Intensification de la conquête spatiale : une nécessité au regard de la crise écologique ?

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15 min readDec 13, 2022
Base de lancement de Cap Canaveral, États-Unis (Source : Unsplash)

Le lancement d’Artemis 1 le 22 novembre 2022 marque officiellement une nouvelle période pour la conquête spatiale. Cette méga fusée a pour objectif de préparer un retour sur la lune et d’y maintenir à terme une présence humaine plus ou moins continue. L’exploration lunaire devrait d’ailleurs représenter 40% des missions planifiées dans les dix années à venir selon les données Euroconsult. Quant au tourisme spatial, l’entreprise Virgin Galactic estime qu’il pourrait représenter jusqu’à 400 vols touristiques spatiaux par an d’ici quelques années. Il est par ailleurs prévu que d’ici 2030, il y ait au moins 11 missions spatiales sur Mars, et 20 autres visant à aller encore plus loin dans l’espace : le Deep Space. De la colonisation de Mars au développement de méga-constellations de satellites avec Starlink, le 21ème siècle sera assurément celui du renouveau de la conquête spatiale.

Constellation de satellites de télécommunications Starlink (SpaceX), en cours de déploiement depuis 2019, constituée d’environ 2000 satellites opérationnels en juin 2022

Ces projets posent le constat de l’intensification de la conquête spatiale dans les années à venir, notamment suite à l’apparition d’acteurs privés dans le secteur.

Source d’émerveillement, de fascination et vectrice de prouesses techniques, la conquête spatiale entretient le mythe des ressources infinies et de l’accès à des espaces qui repoussent les frontières terrestres.

Pour autant, il convient de rappeler que la même exploration spatiale génère à la fois des émissions et pollutions directes (lancement de fusées, déchets satellitaires…) ou indirectes (construction, infrastructures, production de carburant…) à l’origine d’un impact écologique conséquent, sur Terre et au-delà. Plus encore, la pertinence actuelle de la conquête spatiale demeure questionnable dans un contexte d’éveil mondial des consciences face au changement climatique.

Autrement dit, la véritable urgence concerne directement la Terre et non la question spatiale, comme le soulignent d’ailleurs plusieurs chercheurs de l’Atelier d’écologie politique de Toulouse (ATECOPOL) dans une tribune dans laquelle ils interpellent l’astronaute français Thomas Pesquet. L’ATECOPOL lui demande alors de renoncer à la conquête spatiale :

« Il n’y a aucune urgence à quitter la Terre, mais nous devons vite trouver comment y rester dans des conditions de vie décentes pour tous. L’astronaute doit publiquement se prononcer contre l’exploration spatiale, car, comme il l’a déclaré, il n’y a pas de ‘plan B’ face à l’urgence climatique ».

Nous sommes donc face à une dichotomie entre l’utilité sociale de la conquête spatiale et les impacts environnementaux que cette activité génère. L’heure est aux choix justifiés dans une société contrainte à la fois par la crise écologique et les ressources limitées auxquelles nous avons accès sur Terre, qu’il s’agisse de minerais, de carburants et combustibles, de matériaux.

Les fondements de la conquête spatiale

La conquête spatiale prend naissance pendant la seconde Guerre Mondiale, durant laquelle les Allemands sont à la pointe de l’ingénierie des missiles. Suite à la défaite de l’Allemagne nazie, les ingénieurs Allemands rejoignent les deux grandes puissances : les USA et l’URSS afin d’y développer les premières fusées. La « course à l’espace » devient ainsi un des piliers majeurs de la Guerre froide et une arme idéologique redoutable dans la rivalité entre les deux puissances.

L’URSS réalise l’exploit spatial originel en envoyant le premier satellite Spoutnik 1 en 1957, puis le premier homme dans l’espace avec Youri Gagarine en 1961. En vue de riposter aux avancées significatives des Soviétiques, les États-Unis vont plus loin et remportent la course avec les fameuses missions Apollo, faisant de Neil Armstrong le premier homme à mettre un pied sur la Lune. La conquête spatiale est officiellement lancée, menant depuis lors à des projets de plus grande envergure.

