Freelance depuis 10 ans !

L’aventure a commencé fin 2008. Rétrospective et remerciements. 😁

Florent Morin
Morin Innovation
11 min readNov 8, 2018

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Au commencement : une envie d’indépendance

Après avoir passé 2 ans en tant que développeur et après avoir obtenu un CDI, j’ai pu rassurer mes proches sur ma capacité à trouver une situation stable.

La sécurité de l’emploi, tout ça, ce n’était pas trop mon truc à l’époque. Ça n’a pas changé aujourd’hui, mais on ne sait pas de quoi sera fait demain. Au pire, je pouvais donc retrouver un CDI.

Mais ce n’est pas mon tempérament. J’ai besoin de me challenger. J’ai besoin d’indépendance. Et j’ai surtout besoin de liberté.

C’est décidé, je deviendrai freelance.

Être freelance, c’est être expert

À l’époque, j’étais déjà bien fan des systèmes UNIX. J’avais construit tout une panoplie d’outils pour GNU/Linux et SCO. Y compris en embarqué. J’avais aussi fait pas mal de web. Et j’avais construit quelques interfaces utilisateurs qui avaient prouvé leur efficacité.

J’avais donc plusieurs cordes à mon arc et plusieurs points de pivot.

Il me fallait juste quelque-chose qui me permettent d’exploiter au mieux mes différentes compétences, et surtout qui me permette de me challenger.

Et la réponse n’allait pas tarder à arriver.

Mi-2008 : Apple ouvre le SDK de l’iPhone aux développeurs

Ce fut pour moi une révélation au sens professionnel. La société californienne venait d’annoncer l’ouverture de son SDK aux développeurs.

De l’embarqué (mobile) au coeur d’un environnement UNIX, avec en plus une expérience utilisateur exigeante : j’avais trouvé ma cible de prédiction.

La décision

Je n’avais pas un sou en poche, rien de rien. Ce n’était absolument pas le bon moment. Mais si on attend le bon moment, on peut attendre longtemps et passer à côté de sa vie.

Sans rien connaître à l’entrepreneuriat, sans avoir de proche dans le milieu ni même un vrai réseau, je me suis lancé sans filet.

En août 2008, je me préparais au véritable lancement fin 2008.

Des débuts chaotiques 😅

Au début, j’ai commencé par faire des missions dans mon domaine de compétence initiale, le temps de me former correctement au SDK iPhone.

La crise de 2008

En 2008, la crise financière n’a pas vraiment facilité les choses. Il était très difficile de trouver des missions. Et quand on est juste lancé, c’est encore pire.

Au final, cette expérience a été formatrice : si j’ai pu y survivre, je pourrai probablement survivre aux suivantes.

La bonne parole des conseillers

Le meilleur conseil que j’ai reçu, c’est : “Vas-y, c’est ton domaine. Moi, j’y connais rien. Fais juste attention à ne pas faire 2 fois la même erreur.”

Et le pire conseil que j’ai reçu : “On a déjà connu ça avec BlackBerry et les PDA. Tout ceux qui ont essayé se sont plantés. Et qui irait acheter un téléphone à ce prix-là ? Cela n’a aucun avenir. Trouve plutôt un vrai travail.”

Les meilleurs conseillers sont ceux qui ont des réussites multiples (c’est facile d’avoir un bon associé) à leur actif et qui ont surmonté des difficultés réelles.

Les premiers temps

Je ne peux que remercier les premiers clients à m’avoir fait confiance.

J’ai commencé par du développement C/C++ jusqu’à avoir une connaissance suffisante du SDK iPhone.

Évidemment, je travaillais 10 h / jour pour mes clients et le reste pour apprendre le SDK iPhone et/ou le métier d’entrepreneur. Le week-end me permettait également de travailler.

J’ai fait toutes les erreurs possibles.

L’accident

Début 2009, j’ai eu un accident de voiture particulièrement violent : face à face sur le verglas, voiture explosée, sternum cassé à 2 endroits, plusieurs côtes cassées / fêlées.

Autant dire, j’étais cassé de partout. Je souffrais comme pas permis.

J’ai continué mon activité : inutile de se trouver des excuses. On s’allonge, on travaille à son rythme avec l’ordinateur sur le ventre. On fait des bonnes nuits pour récupérer. Mais on travaille, on ne lâche rien.

