Des limites ? Quelles limites ?
Je dois l’admettre… Je suis peut-être allée un peu fort cette fois. Une féministe, anxieuse, hyper-structurée et organisée en plein milieu de l’Afrique rurale… Dit comme ça, on voit tout de suite que ça sent la catastrophe. Ou la tragicomédie. Comme un mauvais plan foireux du beau-frère. Pire, c’est comme un petit gros, asthmatique et fumeur qui décide de courir le marathon. Yish!
J’ai découvert, tard dans la vingtaine, que j’aimais bien voir jusqu’où je pouvais pousser mes limites. Jusqu’à quel point je pouvais tirer sur l’élastique avant qu’il pète. Un peu comme un enfant qui gueule devant ses parents, d’un air défiant, jusqu’à ce que vienne la claque… Bien là, la claque, je pense que je viens, un peu, beaucoup, de l’avoir! Sauf que l’enfant que je suis était convaincu qu’il l’avait évitée.
Quand je suis arrivée au Bénin, il y a deux mois, j’ai trouvé ça facile. Trop… Pas de choc majeur. Je me suis dit : « Ben voilà, fille, c’est dans la poche! Tu es une grande aventurière maintenant! Go get them tiger! » Mais voilà, il paraît que c’est ce qu’on appelle, en jargon de pseudo-pop-psycho-du-voyageur, la lune de miel. Pour moi, ça a duré plusieurs semaines, cinq ou six.
Puis vlan! Le choc. Je devrais parler de « crise » ou de « confrontation ». Ce que je me plais à appeler le « quessé-que-je-crisse-icitte ». Il est quand le prochain vol pour Montréal? J’en ai plein le… pompon. Et on dirait que la crise est directement proportionnelle à la lune de miel… Donc, il me semble que j’ai passé deux semaines dans un état de confrontation. Même mon estomac s’est rebellé… Deux fois plutôt qu’une!
Mais bon, comme dirait ma psy, tout finit par passer… Le bon comme le mauvais. Et tu t’ajustes. Ça tombe bien, dans le jargon, on parle de phase d’ajustement. Je crois que j’y suis. Du moins, j’essaie, comme j’ai tenté de l’écrire dans mon billet précédent. Sauf qu’il y a une partie de moi qui résiste. Qui dit, non, je ne veux plus essayer. C’est juste trop. Voilà, elle est là, ma limite. Je n’atteindrai jamais cette dernière étape, cette merveilleuse « aisance biculturelle ». Je suis le petit gros, fumeur et asthmatique, au 41e kilomètre. Et j’ai le goût de dire « fuck it ».
Sauf que je ne peux pas. Parce que les limites, c’est comme des pantalons de jogging pour femmes enceintes avec un élastique super-méga-turbo résistant… Ça s’étire vraiment longtemps. Et quand tu penses que tout va péter, tu trouves encore le courage d’avancer. Parce que oui, je crois vraiment que « magic happens outside your comfort zone ».
P.S. / N.B. / Disclaimer : Une petite note à l’intention de mes parents et amis qui auraient peut-être, je dis bien peut-être, la tendance à s’inquiéter… Entre le moment où je vis les événements, celui où je les écris et celui où je les publie, il y a pas mal de décalage. Donc, il faudrait pas trop vous en faire. Je vais bien, je mange, je dors et je ne manque de rien. D’acc, maman?