trespas. Mais est-ce vraiment le cas? Who is served by this death? Sa mort, assure-t-elle le bon fonctionnement de la cour et du système féodal de Charlemagne? Sinon, quelle est sa valeur?

La mort de Roland, vaut-elle toute la peine que la cour de Charlemagne l'accorde? Si oui, n'est-il pas nécessaire que la derniere strophe du poème ne nous donne pas une "bonne fin" à notre lecture? Regardez le dernier strophe:

Quand l'empereur eut bien fait sa justice,

et apaisé son grand ressentiment,

il convertit Bramimonde à la foi chrétienne.

Le jour s'en va et la nuit est tombée.

Le roi se couche dans sa chambre voûtée;

saint Gabriel de par Dieu vient lui dire:

"Charles, rassemble les armées de ton empire!

De vive force tu iras dans la terre de Bire

et secourras le roi Vivien à Imphe,

car les païens on assiégé la cité,

et les chrétiens te réclament et t'appellent."

L'empereur aurait voulu ne pas y aller:

"Dieu! " dit le roi, "comme est dure la vie que je mène!"

Il pleure des yeux, il tire sa barbe blanche.

Ici finit l'histoire que Turold fait connaître.

Comment comparer la fin au début de la Roland? Quelles leçons sont proposées?

Les sources médiévales, quelle représentation d'une modernité permettent-elles? C'est à dire que la Roland nous montre une société face à son autre — mais pour quelles raisons cette représentation a-t-elle de pouvoir? De quelle façon le Roland, est-il utile pour isoler et expliquer "la différence?"

Considérez l'argument que fait Sharon Kinoshita dans son article, "Pagans are Wrong and Christians are Right: Alterity, Nation, and Gender in the Song of Roland." "The very nations now composing Charlemagne’s army are themselves revealed to be recent conquests. In this light, the catalogue of troops cited above does not so much describe Frankish unity asperform it, assimilating former enemy tribes like the Bavarians and the Burgundians into the imagined community of “douce France.” Peter Haidu has argued that Roland must die to assure the transition from feudalism to the monarchical state: the great barons, each loyal to Charlemagne but otherwise prone to quarreling among themselves,

are supplanted by new men like Rabel and Guineman, subjects of a new kind of national state. 31 But his re-collection of the historical layering underlying the nascent Frankish state suggests that Roland must die so that the memory of the violence that has gone into the formation of Charlemagne’s empire may die with him. 32 Charlemagne’s annihilation of the Saracens to avenge his nephew’s death is the crucible in which a collective Frankish identity is forged out of the various “nations” comprising his army — subjects of a “douce France” symbolically (if anachronistically) demarcated from Marsile’s “clere Espaigne” by the high peaks and dark valleys of the Pyrenees. 33

In this light, the battle of Roncevaux matters less for the pagan defeat than for the creation of a Frankish-Christian imagined community. This would explain the Roland’s lack of interest in conversion: Saracens must remain Saracens in order

that the Christians can become Franks. Ganelon’s treason bespeaks the fragility of a polity bound only by its members’ individual feudal allegiance to Charlemagne. When Marsile tenders his false promise to embrace “Christian law” [la lei de

chrestiens] (39), he threatens to disrupt the precarious binarism through which Charlemagne’s empire is defined. In Roland’s “Paien unt tort e crestiens unt dreit,” a militant assertion of Carolingian superiority echoes with anxiety over a concealed crisis of differentiation. Constructed as parallel in all but religion, the Franks and pagans differ significantly only in one other respect: the role accorded their women. The instauration of difference begun by Roland’s death and Charlemagne’s revenge can culminate only in Aix, with the death of Aude and the conversion of Bramimonde."

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Megan Moore
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Associate Professor of French at the University of Missouri, specialist in medieval gender & Mediterranean studies; history of emotions; cyborgs & human rights