Au bout de 3 mois, c’est redevenu supportable. Ça forge le caractère.

Manger de la vache enragée pendant 5-6 ans

Et oui, ça fait quelques années. Je suppose que la crise financière n’a rien arrangé, mais se trouver des prétextes n’est pas ma vérité : j’ai surtout fait beaucoup d’erreurs que j’ai payé cher.

Heureusement que mes proches étaient là pour que je puisse manger à ma faim et continuer mon activité pendant cette longue phase d’amorçage.

Il n’y a rien de plus humiliant que de travailler à un tarif modeste (junior), pendant des heures, tous les jours, sans prendre de vacances, et ne pas pouvoir faire bouillir la marmite. Ou juste le minimum.

Car, il faut bien le rappeler, je n’avais droit à aucune aide : pas de RSA car moins de 25 ans au lancement, pas de chômage du fait de la démission et donc pas d’aide au logement.

Donc je vivais avec quelques centaines d’euros. Pour autant, j’ai toujours fait en sorte de faire bonne impression vis à vis de mes clients. On ne fait pas confiance à quelqu’un qui ne sait pas se vêtir correctement.

Et on avance. Le moindre coup dur et on reçoit des huissiers qui viennent vous rappeler combien vous êtes un poids pour la société. Et les bons conseils habituels : “trouve-toi un vrai travail”. Les personnes qui vous prennent de haut en disant : “tu n’es pas fait pour ça”.

Psychologiquement, on se sent comme une merde. Mais on fait bonne figure et on continue, car il y a des gens qui comptent : les proches, les amis, les partenaires, les clients.

Et, même si chaque jour est plus noir que le précédent, on continue. Tant qu’il y a du noir, il y a de l’espoir. 😅

Et l’avenir m’a donné raison : toute cette négativité, c’est du bullshit en barre !

2 ans pour sortir la tête de l’eau

Après avoir passé une période très noire, il fallait bien que ça commence à marcher !

Les premiers revenus réguliers

J’ai d’abord eu des clients réguliers, qui se reconnaitront. Ils m’ont permis d’avoir un revenu régulier. Et, petit à petit, régler mes dettes.

Ce n’est pas facile. C’est comme freiner un bateau avec une corde : on a attrapé la corde, mais le mouvement est difficile à freiner.

Malt (ex. Hopwork) : un véritable bol d’air

Quand j’ai découvert Malt, qui s’appelait alors Hopwork, j’ai trouvé l’idée intéressante. C’était une place de marché assez sécurisante pour les freelances.

Elle m’a permis de trouver rapidement de nouvelles missions en ayant la garantie d’être payé. Vu ma fragilité financière, j’avais besoin de ça.

J’ai donc tenté le coup. Et je travaille toujours avec eux, y compris avec mes propres clients.

Je suis en ce moment-même en mission via Malt.

Et enfin : une activité stable 😃

Cela n’a pas été simple, mais depuis 3 ans j’ai une activité régulière stable.

J’ai un revenu qui est à la hauteur de l’effort que je fais pour mes clients et nettement supérieure à celui que j’aurais eu si j’étais resté salarié.

Je prend des vacances, je profite de mes dimanches. Je gère mon temps comme je veux.

Aujourd’hui, je suis un freelance heureux. Fier de contribuer au succès de mes clients. Sans jamais avoir eu à tricher ou quoi que ce soit : je dois ce succès à mon travail et au soutien de mes proches.

Les erreurs

Des erreurs, j’en ai fait un paquet. Florilège.

Accepter les projets où on est payé plus tard

En clair, tu bosses, avec un espoir d’être payé car les gens sont sympas. Et finalement, ils n’ont pas l’argent.

Tu as travaillé gratuitement : bravo. J’ai perdu desmilliers d’euros comme ça.

Pratiquer un tarif le moins élevé possible

Évidemment, au début, il faut être modeste. Mais, quand on a des compétences (c’est la spécificité des freelances), on doit être payé pour ces compétences.

Il y aura toujours quelqu’un de moins cher que soit qui promettra la même chose voire plus.

Mieux vaut être payé plus cher, être efficace et prouver un retour sur investissement. (les témoignages des clients sur Malt sont de l’or pour ça)

Prendre à sa charge les erreurs des clients

J’ai souvent fait ça. Mais, avec ou sans argent, le client peut parfois être vénal.

