Profession “Farmer”
J’étais assise dans l’avion qui me ramenait vers l’Australie après avoir passé deux mois en Asie du Sud-Est. Il ne restait plus qu’une heure ou deux à mon vol et j’avais bien hâte d’arriver. L’hôtesse est passée dans l’allée et m’a tendu un petit formulaire à remplir pour la douane. Le genre de formulaire avec des questions ultra faciles; ton nom, ta citoyenneté, ton numéro de passeport, si tu as plus de 10 000 $ cash sur toi et est-ce que tu prévois commettre un acte terroriste quand tu arriveras au pays. Des questions à réflexion quoi!
En bonne passagère, je me suis donc exécutée à la tâche, jusqu’à ce que j’arrive à la question fatidique à laquelle je ne pouvais pas répondre, mon occupation.
Mon occupation, mon occupation… Oui j’ai un bac. en communication marketing, mais ça fait plus d’un an que j’ai pas travaillé dans le domaine. Je ne me donnerais pas exactement le titre de spécialiste des communications tsé. Sinon… Ah! J’ai été barista après mes études… mais je prévois pas vraiment refaire ça, c’était plus pour payer mon billet d’avion. Puis, en Australie, j’ai travaillé dans une ferme pendant plus de trois mois. C’était obligatoire si je désirais rester pour une deuxième année au pays, puis c’était une bonne façon d’économiser. Mais, ça ne fait pas exactement de moi une agricultrice non plus.
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Crédit photo : Laura Bélanger[/caption]
Je regarde à gauche et à droite, question de me donner un peu d’inspiration, ou encore de me rassurer en me disant que je ne suis pas toute seule à ne pas avoir une VRAIE occupation de job d’adulte dans la vie. Un comptable et une infirmière, non définitivement, je ne suis ni l’un ni l’autre, ça ne m’aide pas du tout, merci.
Je me mets à penser à mes parents qui ont pratiqués le même métier pendant plus de 20 ans, 20 ans! Ma mère comme professeur et mon père comme directeur d’un collège d’informatique. Oui, ma mère c’est une prof… mais c’est aussi ma mom, une blonde, une joggeuse du dimanche, une jardinière passionnée. Et mon père, oui c’est un directeur… mais c’est aussi un cycliste, un papa, un gratteux de guitare, un amoureux, un « patenteux » dans son garage. Plus j’y pensais, plus je trouvais ridicule que la seule chose qui nous définisse officiellement soit celle qui remplisse notre compte en banque. Parce qu’au fond, l’objectif c’est bien de travailler pour vivre, non? Pas de laisser cet aspect de nous nous définir entièrement. Pourquoi je me sens soudainement stressée de ne pas avoir d’occupation officielle alors que je viens de passer deux mois à manger des pad thaïs pis à faire du surf moi là?
Ça me démangeais donc de remplir la case par un : life lover, world traveller ou bin ukulele player, mais ça me disais pas vraiment de faire rire de moi à la douane.
Faque j’ai rien écris… e-rien!
Je descend donc de l’avion avec en main mon petit formulaire incomplet, attendant patiemment mon tour.
- Morning! Hum, there is something missing, what was your last job please?
- … euh, I’ve worked in a farm.
- F-a-r-m-w-o-r-k-e-r. Thank you, welcome in Australia!