L’Éthiopie cyclique ou les éternels projets de voyage

Voici un petit texte que j’ai écrit il y a quelques mois déjà. Il me semblait d’actualité puisque je suis présentement en formation en vue de mon départ éminent pour l’Éthiopie.

L’Éthiopie cyclique ou les éternels projets de voyage

Depuis que j’ai commencé mon Cégep en 2005, mon avenir se dessine environ six mois en avance pour une période de six à douze mois. Une session se termine et je me trouve une job d’été, un stage ou un projet de voyage. Alors quand j’ai terminé mon Bac, je ne vous dis pas l’angoisse que ça a provoqué en moi! Ça faisait déjà huit ans que je vivais à ce rythme où je n’avais pas à me soucier de mon avenir à moyen terme (oui, huit ans c’est long, pour un DEC et un Bac…). Un soir, j’ai regardé 2 frogs dans l’Ouest, un film dans lequel une fille laisse tomber ses études pour partir à l’aventure à Whistler. C’est comme ça que j’ai eu l’idée d’aller enseigner en Ouganda « afin d’acquérir de l’expérience ». C’est ce que je disais, mais j’avais juste peur de commencer ma vie d’adulte et de m’installer bien confortablement dans cette société où je n’arrivais pas à trouver mon compte. À mon retour, je suis tombé par hasard sur la maîtrise de mes rêves. J’avais enfin trouvé ma voie professionnelle. Alors j’ai désangoissé: encore deux ans pour souffler avant de devenir une vraie de vraie adulte responsable.

Là, j’ai 28 ans, toutes mes dents, une maîtrise en poche et de l’expérience dans un domaine qui me passionne. Et pourtant, je n’ai pas vraiment envie de me poser. Je regarde les offres d’emploi. Je vois ces descriptions de poste et je me dis « WOUAHHHH quelle job de rêve! » suivi d’un « WOUAHHHH maudit que je suis pas prête à avoir autant de responsabilités! On m’a jamais vraiment appris à gérer un budget, dans cette maîtrise! Pis comment je vais faire pour être une bonne leader? »

Ainsi, dans le dernier mois, j’ai décidé que j’irais apprendre la plongée sous-marine à Zanzibar puis en Afrique du Sud. J’ai aussi décidé que j’irais faire un volontariat au Népal, mais on m’a plutôt proposé un poste dans le domaine de l’hôtellerie au Sri Lanka. Je n’ai pas compris pourquoi. J’ai ensuite pensé que je devais aller apprendre l’espagnol au Costa Rica. Après je me suis dit que ça faisait longtemps que j’avais pas été en Europe. Finalement, je me suis dit qu’un woofing en Gaspésie ou en Alberta me ferait tellement du bien.

Entre tout ça, dressée au-dessus de tous ces projets, l’Éthiopie m’attend sagement. Elle revient entre chaque nouveau projet. Elle est belle, drôle, vibrante, accueillante, délirante, colorée, quoiqu’un peu sèche ces temps-ci. Éthiopie, j’irai à toi et tu viendras à moi. On s’entraidera. Moi je te supporterai dans tes efforts de développement rural et toi tu me permettras d’apprendre encore et encore. Il faut que j’arrête de chercher midi à quatorze heures, c’est ça, ma voie. L’Éthiopie, elle a ravi mon cœur à jamais!