Apprendre l’espagnol à San Pedro au Guatemala

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Soyez honnêtes.

Vous vous êtes tous dit, à un moment où un autre pendant un épisode de Narcos : « Hey. Je comprends l’espagnol. Mon doux, je suis pratiquement trilingue! »

Ok. Slack l’optimisme mon champion.

Bravo pour ta joie de vivre, mais quand tu te retrouveras en plein coeur d’une famille hispanophone pis que ton papa adoptif te demandera de lui expliquer clairement ce qu’est le yoga, tu vas patiner plus vite que Sydney Crosby.

Je le sais, parce que je l’ai vécu.

Crois-moi, si tes dernières leçons d’espagnol remontent à ta dernière année de secondaire pis que tu penses t’en sortir, tu risques de faire le saut quand tu vas te retrouver seul, en plein coeur de l’Amérique latine, avec un chauffeur de taxi qui ne comprend pas un mot d’anglais. Parce que non, c’pas toute les situations de la vie courante qui se prêtent à des réponses toutes faites comme « Canadá es un país muy grande » ou « Me gusta salir con mis amigos ».

Par contre, Dieu merci, il existe des solutions pour améliorer tes connaissances et développer ton aisance à parler espagnol. Parmi celles-ci, on note les fameuses applications mobiles, écouter La Casa de Papel en boucle, décortiquer Despacito… ou t’envoler pour un pays hispanique et prendre des cours.

Sans grande surprise, je te dirais que la dernière option est la plus efficace et la plus amusante.

Et aujourd’hui, je te suggère de te transporter à San Pedro, au Guatemala, un endroit tout indiqué pour pratiquer tes verbes irréguliers.

Le Lac Atitlán : un paradis sur Terre!

Le village de San Pedro se trouve sur la rive ouest de l’un des joyaux les plus précieux du Guatemala : le grand Lago de Atitlán. Formé il y a plusieurs dizaines de milliers d’années à la suite d’une gigantesque explosion, ce lac — le plus profond d’Amérique centrale — a été qualifié de l’un des plus beaux du monde par de nombreux écrivains et voyageurs.

Et dès que vous l’apercevez, vous comprendrez.

En plus d’être bordé de montagnes et de trois gigantesques volcans, le Lago de Atitlán est entouré de villages encore aujourd’hui fortement imprégnés de la culture maya où les femmes portent toujours l’habit traditionnel et où les couleurs des textiles sont plus éblouissantes les unes que les autres.

J’ai beaucoup bourlingué, mais je peux vous dire en toute sincérité que ces panoramas font partie des plus beaux et des plus authentiques que j’ai pu voir dans ma courte vie.

De gauche à droite, les volcans Toliman, Atitlán et San Pedro, vus depuis le village de San Marcos. À droite de l’image, on aperçoit le village de San Pedro.

En veux-tu des écoles d’espagnol? En v’là!

San Pedro est reconnu pour ses écoles d’espagnol. C’est la spécialité de la place. Pratiquement tous les voyageurs que j’ai rencontrés étaient inscrits à une école pour une ou plusieurs semaines de cours intensifs. Les autres backpackers, quant à eux, étaient là pour faire le party. On ne se le cachera pas.

L’offre de chaque école est plutôt similaire. En général, elles proposent des cours privés, donnés dans des environnement enchanteurs, par des professeurs expérimentés. Les tarifs sont très comparables et j’imagine que les méthodes d’enseignement le sont aussi.

De mon côté, c’est à la Coopérative de San Pedro que j’ai choisi de passer mes quatre semaines. J’ai étudié l’espagnol à raison de quatre heures par jour, du lundi au vendredi. Ma maestra, Delia, était très dynamique, ricaneuse et organisée. Elle suivait, comme ses collègues, un programme logique qui m’a permis de revoir la base de l’espagnol et de pousser les leçons jusqu’à l’apprentissage de temps de verbes plus avancés, comme le subjonctif et l’impératif.

En toute sincérité, avant de choisir cette école, je ne me suis pas questionnée pendant très longtemps. Je suis tombée par hasard sur un article de blogue intéressant, j’ai lu les commentaires sur Facebook et j’ai plongé. J’ai aimé le concept de « coopérative » et le fait que l’école a comme mission de redonner à la communauté. Au final, je suis entièrement satisfaite de mon expérience et je recommande cette école.

Par contre, avant de prendre ta décision, prends quelques minutes pour lire les évaluations et fais ton choix en fonction de tes intérêts et de ta petite voix intérieure.

Avec ma professeure, Delia.

J’ai aussi choisi de demeurer en famille, car il s’agit pour moi de la meilleure façon de m’imprégner pleinement d’une culture. Certes, cela apporte son lot de défis, mais ça en vaut amplement la peine et tu remarqueras que ton espagnol s’améliorera aussi plus rapidement. Les Guatémaltèques sont très patients et il est facile de les comprendre. Ils n’ont pas de fort accent et n’hésiteront pas à répéter ou à trouver des synonymes pour que tu les comprennes.

