Un ami avec une pancarte à nom
11 janvier 2016, Kigali, Rwanda
J’ai une confession. Je ne sais pas pour vous, mais jusqu’à il y a environ deux heures de cela, j’avais toujours trouvé intrigant les gens qui se faisaient accueillir à l’aéroport avec une pancarte à leur nom. Qui étaient donc ces personnes assez importantes pour qu’on leur paie non seulement un ami pour venir les chercher après un long voyage, mais qui plus est, un ami qui, sans même ne les avoir jamais rencontrées, arrivait avec une bagnole de luxe et transportait leurs bagages? Je fus saisie d’une petite angoisse quand je découvris que je faisais maintenant partie de ce club sélect : à mon escale à Amsterdam ce matin, j’appris que l’hôtel où je dois rester pour les premiers jours de mon stage à Kigali m’enverrait un chauffeur et un ami avec une pancarte à mon nom. C’était la première fois que je partais seule pour un si long séjour (au Cameroun nous étions trois stagiaires du même organisme et en Ouganda, je suis partie avec mes deux amies d’enfance) et j’ai réalisé qu’il n’y aurait aucun visage connu pour m’accueillir. Petite larme de circonstance… Mais qu’allais-je donc faire dans un pays où je ne connaissais personne? C’est ainsi que je me rendis compte que ce qui me turlupinait dans cette histoire de pancarte, c’était cette impression qu’une certaine solitude devait nécessairement émaner de celui qui voyage pour le travail. Et j’étais maintenant des leurs.
Heureusement, tout est rentré dans l’ordre dès que j’ai mis le bout du nez hors du cockpit. L’odeur de l’Afrique! Celle qui m’a transpercé le cœur pour la première fois en 2012 et à laquelle je suis accro. Cette chaleur humide, cette attente interminable aux douanes, ce jeune homme en habit qui tenait une pancarte écrite Anne-Marie en stylo bleu, c’était en quelque sorte chez moi. Ce « Welcome to Rwanda — oh you speak French? Je parle français. Bienvenue! », ce mini bus déglingué, ces motos taxis, et surtout, Amandine, la stagiaire que je remplace, qui m’attendait à l’hôtel, ils m’ont fait poussé un soupir de soulagement. Je sais que je ne serai pas seule, je sais que tout ira bien. Je ne connais que très peu le Rwanda, j’y ai passé seulement une semaine, mais c’est tout de même chez moi. Un chez moi que j’apprendrai à découvrir sous toutes ses facettes et dont je donnerai des nouvelles. Bref, ce qu’on traîne dans notre sac à dos et qu’on retrouve dans les odeurs, dans les images, dans les sons de ces nouveaux endroits que l’on découvre ou redécouvre pour la première fois, pour le voyageur, quel que soit son motif, ce sera toujours chez lui!
[caption id=”attachment_3184" align=”aligncenter” width=”838"]
La vue depuis l’hôtel à Kigali, Rwanda, par Anne-Marie Angers[/caption]