Savoir sans savoir

Félix-Antoine Huard
Monsieur et Madame Tout-le-monde
2 min readJan 21, 2016

Je suis à quelques mois de prendre l’avion pour vivre une nouvelle aventure à des milliers de kilomètres du Québec. Ce n’est pas mon premier départ. Je sais ce que c’est que de partir et de revenir. Je connais le pattern : la lune de miel, le choc culturel, la colère, l’adaptation, l’aisance… Chaque fois, c’est la même chose… ou presque.

Je sais très bien que je vais pleurer.
Je sais que je vais m’ennuyer.
Je sais que je vais tomber malade de quelque chose de mystérieux.
Je sais que je vais me demander, à un moment donné, ce que je fais là.
Je sais que je vais avoir peur.
Je sais que je vais manquer de beaux moments à la maison.
Je sais que je vais perdre des gens de vue… et probablement quelques objets.
Je sais que je vais me fatiguer dans les transports.
Je sais que je vais revenir changée, transformée.
Je sais que je vais me sentir seule par moment.
Je sais que je vais appeler ma maman en pleurant.
Je sais que je vais rêver des bras de mon amoureux.
Je sais que je vais vouloir tout lâcher à un moment ou un autre.
Je sais que je vais vivre des imprévus, des grands et des petits.
Je sais que mon lit va me manquer… en plus de mon doux chaï latté.
Je sais que je vais hésiter et douter.
Je sais tout ça, mais je l’accepte.

Au fond, on doit bien être un peu fous. Fous de réitérer de telles expériences au fil des ans, fous de partir découvrir le monde, alors qu’on sait que les semaines et les mois seront parsemés d’embûches et de défis personnels.

Oui, on l’est un peu.

Par contre, ce qui nous sauve, c’est qu’on sait… sans vraiment savoir.

Je ne connais pas encore le moment où je vais pleurer de joie.
Je ne connais pas encore les magnifiques personnes que je vais rencontrer.
Je ne sais pas encore quelles belles histoires j’écrirai dans mon journal une fois sur place.
Je ne sais pas encore à quelle nourriture délicieuse je vais goûter, quel paysage grandiose je vais observer, quelle musique merveilleuse parviendra jusqu’à moi.
Je ne sais pas encore quelles discussions me feront grandir, quel livre éclairera mon présent, quelle brise me donnera le coup de fouet nécessaire pour avancer et pour réussir.

Et c’est le désir de connaître tout ça qui m’encourage à foncer et à partir. Je suis prête à verser quelques larmes si, au bout du compte, elles débouchent sur le plus grand des sourires.

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