Adónde vamos? Quoi faire au Paraguay

Félix-Antoine Huard
Monsieur et Madame Tout-le-monde
6 min readMay 17, 2016

Le Paraguay. C’est SÛR que ce n’est pas la destination à laquelle tu penses en premier… ou en deuxième… ou en troisième lorsque tu prépares un périple en Amérique du Sud. Au début, je me demandais même si j’écrirais sur ce petit territoire enclavé, au milieu des contrées géantes et ô combien bruyantes que sont le Brésil, l’Argentine et la Bolivie. Ce pays se fait bien discret et c’est pourquoi j’ai finalement décidé d’en parler. Dans cet article, tu ne retrouveras pas une liste d’attraits touristiques monstres du style Machu Picchu ou plages de Rio. On est loin du mainstream. Je vais plutôt tenter de partager le feeling unique que j’ai quand je pense à ce lopin de terre si attachant. Sans plus tarder, rumbo a Paraguay!

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Une question de feeling

Comme je l’ai déjà mentionné, le Paraguay est un petit pays, surtout si on le compare à ses voisins (il entre 21 fois dans le Brésil, 7 fois dans l’Argentine, 3 fois dans la Bolivie). Bon, ça ne veut pas nécessairement dire qu’il n’y a rien à voir. Mais, en effet, il n’y a pas de grande attraction.

Il s’en fallut de peu pour que le Paraguay compte les chutes d’Iguazú parmi ses sites touristiques, mais ce sont les Brésiliens et les Argentins qui ont eu le dernier mot.

Si tu arrives par avion, ce sera à Asunción, la capitale. Son aéroport est rikiki comptant environ 6 portes d’embarquement contenues dans une seule et même pièce. À la sortie, si tu lèves les yeux, tu verras un mot de 3 km qui veut dire bienvenue en Guarani. Un bon petit défi en partant. Puis, dès que les portes de l’aéroport s’ouvriront, tu ressentiras la chaleur accablante couvrir chaque pore de ta peau. Je le dis d’un ton affirmatif parce que tu as plus de chances de croiser un 40 à 50 degrés Celsius habituel qu’un 25 ou un 5 degrés hivernal (juillet à septembre). Tu auras deviné que les températures hivernales sont très instables. Et cela sans parler de l’humidité. Donc, bien que la chaleur domine fortement, il est possible d’avoir froid en hiver (c’est plate hein). Si la chaleur te fait peur, je vais simplement mentionner que le pays est parsemé de piscines et alimenté en air conditionné comme nulle part ailleurs. Sinon, question précipitations, il ne pleut pas souvent, mais tu t’en rends compte quand ça se passe. Ce n’est pas rare de voir un petit orage torrentiel qui dure des heures et des heures. J’ai même vu de la grêle de la taille de balles de golf et j’étais en t-shirt. Juste pour dire qu’y font pas les affaires à moitié.

Le Paraguay, c’est différent. À bien y penser, c’est la raison pour laquelle je l’apprécie autant. Des arbres en plein milieu des rues. Pourquoi? Ça fait de l’ombre et c’est beau. Des rues pavées avec de grosses pierres difformes et inégales. Des rues campagnardes à l’intérieur de la capitale, juste à côté d’avenues passantes. Un bidonville aux abords du palais de justice, c’est tellement ironique que c’est parfait. Ce pays ruisselle d’humilité et d’humanité. Les gens sont imparfaitement parfaits. Chaleureux et attachants, tu feras partie de leur famille dès la première rencontre. Tes dimanches se dérouleront autour du barbecue au charbon du «quincho», petite cuisine extérieure, au fond du jardin, servant exclusivement à jaser et faire rôtir de la viande et des légumes pendant des heures autour d’une bière fraîche.

Quoi manger / boire?

Au cours de ton périple, tu auras sûrement l’occasion de partager un petit tereré en bonne compagnie, question de te désaltérer. Cette boisson est simplement l’équivalent du maté argentin à l’exception que l’eau est glacée et non chaude (climat oblige). En somme, ce sont des herbes typiques paraguayennes (et parfois avec des propriétés médicinales) infusées dans de l’eau froide. Chacun sa recette, certains y ajoutent du citron. Très populaire, à essayer.

Pour ce qui est de la bouffe, je dois dire que je ne tripe pas sur les spécialités paraguayennes. Tu risques de faire le saut si tu commandes une sopa paraguaya et que tu vois arriver un semblant de quiche sèche et compacte au lieu d’une soupe, mais c’est normal.

La chipa, une pâte dure et salée à la forme de beigne, et le mbeju, une galette à base de farine de maïs et de fromage, me plaisent bien, mais tout ça reste bien sec et copieux. C’est conçu pour boucher un coin et on peut dire l’objectif est atteint. À mon avis, ça vaut la peine d’y goûter.

