Retrouver le temps

Félix-Antoine Huard
Monsieur et Madame Tout-le-monde
3 min readNov 17, 2015

11 septembre 2012

Je me suis laissée aller à ne plus écrire pendant les dernières semaines de mon voyage au Cameroun pour plusieurs raisons : la vie me plaisait tellement là-bas que je ne ressentais plus le besoin de communiquer avec “la réalité”, Internet était toujours la cause de rages intenses, et un aura de paresse m’entourait. Je n’avais plus vraiment l’impression que je faisais partie de ce monde auquel j’étais censée appartenir, parce que mon nouveau chez moi m’apportait tout le bonheur dont j’avais besoin. De l’amour, de l’amitié, des moments simplissimes, mais d’une beauté rare, l’aventure, le temps éternel… Mais il ne l’était pas, éternel, puisqu’après tout, cette aventure a touché à sa fin. C’est difficile d’y croire, comme si tous ces instants magiques n’avaient été qu’un rêve.

Ce que je retiens de mon expérience, c’est qu’il faut savoir profiter du moment présent. Au Québec, le temps, il faut lui courir après, il faut l’attraper au lasso et espérer qu’il ne se débattra pas pour s’enfuir… Mais il s’enfuit tout le temps. Et on court jusqu’à s’essouffler et ne plus se souvenir de la raison pour laquelle on s’était élancé à sa poursuite. Le temps, il faut lui laisser la chance de s’épanouir. Ici, on se sent pris dans les minutes et dans les secondes. Je ne sais pas si ça vous arrive aussi au retour de voyage : j’ai peur de ne pas réussir à tout faire, j’ai peur de ce que je n’ai pas réussi à faire et j’ai peur d’oublier ce que je devais faire. Est-ce qu’il existe réellement un moyen de revenir à la réalité? Est-ce qu’on arrive à se réajuster à notre ancien mode de vie, à s’accorder avec le temps nord-américain?

En fait, dans le rêve, on vit des moments intenses, des merveilleux comme des plus difficiles et le temps s’écoule doucement. Et soudain, on se rend compte qu’il est compté : on arrive au bout de l’aventure! Tout semble si différent, on doit dire au revoir aux gens qu’on a chéris. On est libéré des toilettes dégueu, de l’eau à filtrer, des gens qui nous « achalent » parce qu’on est blanc, de la bouffe qui goutte toujours la même affaire… On se rend compte que tout ça, on aimait ça. Ça faisait partie du trip.

La marche vers l’avion est pleine de contradictions. On a hâte de revoir nos proches, on a hâte de retrouver notre confort, mais on doit aussi mettre une croix sur ce monde merveilleux. C’est comme irréel. Et l’avion décolle en tirant un trait sur notre beau rêve, celui qui nous semblait si lointain, si intangible quand on a acheté notre billet, si effrayant quand on est atterri dans ce lieu inconnu. Le rêve, une fois devenu réalité, doit se terminer, pas vrai? D’habitude à la fin d’un rêve, on se réveille, là on s’endort dans un siège d’avion inconfortable. Et le temps recommence…

…Arrêter le temps pour se lancer dans le vide et découvrir que le vide est un univers d’êtres à découvrir, à comprendre et à apprendre à aimer. Arrêter le temps pour réaliser que les voyages, c’est la plus grande école de la vie… Parfois on a des A+, parfois on est confus et on se retrouve avec une moins bonne note. L’avantage, c’est qu’en voyage, il n’y a jamais d’échecs.

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Crédit : https://pixabay.com/fr/horloge-terre-globe-montre-de-poche-853698/.[/caption]

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