Le vide qu’il y a en dedans de moi…

Félix-Antoine Huard
Monsieur et Madame Tout-le-monde
3 min readMay 8, 2016

Depuis quelques jours, je retourne la question encore une fois dans ma tête pour essayer de comprendre. Je suis qui, moi? Qu’est-ce que je cherche, au juste? C’est quoi ce besoin-là que j’ai encore et encore de partir encore plus loin parce que je pense que ça va être mieux ailleurs? Pourtant, je l’aime mon chez moi. Je l’aime d’un amour inconditionnel, malgré les parkings pas déneigés pis les trajets de bus qui n’en finissent plus pour se rendre sur la rive-sud. Chaque infime morceau de Québec et de Lévis me manque en ce moment.

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Trajets interminables (Crédit-photo: ici.radio-canada.ca)[/caption]

J’aimerais tant me réveiller en ce beau samedi matin de l’été il y a deux ans où Régis avait décidé que les poubelles, c’était le samedi soir qu’on les ramassait! Ça puait sur la rue St-Jean. On pouvait même plus marcher sur le trottoir devant le Crack tellement il y avait des vidanges. Il faisait soleil. C’était l’endroit que j’aime le plus au monde, avec un peu plus d’odeurs pis de chialage que d’habitude. Pis c’était merveilleux quand même. Fac t’imagines, quand ça pue pas! (Mais ça chiale tout le temps pareil…)

Fac c’est ça. Tout l’automne, j’ai attendu avec impatience mon départ pour l’Afrique. Je rêvais d’ailleurs, de découvertes, d’apprentissages, de rencontres. Pis maintenant que je suis ici, Québec me manque. Je rêve de l’ailleurs qui est mon chez moi. C’est quoi mon problème, au juste? Ben… J’avais pas compris que le vide qu’il y a en dedans de moi, qui me pousse à fouiner chaque racoin reculé de la planète pour voir si c’est plus beau sous d’autres cieux, je vais pas le combler en étant sur un autre continent, avec d’autres personnes, dans un autre décor. Je vais le combler en trouvant ce qui peut me rendre heureuse, ici et maintenant.

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Tout près du vide (crédit photo: Anne-Marie Angers)[/caption]

Certains font le choix de donner un sens à leur vie grâce à un gros char pis une TV plasma. Moi, j’essaie de lui donner un sens en aidant les gens. Ceux que je ne connais pas, ceux qui ont vraiment souffert. Ceux à qui j’aimerais donner la chance d’avoir eu des opportunités aussi belles que les miennes. Ceux qui n’ont pas eu des parents extraordinaires pour les soutenir. Mais le truc, c’est que des fois j’ai pas d’espoir. J’ai beau tout donner, il va rester quoi, pour mes enfants? Une planète où on interdit aux gens de vivre à cause de leur religion, de leur ethnie ou de leurs opinions? Un pipeline qui aura déversé tout son pétrole dans ma belle rivière Etchemin? Je vais faire quoi, moi, sans toutes ces fleurs multicolores, sans tous ces oiseaux qui chantent tous les matins?

Alors je voyage. Je voyage pour me redonner espoir. Parce que dans chaque sourire des personnes que je rencontre, il y a l’espoir d’une vie meilleure. Il y a l’espoir qu’un jour, les humains arrêtent de se taper dessus et puissent enfin rire ensemble. Parce que comme l’a si bien dit George Carlin, Everyone smiles in the same language. C’est ce langage-là que je recherche dans tous les racoins de la planète. Pis c’est ma langue de Michel Tremblay qui me manque aujourd’hui. Pis c’est ben correct, parce que les sourires de ma famille et mes amis me donneront toujours l’espoir de continuer. Mais je vais continuer à me lancer dans le vide pareil!

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Everyone smiles in Lusoga (crédit-photo: Anne-Marie Angers)[/caption]

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