L’Inde dans votre assiette!

Félix-Antoine Huard
Monsieur et Madame Tout-le-monde
3 min readMay 19, 2016

Cardamone, cumin, curcuma, coriandre, poivre… Autant de noms d’épices qui ont fait la réputation de l’Inde et alimenté la convoitise des empires coloniaux. Des termes comme Route des Indes et Compagnie britannique des Indes orientales nous rappellent encore aujourd’hui ce passé colonial.

Cette richesse d’épices continue de nos jours à forger l’image du sous-continent indien dont la cuisine se taille une place de choix sur la scène culinaire internationale. Il est désormais possible de manger des plats indiens au quotidien et l’utilisation du poivre est maintenant chose du commun. Quelle a donc été ma surprise lorsque j’ai découvert toute la variété des saveurs, des textures et des mets dont l’Inde regorge! Je me suis bien vite rendue compte que le pain naan, le poulet au beurre et le poulet tandoori ne représentaient qu’une infime partie de la cuisine indienne du Nord, plus spécifiquement du Punjab. Pour ce qui est de la cuisine du Sud, les mots idli, appam et dosa m’étaient complètement étrangers.

La cuisine de l’Inde du Sud étant peu connue à l’extérieur du pays, je me suis dès lors livrée à de véritables expériences culinaires, goûtant les spécialités de la région et assistant ma mère tamoule dans la cuisine. Il convient de mentionner ici la difficulté de participer à la préparation des repas. En effet, dans la culture indienne, on accorde beaucoup d’importance à l’invité que l’on accueille très souvent avec un verre de thé chai, une règle d’hospitalité dans la culture indienne. Alors qu’au Québec, l’invité cherche souvent à aider l’hôte en faisant la vaisselle ou en préparant une partie du repas, il en va tout autrement en Inde où l’invité est tenu à l’écart des préparatifs de la soirée.

J’ai aussi découvert que les mots liés à la cuisine n’avaient pas nécessairement la même signification en Inde qu’au Québec, ce qui peut parfois occasionner de drôles de situations. Par exemple, un soir de semaine, ma colocataire de chambre Sindy voulait que l’on cuisine un gâteau au chocolat pour initier notre famille d’accueil tamoule aux desserts de chez nous. On leur demande alors s’ils ont un four. Après avoir obtenu une réponse positive, nous avons entamé la préparation du dessert. Une fois la pâte finie, il ne nous restait qu’à la mettre au four. Notre plan de gâteau est néanmoins tombé à l’eau lorsque nous avons réalisé que pour eux le mot « four » signifiait « four à micro-ondes »…

Les heures plus tardives des soupers, les pauses chai de l’avant-midi et de l’après-midi ainsi que les règles de table indienne où l’on ne mange qu’avec sa main droite (la main gauche était réservée à des tâches moins pures) sont d’autant de facettes de la culture culinaire qui m’ait été données de découvrir. Outre que d’être devenue experte dans l’art de manger du riz avec ma main, je me suis développé un véritable penchant pour les dosa, sorte de crêpe tamoule des plus exquises. D’ailleurs si vous avez envie d’initier vos papilles gustatives aux saveurs du Sud de l’Inde, je vous recommande fortement le Thanjai Restaurant à Montréal! Juste d’y repenser j’en ai déjà l’eau à la bouche.

Tout ça pour vous dire d’oser sortir votre fourchette et manger hors des sentiers battus. Sur ce, bon appétit!

Crédits photos : Gabrielle Angers-Gosselin

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