5 bémols aux voyages

Félix-Antoine Huard
Monsieur et Madame Tout-le-monde
3 min readNov 13, 2015

Cela peut sembler paradoxal d’écrire un article qui relate les bémols des voyages dans un blogue qui traite de l’art de voyager, mais bon, je me dis qu’il faut parfois regarder le voyage en pleine face et lui avouer ses quelques défauts.

1. Réduire le voyage à une liste d’épicerie (comme je suis en train de faire)

« 20 choses que vous apprendrez assurément sur vous-même en partant en voyage » ; « 15 émotions que vous vivrez uniquement en voyageant » ; « 10 photos de voyage que vous devez absolument prendre avant de mourir ». Vous voyez le genre ? J’en ai marre de me faire dire à quel moment, de quelle manière et dans quel pays je dois vivre telle ou telle « aventure d’une vie ». Je déteste ces listes préfabriquées, supposément applicables à tout le monde, que plusieurs prennent « pour du cash ». Voyager est bien l’une des expériences qu’il est impossible d’appliquer uniformément à tous et de réduire à des points.

Bon, puisqu’il faut vivre avec son temps, je vais continuer ma liste.

2. Les attrape-touristes

Vous rêvez d’une journée « package deal » où vous n’aurez rien à organiser ? Qui sera remplie d’activités inusitées et hors des sentiers battus ? Le tout, à un prix avantageux ? Votre merveilleux guide s’occupe de tout! Baignade dans des cascades, visite d’une plantation de café, saut en bungee, repas copieux traditionnel, détente dans des sources d’eau chaude au sommet d’une montagne. Parfois, ces journées tout-inclus s’apparentent plutôt à du « moyennement-inclus », pour finalement seulement inclure de sortir son portefeuille à chaque nouvelle activité.

(Bémol à mon bémol : ces journées sont la plupart du temps très bien organisées et permettent de faire des activités qu’il serait difficile d’organiser par nous-même. Il faut seulement s’informer avant de s’y inscrire et savoir lire les petits caractères au bas de l’affiche publicitaire).

3. Faire, défaire, refaire et redéfaire

Qu’on voyage avec une valise ou un sac à dos (c’est encore pire dans cette deuxième option), il y a une action qui, au départ, nous fait sentir comme un(e) aventurier(ère) nomade, mais qui revient si souvent, c’est-à-dire plusieurs fois par jour, jour après jour, qu’elle peut devenir hautement agaçante. Je m’explique.

Au début de mes périples, il y a une période que j’appellerai Lune de miel. Durant celle-ci, je prends un réel plaisir à ouvrir, fouiller, éventrer, refermer, défaire et refaire mon sac à dos, et ce, matin et soir. Je trouve que cette routine nomade est belle, voire noble et poétique. Je pense en moi-même : « Il y a si peu de choses, en réalité, dont on a réellement besoin. Si peu, qu’elles peuvent toutes entrer dans un sac. Un magnifique sac qui devient un compagnon et une maison pour le nomade ». Or, comme toute lune de miel, ce moment est éphémère et une période de Désenchantement s’installe. Elle est caractérisée par un agacement de cette pratique quotidienne : défaire et refaire chaque soir et matin mon sac à dos me semble beaucoup moins romanesque qu’au début. Je rêverais d’un garde-robe et de me poser au même endroit toute une semaine.

4. Snif. Beurp.

Jouons à un petit jeu. Faites la lecture de ces éléments :

  • Escalader des pyramides (plus de 1000 marches au total) ;
  • Se donner le défi de gravir chacune de ces marches (pas game) ;
  • Être dans une jungle ;
  • Faire 40°C de fièvre ;
  • Devoir se moucher à toutes les 1 minute 30 secondes exactement ;
  • Thermomètre qui indique 50°C ;
  • Air qui contient 90 % d’humidité ;
  • Suer toutes les gouttes de son corps ;
  • Avoir la gorge qui pique ;
  • Avoir un besoin urgent d’aller à la toilette à toutes les demi-heure ;
  • Constater qu’il y a un manque criant de toilettes sur le site ;

Maintenant, imaginez vivre tous ces évènements en même temps.

5. La fin d’un voyage

Voilà, malgré tous ces bémols de voyages, celui que je déteste le plus est le moment fatidique où l’aventure prend fin. Le voyage est terminé, on retourne chez soi. L’inconnu est connu.

Parce que pour chacun des petits désagréments et des moments moins roses d’un voyage, les moments magiques nous le rendent au centuple.

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