Détour chez les Lannisters et les Baratheons à Dubrovnik

Félix-Antoine Huard
Monsieur et Madame Tout-le-monde
4 min readFeb 4, 2016

En 2013, alors que Midorie et moi étions de passage dans les Balkans, on a déposé nos sacs quelques jours sur l’île de Hvar en Croatie. On avait bien planifié notre voyage de sorte à profiter des belles journées ensoleillées, des plages, des terrasses et à prendre du bon temps avant d’entamer notre session d’études Erasmus en Belgique.

Le truc avec les belles plages, c’est qu’elles sont bourrées de belles personnes, pleines de vie qui profite des petits plaisirs. Ce qui transforme ton dortoir en discothèque pour un beach party. Pis moi, le sable… j’trippe pas.

Comme on retournait à l’université pour 3 mois une semaine plus tard et que nos vacances tiraient à leur fin, on avait envie de profiter de notre voyage et ne pas toujours être plongés dans un mélodrame de plancher de danse entre Barbie et Ken. On a annulé nos réservations d’auberge de jeunesse pour les quatre prochains jours. « On s’arrangera » qu’on s’était dit.

Direction King’s Landing

On était parti il y a quelques jours de Ljubljana en Slovénie vers Zagreb, la capitale de la Croatie. On n’y était resté que le temps d’une nuit (trop courte) pour attraper un autre bus vers les Lacs de Plitvice. Hop ! un autre bus en direction cette fois de Split où on n’a passé la nuit chez une vieille madame qui louait des appartements dans sa ruelle (désolé maman). Puis finalement, le lendemain matin, un traversier vers Hvar où on n’avait réservé pour 4 nuits.

Du coup, après tout ce transport et sachant qu’on se le retaper à l’envers pour traverser en Hongrie, les 250 km qui séparent Hvar de Dubrovnik semblent éternels. La cerise sur le gâteau, on doit traverser la douane deux fois. Oui oui. L’accès de la Bosnie Herzégovine à la Mer Adriatique. Pas que ça me dérange d’avoir des étampes dans mon passeport, mais si tu endures tout ça, c’est parce que tu veux vraiment visiter Dubrovnik.

Bah oui, parce que Dubrovnik, c’est une ville portuaire fortifiée vieille du VIIe siècle qui en a vu passer des bateaux. Située à la près de la pointe de la frontière croate, elle est un peu plus isolée du reste de la Croatie, mais attire quand même annuellement des centaines de milliers de touristes.

Mais pas nous. Non, nous, on n’était pas censé aller virer jusque-là. Des vieilles bâtisses pis des remparts, y’en a ailleurs dans le monde. Par contre, quand ton dortoir devient l’un des arrêts du Pub Crawl de ton auberge, ça motive un couple cherchant la tranquillité à réorganiser son itinéraire.

On a fait nos sacs et on ne s’est pas demandé « pourquoi » on irait à Dubrovnik. On s’est dit « pourquoi pas ? »

Détour chez l’aubergiste

On descend de l’autobus et on est assailli par une horde d’aubergistes qui veulent tous nous montrer de jolies photos plastifiées de leurs maisons. « Accomodation maybe ? » Non merci. On va la trouver nous-mêmes notre auberge… Sauf que ce que nous dit Lonely Planet, c’est que les auberges à l’intérieur de la ville fortifiée sont rares et dispendieuses. « D’accord, puis à l’extérieur de la ville fortifiée ? » Rien. C’est comme ça que ça marche ici. Les gens louent leurs sous-sols.

Et au moment où on constate que l’on va devoir dire oui à « accomodation maybe ? », Slavsko, un grand monsieur maigre, le teint cuivré, les lunettes de soleil renvoyés sur ses courts cheveux noirs, arborant gougounes, maillot de bain et chandails de soccer, s’approche de nous et s’élance dans un anglais approximatif : « Hello. Looking for a room ? Private room for you two with wi-fi and kitchen for 20 euros. » Ah bin là mon Slavsko, tu jases ! Le v’là notre aubergiste.

La vieille ville était accessible en autobus relativement facilement. Et franchement, ça valait le détour. Surtout que, surprise ! ils tournent des épisodes de Game of Thrones (Le Trône de Fer) au moment où on fait notre visite. Pour les fans de la série (comme moi) ou des livres (comme moi), ça voulait dire parcourir les rues de King’s Landing, apercevoir les drapeaux des Lannisters et des Baratheons sur les remparts, croiser des esclaves dans les rues (pas des vrais là, des comédiens) puis même être aveuglé par les reflets du soleil sur les armures des gardes de la ville (encore une fois comédiens).

Ça y est, Dubrovnik venait de devenir le meilleur détour de ma vie.

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Lannisters & Baratheon flag — crédit photo : Félix-Antoine Huard[/caption]

On a visité des musées, profité des terrasses et on s’est même prélassé sur la plage à Dubrovnik, mais sans devoir partager un dortoir avec 6 autres personnes, toutes professionnelles en TeckTonik. Même si je n’ai pas eu la chance de croiser des personnages principaux de la série télé ou d’assister à un mariage (thanks God), j’ai quand même pu vivre Dubrovnik différemment. Parce que je sais bien que les Lannisters n’ont jamais habité la ville fortifiée, ça m’a permis de mettre des noms et des images sur les gens qui y ont vraiment vécu depuis plus de 1000 ans.

Je sais que c’est kitsch, mais Dubrovnik m’aura permis non seulement de voyager en Croatie, mais aussi de voyager dans un univers de fiction. C’est presque Disneyland !

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