Je me souviens d’un client avec qui j’avais consenti un effort pour un retard qui n’était pas de ma faute (le client qui change d’avis). Un client fortuné de surcroit. J’ai fait confiance. Il ne m’a pas payé la fin de mission, qui représentait presque un mois d’activité.

Un client qui se plante dans son projet cherchera toujours un coupable. Ne serai-ce que pour ne pas perdre la face. Le client peut être un loup déguisé en agneau.

Les choses doivent être carrées et il faut toujours se sécuriser, même après des mois de bonnes relations.

Ne pas bien définir le périmètre du projet

Je l’ai fait au début de mon activité et j’en ai vite fait les frais. Les “on avait dit que” ou “je n’avais pas compris ça”. C’est normal : chacun a sa vision du projet et chacun a une vision à son avantage.

Il faut tout rédiger sur le papier. Tout formaliser comme il se doit. Si possible, se faire payer à la journée.

Il y a aussi les cas des clients qui reviennent plus tard pour qu’une modification soit faite gratuitement parce que le client est sympa : c’est pas sympa de faire bosser les gens gratuitement.

Travailler en équipe en prenant le risque pour soi

J’ai fait ça aussi. Ce n’est pas très malin. L’expertise vient du freelance, pas de ses collaborateurs.

Le coup du “ton activité grossit, tu vas devoir embaucher si tu veux gagner de l’argent”, c’est faux. Le tout est de bien gérer son activité.

Ne pas être assuré

Malt fournit une assurance RC pro, ce qui protège bien si on a un contrat bien conçu et un projet avec un périmètre bien défini.

Sinon, c’est de sa poche. Une bourde du genre m’a coûté plusieurs milliers d’euros. Alors que l’assurance sert justement à ça.

Se diversifier

J’ai essayé, fut un temps, de m’intéresser à d’autres technologies concurrentes. J’avais une bonne expérience Apple. J’ai voulu faire Android aussi. Pour avoir plusieurs cordes à mon arc.

Quel erreur ! Déjà, ça ne me plaisait pas. Mais en plus, le temps passé sur Android me faisait perdre ma spécialité Apple. Résultat : mes compétences devenaient moyennes. Et, dans le mobile, on ne peut pas se permettre ça.

Par contre, avoir des compétences dans des technologies périphériques est un vrai atout. Dans mon cas, j’utilise souvent le web avec les apps mobiles. J’ai donc une compétence complémentaire qui me permet de concevoir des services web robustes grâce à Ruby on Rails. Je me suis également formé au design. Et j’ai aussi une connaissance particulière de la sécurité informatique, qui est également très liée à ces différents aspects des projets mobiles.

Mais l’apprentissage dans ces domaines est bien moins chronophage que l’apprentissage sur les technologies mobiles. Ce sont des domaines qui évoluent plus lentement et qui sont moins complexes à appréhender.

Et bien d’autres

J’ai fait un paquet d’autres erreurs. Mais l’important c’est de ne pas faire 2 fois la même. Je m’en suis tenu à cette règle et ça m’a permis d’avancer.

Mes bonnes pratiques

Je n’ai pas fait que des erreurs. Ce serait dramatique 😃

Être persévérant sans être obstiné

Il fallait avancer, souvent à contre-courant des bons conseils.

J’ai écouté, analysé mes erreurs et mes succès.

Ce n’est pas parce qu’on fait une chose d’une mauvaise manière que cette chose est mauvaise. Par contre, faire 2 fois la même chose de la même manière en s’attendant à un résultat différent n’est pas très malin.

La semaine de 4 heures

Alors non, je ne fais pas des semaines de 4 heures. Le titre est racoleur, mais il s’agit d’un livre plein de bons conseils.

En gros, c’est un livre plein de bons conseils pour gérer son temps, gérer ses priorités, sans pour autant gaspiller son énergie.

J’ai suivi les conseils de ce livre, du moins une partie : la partie qui me convenait. 😅

Et je dois bien avouer que ça m’a vraiment aidé. C’est en grande partie grâce à ce livre que j’ai pu me sortir de mes difficultés.