(Je ne m’éterniserai pas sur les tarifs ou la mission plus précise de l’école, car tout est disponible sur le site Web de l’organisme, et je t’assure qu’au moment d’écrire ces lignes, tout est à jour.)

Seul point négatif de mon expérience

Il en faut bien un…

Avant de partir, tu dois savoir que l’espagnol n’est pas la seule langue parlée à San Pedro.

Quoi?!?!

Oui, ta vie est un mensonge.

Les habitants du village parlent également (et surtout!) le tz’utujil, une langue maya impossible à comprendre. Ainsi, lorsqu’ils se retrouvent ensemble, les membres d’une famille ont naturellement le réflexe de communiquer en tz’utujil… et non en espagnol. C’est ce qui fait que parfois, tu auras envie d’écouter leur conversation, de tenter de comprendre quelques mots, mais tu te buteras à un dialecte qui ne ressemble en rien ce que tu connais.

Or, si tu leur fais la conversation, ils se mettront tous à parler en espagnol, et ce, avec plaisir. Tu devras par contre oser parler et parfois interrompre leur conversation endiablée…

À faire à San Pedro et au Lac Atitlan

Il serait bien étonnant que tu t’ennuies pendant ton séjour à San Pedro. Il y a beaucoup à faire sur place : kayak, randonnées, musées, baignade, leçons de salsa, ateliers de cuisine, etc. Je te recommande vivement l’ascension du Volcan San Pedro et la randonnée jusqu’au sommet de la Nariz del Indio, car les deux offrent des vues imprenables sur le lac. Le village regorge aussi de pubs et de bars où tu peux faire le party pratiquement 7 jours sur 7.

Les villages avoisinants offrent aussi leur lot de divertissement. San Marcos, par exemple, est reconnu pour ses cours de yoga et ses espaces de méditation. San Juan, de son côté, est l’endroit parfait pour faire un peu de shopping. Finalement, à Panajachel, il te sera possible d’essayer de ne pas de casser la face en parapente. Cool, cool.

Finalement, plusieurs agences offrent des excursions qui te mènent un peu plus loin du lac, par exemple sur le sommet du volcan Acatenango, de façon à observer le volcan de Fuego qui crache ses cendres à toutes les 15 minutes. Je ne l’ai pas fait, mais je crois sincèrement que c’est l’expérience qui se rapproche le plus de celle vécue par Frodon et Sam sur les flancs du Mount Doom. Sérieux, go for it.

La vue depuis le sommet du Volcan San Pedro, après 4 heures de montée.

Et mon espagnol?

Disons que je suis bien fière de mes progrès, mais que maintenant, le défi sera de le pratiquer, ici, au Québec. Avez-vous des trucs et astuces pour m’aider? ;)

Bon séjour à San Pedro et surtout, bonne visite du Guatemala, un pays dont on entend trop peu parler.

Quelques points supplémentaires :

  • Si tu réserves d’avance, tu devras envoyer un courriel à la coopérative et remplir un formulaire d’inscription. L’école te demanderas alors un dépôt de 25 $ US. C’est normal et il te sera remboursé à la fin de ton séjour. N’aie pas peur!
  • N’hésite pas à changer de professeur ou de famille si tu n’es pas satisfait de tes cours ou confortable dans ta maison. Ça se voit régulièrement! Pense seulement à le faire poliment… ;)
  • Ose participer aux activités de la famille, si ce n’est qu’aider à la préparation des repas, aller faire un tour à l’église ou accompagner les femmes au moulin pour les tortillas. Ce sera très formateur pour toi et ça te permettra de pratiquer ton espagnol dans d’autres contextes.
  • N’aie pas peur des devoirs. Ils ne prennent généralement que quelques minutes à faire et te donnent une excuse pour aller déguster un bon smoothie sur les rives du lac. C’est aussi une belle occasion pour passer du temps avec d’autres étudiants.
  • Parlons « sécurité »… On entend un paquet de rumeurs sur le Guatemala. Certaines sont fondées, d’autres non. À San Pedro, je ne me suis jamais sentie menacée, mais quand je retournais chez moi après 11h00, je demandais généralement à un homme de me raccompagner. Je ne me suis jamais fait harcelée ou volée, mais je suis toujours demeurée sur mes gardes. Or, apparemment, si vous vous aventurez en voiture vers Tikal, vous devrez redoubler de prudence… J’en ai entendu des vertes pis des pas mûres!
La vue sur San Pedro et San Juan depuis La Nariz del Indio, au lever du soleil.

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Midorie Villeneuve Chassé
Monsieur et Madame Tout-le-monde

Ce qui est important pour moi : les voyages, le yoga, la photographie et le chocolat. • Je collectionne les moments, pas les choses. • midorievilleneuve.com