Le surubi est un poisson énorme et assez moche qui se promène notamment dans les eaux du Rio Paraguay. Bien apprêtée, la bête vaut une dégustation. C’est aussi probablement le seul endroit où tu pourras en manger alors profites-en.

La viande paraguayenne, bien qu’inconnue internationalement, est d’une qualité égale à celle de l’Argentine. Le carnivore en toi, s’il y en a un, peut déjà commencer à saliver.

Les fruits. Les fruits sont follement jouissifs comme à plusieurs endroits de l’Amérique du Sud. N’hésite pas à en acheter aux gens aux coins des rues ou sur le bord des routes, ils sont délicieux. Attention, inspecte quand même la marchandise avant, on ne sait jamais. (P.S. : de facto, les jus sont excellents)

Quoi faire?

Visiter Asunción

Le centre-ville se visite en une demi-journée. Rien d’extraordinaire. Le dimanche après-midi, un petit marché de vieilleries apparaît dans le coin du palais de justice. Ce n’est pas un incontournable, mais tu peux quand même acheter des objets ayant appartenu à des nazis exilés en Amérique du Sud après la guerre. Pas pire badass.

Le jardin botanique et zoologique est assez plaisant pour une ballade en vélo ou une longue marche. Par contre, les animaux sont mal entretenus et ça ne sent pas le doux parfum des fleurs. Tu pourras y voir des coatis, des hippopotames et autres bestioles exotiques. En marchant, tu pourras aussi apercevoir de grosses fourmis transportant des feuilles ou des fleurs exotiques (peut-être habitées par des araignées).

Bref, la ville n’a rien d’exceptionnel architecturalement parlant, mais elle vaut la peine d’être visitée dans ses petits recoins cachés. Marche et tu trouveras des trésors!

Visiter le Chaco

Le Chaco est une région située au nord du Paraguay et elle présente une flore et une faune bien particulières. Parfois semi-désertique, parfois vert et parsemé de palmiers, le Chaco cache des caïmans et des tapirs autant que des jaguars et des flamants roses. Donc si tu veux être dépaysé et vivre la wildlife, ce coin de pays t’attend et il est vraiment loin d’être rempli de touristes. Attention sur les routes, j’ai entendu des histoires de voleurs à moto.

Missions jésuites et chutes d’Iguazú

En partant d’Asunción, ce sont environ 6h de route qui t’attendent pour rejoindre les chutes d’Iguazú. Selon moi, tant qu’à te diriger vers l’Est, tu es mieux de faire un détour de 4h et dormir une ou deux nuits quelque part dans le coin d’Encarnación pour aller visiter les missions jésuites.

Comme partout en Amérique, les indigènes qui vivaient au Paraguay avant l’arrivée des conquérants (Espagnols et Portugais dans ce cas-ci) ont été soit abattus, soit assimilés. Au Paraguay, ces indigènes sont les Guaranis. Les jésuites, pour leur part, sont les membres d’un ordre religieux catholique particulièrement investi dans l’éducation et la formation intellectuelle poussée. Dans un but d’évangélisation, certains Guaranis étaient placés dans des missions, villages autarciques et très organisés, pour apprendre la théologie, mais aussi la musique, les mathématiques, etc. Il s’agit d’une grande partie de l’histoire paraguayenne et il serait absurde de passer outre. Je recommande, entre autres, les ruines de Santísima Trinidad qui sont classées au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Et voilà! On continue la route vers les chutes d’Iguazú. Environ 4h30 à faire. À la frontière, tu rencontreras la ville de Ciudad del Este, paradis de la contrebande et de l’illégalité. J’y ai vu des gens jeter des paquets en bas du pont pour des bateaux qui attendaient en bas ou des gens qui attendaient de l’autre côté de la rive. J’y ai vu quelqu’un assis dans un bus, la fenêtre ouverte, se faire arracher les lunettes du visage. Il n’y a pas d’arrêt obligatoire pour cette douane. Tu peux passer tout droit. Ne fais pas cette gaffe qui pourrait te causer des ennuis au retour ou ailleurs dans ton voyage.

Les chutes sont incroyables. Le panorama est splendide et on ressent la puissance de la nature. Le côté brésilien est plus court (20% du site) et le côté argentin est celui qui m’a davantage plu (80% du site) puisque la marche est plus longue et se fait autant près des chutes que dans la forêt tropicale. Les sites sont très bien aménagés et des navettes te mèneront à destination. Je pense sincèrement que c’est un highlight de l’Amérique du Sud, un incontournable.

Sur ce, je te laisse explorer ces contrées magnifiques par toi-même et je te souhaite le plus beau des voyages dans ce pays ô combien sous-estimé.

Mborayhu, love.

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