J’ai lu d’autres livres, mais objectivement c’est un des meilleurs. Avec des conseils qui servent vraiment dans la vraie vie. Et certains conseils qui ne m’ont pas servi, mais cela dépend de chacun. En tout cas, ça a fonctionné.

Rester fidèle à Apple

Apple a été mon premier partenaire professionnel. J’ai bien regardé un temps du côté de Android “pour voir”. Mais, alors que tout le monde me disait qu’Apple allait disparaitre à cause des smartphones low cost, je suis resté fidèle à Apple.

Aujourd’hui, je ne regrette rien. Je fais partie de la fourmilière qui sert les intérêts d’Apple, mais Apple a toujours servi les miens et ceux de mes clients.

Et ce choix se confirme quand je vois certains freelances qui se sont perdus à vouloir tout faire : ils font tout, mais moyennement. Et sont donc de fait tarifés moyennement.

Toujours servir les intérêts de mes clients

J’ai eu des travaux réalisés par des partenaires que j’ai du refaire. Je n’avais aucune obligation : tout était livré. Mais il était hors de question de laisser un client avec un travail mal fait avec mon nom dessus.

J’ai choisi de refaire le travail gratuitement. Cela a payé : mes clients m’ont payé les missions suivantes et m’ont recommandé.

Travailler quand c’est nécessaire

J’ai passé des années sans prendre de congés, des mois sans prendre de week-end.

Et je ne regrette rien. Être là pendant l’été ou les congés de Noël permet de gagner un contrat qui fait vivre pendant quelques semaines.

Travailler le week-end permet d’acquérir de nouvelles compétences et conserver un niveau élevé.

Bien dormir, bien manger

Tant que faire se peut (j’ai eu quelques nuits blanches…), j’ai fait en sorte de me nourrir correctement à heures fixes et avoir 8 heures de sommeil.

Travailler en étant fatigué est contre-productif : on fait des erreurs, on va moins vite.

Avec des bonnes nuits de sommeils, on peut travailler sur la durée à plein régime. Le cerveau a besoin de repos pour être efficace. C’est biologique.

Ne jamais mentir, assumer ses erreurs, être honnête

Je n’ai jamais rejeté mes fautes sur d’autres. Je n’ai jamais caché des choses sous le tapis pendant mes projets. J’ai joué cartes sur tables.

Je me suis fait avoir plusieurs fois par naïveté, mais je suis en paix avec moi-même.

Mieux vaut un succès modeste sans compromis qu’une réussite totale mal assumée.

Je vois souvent des entrepreneurs qui ont obtenu leur succès grâce à leur malhonnêteté et qui errent ensuite dans une sorte de repentance en essayant de reconstruire quelque-chose. Cela doit être terrible à vivre.

“Bien mal acquis ne profite jamais” comme on dit.

Avoir des clients heureux grâce à un travail honnête : il n’y a rien de tel. 😃

Ne pas accepter le salariat

Le nombre de fois où on m’a proposé de m’embaucher en me promettant une meilleure situation !

Tous ceux que je connais qui ont accepté ce genre d’offre sont dans une moins bonne situation que moi.

Il ne faut pas se projeter sur 6 mois, il faut se projeter sur plusieurs années. Et bien regarder comment ça se passe pour les autres.

Les remerciements

J’ai plein de monde à remercier, car ce succès ne s’est pas fait seul.

Mes proches

Sans eux, je n’en serais pas là.

Ils m’ont permis de manger à ma faim dans les périodes difficiles, ils m’ont soutenu quand je doutais.

Mes clients

Ils me font confiance. Cela n’a pas toujours été facile.

Ils m’ont même parfois aidé, ce qui n’est pas rien.

Mes partenaires

Que ce soit Malt, Apple, la communauté Ruby on Rails, la communauté des développeurs, toute la Niort Tech, la CCI, le MEDEF, et tous les partenaires qui se reconnaitront.

Ceux qui m’ont fait des saloperies

Sans eux, je ne serais pas aussi armé pour affronter les difficultés. Ils m’ont permis de m’élever.

Bon, c’était peut-être pas l’effet escompté, mais tant pis. 😜

Et pour les 10 ans à venir ?

On verra bien. Ce qui est sûr, c’est que je vais continuer à travailler en prenant du plaisir pour toujours offrir le meilleur à mes clients.

Portez-vous bien ! 😃

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