Voyage sur les berges du Saint-Laurent

Félix-Antoine Huard
Monsieur et Madame Tout-le-monde
2 min readDec 29, 2015

Au Québec, les régions ont une culture bien à elles. Après avoir habité en banlieue et dans les grosses villes, j’ai récemment emménagé dans le Bas-Saint-Laurent. Je vis dans un petit village en Matanie qui compte 1700 habitants regroupés sur les berges du Fleuve Saint-Laurent et jusque dans les terres -là où les rues deviennent des rangs. Mon village compte une magnifique église, une épicerie -avec un comptoir SAQ (Merci !), une cantine, une chocolaterie, un bar, un centre des loisirs, une école primaire, une caisse Desjardins et un bureau de poste. Excepté la station d’essence qui a fermé il y a quelques années de cela, on a tout ce qu’il faut pour bien vivre au quotidien sans avoir à sortir trop souvent « en ville ».

Je me suis faite adopter et j’ai adopté ce petit lopin matanais.

Je me suis éprise de mon coin bas-laurentien, de cette vie quelque peu au ralenti, du vent salin qui souffle sans répit, de l’odeur des cheminées qui fument, du roulis infini des vagues et du silence qui enveloppe la nuit. J’ai appris à distinguer les aurores boréales timides au-dessus de Baie-Comeau et à marcher sur la plage dans le noir de la nuit.

Je fais aussi une collection de verre poli que je trouve sur la plage, je vais dans l’bois faire des rides dans la boîte du pick-up d’un ami, chaque fois que je marche sur la rue principale je salue Bertrand qui est toujours dehors à surveiller le voisinage (il fait aussi des « canards gossés » avec du bois de grève), je trouve qu’il y a du trafic quand j’attends plus que deux lumières rouges pour traverser une intersection, quand je vois quelqu’un marcher dans la rue, je vais regarder par la fenêtre pour savoir qui c’est, je fais des soupers avec mes voisines qui sont devenues des amies et les mots chesser et bin manque se sont greffés à mon dictionnaire. Je ne suis seulement pas encore rendue à boire de la Coors Light tablette.

Je ne sais pas quand se terminera ce voyage quotidien au cœur de ma région d’adoption, mais je me sens choyée de découvrir chaque jour un nouveau visage de notre beau Québec.

Photos : Fanny Allaire-Poliquin

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