La fois où j’ai pleuré dans les bras de Mer et Monde

Félix-Antoine Huard
Monsieur et Madame Tout-le-monde
3 min readJun 10, 2016

Je fêtais mon 49e jour au Sénégal.

Tout allait bien. Mon stage avançait, ma famille continuait à être géniale, la météo était clémente et je gérais bien l’amour à distance. J’étais fière de moi et confiante pour la suite.

Par contre, j’étais épuisée. Les bruits du quartier, les appels à la prière et les jappements des chiens m’avaient empêchée de dormir, moi qui m’étais d’ailleurs couchée assez tard pour un lundi soir. J’avais aussi eu un gros weekend à la maison, car on avait fêté le premier anniversaire du décès du papa. Ç’avait été une grosse journée pour une petite Québécoise comme moi !

Ainsi, lors de ce fameux 49e jour, j’ai décidé de quitter le travail plus tôt. Je suis venue faire un petit dodo de fin d’après-midi dans mon grand lit, bien protégée sous mon fameux moustiquaire anti-malarien.

Vers 18 h 00, je me suis réveillée.

Et là, ça n’allait pas du tout.

J’étais étourdie, j’avais des nausées, j’avais mal à la tête et je commençais à avoir des chaleurs.

Alors, fouille-moi pourquoi, je me suis mise à pleurer. Comme un gros bébé. Tellement, que je n’étais même plus capable d’arrêter. Plus je pleurais, plus j’avais envie de pleurer. Et je ne comprenais pas pourquoi. Je venais de me reposer, non ? Qu’est-ce qui n’allait pas avec moi ? Je me disais : « Mido, tu as 25 ans. Prends sur toi. »

J’avais honte.

Je n’osais même pas sortir de ma chambre pour aller expliquer à ma famille sénégalaise que je pleurais pour une raison mystérieuse. J’étais coincée. Je me sentais toute petite et coupée du monde.

L’option d’envoyer un message texte à l’équipe de Mer et Monde m’est venue à l’esprit assez rapidement. J’ai pesé les pours et les contres, puis j’ai fait le move. J’ai texté Adèle, une charmante sénégalaise qui fait partie de l’équipe de Mer et Monde depuis plus de 15 ans (à droite sur la photo). Mon message ressemblait à quelque chose comme :

« Adèle, c’est Mido. Je suis revenue plus tôt du travail aujourd’hui parce que je ne me sentais pas bien. Là, j’ai des maux de tête, des étourdissements et je ne peux pas arrêter de pleurer pour une raison que j’ignore. J’ai honte et je n’ose pas sortir de ma chambre. J’sais pas quoi faire… »

Quelques minutes après, mon téléphone s’est mis à sonner.

« Midorie, c’est Adèle. Je saute dans un taxi toute suite et j’arrive. »

J’allais déjà mieux.

Effectivement, peu après son appel, Adèle cognait à la porte de ma chambre. Elle est entrée, m’a fait un gros câlin et m’a dit de continuer à pleurer et de tout faire sortir.

Je ne me suis pas fait prier.

Ensuite, elle a remarqué que j’étais brûlante. Elle m’a épongée le coup et la tête avec une serviette humide. Elle est même allée m’acheter des fruits et un nouveau thermomètre. Elle m’a aidée à prendre ma température et m’a consolée, du mieux qu’elle le pouvait. Elle m’a dit qu’il est normal de pleurer parfois. Qu’on n’a pas à toujours être fort. Elle m’a dit et redit qu’elle était là pour ça. Que ça lui faisait plaisir de m’aider. Que je pouvais l’appeler en pleine nuit si ça n’allait pas. Adèle, mère de trois jeunes enfants, s’est mise entièrement à ma disposition.

J’ai repris du mieux tranquillement, la fièvre est passée et j’ai retrouvé le sourire.

Merci Adèle.

Merci, parce que même si c’est ta “job”, tu n’étais pas obligée d’être aussi authentique et sympathique. Merci à Mer et Monde aussi, qui ne me demande jamais rien, mais qui me donne beaucoup.

Vous savez, c’est aussi ça être en voyage. C’est être malade et devoir compter sur des gens que l’on ne connaît pas beaucoup ou pas du tout. C’est faire un câlin à quelqu’un qu’on a rencontré quelques semaines auparavant seulement. C’est accepter d’être vulnérable un court instant…

Note : Mer et Monde ne reçoit rien pour cet article et l’initiative de l’écrire vient de moi et de moi seulement. :)

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