Crise de la quarantaine nouveau genre

Félix-Antoine Huard
Monsieur et Madame Tout-le-monde
3 min readMay 15, 2016

Quand je suis arrivée à Thiès, au début du mois d’avril, je vous avoue que j’ai eu un peu froid. Bon, pas au point d’enfiler une tuque et des mitaines, mais j’ai dû prendre l’habitude de toujours transporter une veste dans mon sac à dos.

J’étais alors emballée d’avouer à tout le monde que le climat sahélien n’était pas aussi chaud qu’on le croyait et j’étais toute fière de dire que je dormais avec des chaussettes. À bas les préjugés! Le climat du Sénégal est tolérable! Voilà ce que je scandais à la volée.

Eh bien mon optimisme n’a pas plu à Dame Nature. Elle m’a rapidement ramenée à l’ordre. Et pas qu’à moitié!

La semaine d’après, le mercure est grimpé au-dessus de la barre des 40 degrés pendant plusieurs jours consécutifs.

Laissez-moi vous dire que pendant des chaleurs comme celles-là, tu skip ton jogging.

À court de solutions

Au Sénégal, il y a deux saisons principales : la saison sèche, qui s’étire de décembre à juin, et la saison des pluies, aussi appelée hivernage, qui débute au mois de juillet.

En ce moment, le climat à Thiès est donc très sec et très beige. La ville abrite plusieurs grands arbres verts — Dieu merci! — mais en général, mes yeux ne voient pratiquement que du sable, du sable… et encore du sable. Pas de lac, pas de rivière, pas même une flaque d’eau.

Pour une Abitibienne, habituée à la région aux 100 000 lacs, laissez-moi vous dire que ce n’est pas facile. Lors de cette fameuse vague de chaleur, je ne savais plus comment me rafraîchir. Je ne voulais pas trop bouger et je ne mangeais pratiquement rien — mon estomac semble rétrécir quand il fait très chaud. Je m’achetais des sachets d’eau froide à la boutique et je les engloutissais à la vitesse de l’éclair, ce qui n’aidait en rien mon cas. Je prenais deux douches par jour, parfois trois. Je m’aspergeais le visage et je cherchais l’ombre constamment.

Le climat désertique, il est difficile quand t’es pas un chameau.

Et il est difficile, même quand t’es habitué.

Yafa tang ! (il fait chaud)

J’sais pas pourquoi, mais je pensais que les Sénégalais étaient habitués à ces grandes chaleurs. J’avais l’impression qu’ils étaient un peu immunisés, d’une certaine façon, et qu’ils avaient appris à s’y faire.

Eh bien j’avais tort… en partie.

« C’est comme vous au Canada ! Vous tolérez les grands froids, vous savez vous adapter, mais vous haïssez ça et c’est dur sur votre système. »

C’est un Sénégalais qui m’a dit ça. Et maudine, il a bien raison.

Tout le monde ici était épuisé. Les gens n’en pouvaient plus de l’air étouffant et du soleil plombant. Il y avait certes quelques irréductibles joggeurs qui bravaient le mercure, mais sinon, les rues étaient en général désertes et les coins ombragés étaient remplis de monde.

Et tous les gens que je croisais me parlaient du climat. On me saluait, puis, on enchaînait avec un : « Tu vis bien la chaleur ? C’est intense, hen ? »

Il n’y a pas que les Québécois qui jasent constamment de la météo, j’peux vous l’assurer !

Heureusement, à Thiès, ça s’est adouci. Le thermomètre affiche maintenant plutôt 30 degrés Celcius. Or, on m’a dit de bien me tenir, parce que ça allait recommencer. Par chance, j’ai trouvé une piscine. J’pense qu’elle est moi, on va devenir les meilleures amies du monde.

*À noter : J’ai aussi visité Tambacounda et Kédougou, deux villes situées au sud-est du Sénégal. Laissez-moi vous dire que là-bas, les 40 degrés font partie du quotidien. En pleine nuit, lorsque j’y étais, le mercure ne descendait même pas sous la barre des 30 degrés. Vive l’air climatisé! ;)

Crédit photo : TravelWeek

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