Plus tard, en 1983, le président Américain Ronald Reagan lance le projet de la station spatiale internationale (ISS), qui sera placée en orbite terrestre basse et occupée en permanence par un équipage international consacré à la recherche scientifique dans l’environnement spatial. Ce projet représente aujourd’hui un objet de diplomatie puisque l’ISS relève d’une collaboration entre la NASA, l’Agence spatiale fédérale russe, tout en incluant les agences spatiales européenne, japonaise et canadienne.

Image de la station spatiale internationale (ISS) en orbite (source : Unsplash)

La conquête de l’espace demeure un outil à la fois scientifique, technique et économique en vue d’appuyer la puissance des pays en lice. 2021 a été une année record pour le secteur spatial avec 146 lancements (dont 135 succès) réalisés à travers le monde, contre 103 lancements en 2019 (soit + 41%). Le nombre de missions spatiales ne cesse donc de croître année après année.

Le mythe prométhéen de l’exploration spatiale

Au-delà de cette bataille autour du nombre de lancements par année par pays, c’est toute la philosophie de la conquête spatiale qui interroge. La soif de terroa incognitae (terres inconnues), caractéristique de l’espèce humaine, alimente certainement la conquête de l’Espace.

« La Terre est le berceau de l’Humanité ; mais nul ne peut éternellement rester au berceau. » K. Tsiolkowsky

Konstantin Tsiolkowsky, l’un des pères de l’astronautique soviétique, déclarait déjà à ce titre en 1911 : « La Terre est le berceau de l’Humanité ; mais nul ne peut éternellement rester au berceau. » ou encore : « L’Humanité ne demeurera pas éternellement sur la Terre. Au début, prudemment l’Homme traversera les limites de l’atmosphère, puis plus tard il partira à la conquête du système solaire ».

A l’occasion d’une table ronde consacrée à la série Westworld, Elon Musk reprend d’ailleurs les paroles de Tsiolkovsky en affirmant que s’il nous faut quitter notre berceau terrestre et nous émanciper de nos limitations naturelles pour devenir adulte, c’est que l’Homme se définit par son auto-dépassement. Toujours selon Musk, il faut faire de l’Humanité une espèce multi-planétaire pour lui éviter l’extinction au cas où la Terre deviendrait invivable. Il considère donc que, par nature, l’Homme est voué à dépasser toutes limites, et ainsi accomplir le mythe prométhéen de la colonisation de l’univers.

Aussi, le paradoxe de Fermi peut participer à cette quête infinie de la Galaxie en vue de découvrir d’autres mondes. Celui-ci consiste à se demander pourquoi l’Humanité n’a, jusqu’à présent, perçu aucune trace de civilisations extra-terrestres, alors même que le Soleil est plus jeune que beaucoup d’étoiles situées dans notre galaxie. Explorer l’univers serait donc un moyen pour l’humanité de contrevenir à ce paradoxe, en devenant la première civilisation technologiquement avancée à poser une trace sur d’autres planètes et faire lien avec d’autres formes de vie.

Dans cette perspective, il est possible de questionner notre insatiable désir d’explorer. La multiplication des missions spatiales de plus en plus ambitieuses et coûteuses, insinue un assouvissement indéterminé dans le temps et l’espace. Mais alors, jusqu’où irons-nous ?

Sous des apparences de conscience écologique, Jeff Bezos (PDG de Amazon) n’hésite d’ailleurs pas à déclarer qu’il souhaite « aller dans l’espace pour sauver la Terre » via notamment sa société Blue Origin qui vise à réduire le coût d’accès à l’espace. Le paradoxe est réel : d’un côté, des activités spatiales et commerciales ultra polluantes — auxquelles Blue Origin et Amazon participent en vue d’assouvir une quête de l’inconnu -, de l’autre, l’éveil des consciences écologiques employé comme une justification par Bezos.

Taille des fusées de Blue Origin comparée à d’autres fusées (Source : Blueorigin.com)

L’astronome Frédéric Boone, quant à lui, plaide pour une astronomie décroissante et adopte ainsi un discours disruptif en déclarant que « Le mirage des ressources infinies est une fuite en avant techno-solutionniste. Nous n’avons en réalité même pas besoin de plus de satellites d’observation, nous avons assez de connaissance pour agir immédiatement et répondre à l’urgence par les low tech et la décroissance ».

Il appelle ainsi à un retour plus raisonné de l’exploration spatiale, tout en s’imprégnant des technologies et données spatiales existantes et utiles dans la lutte contre le changement climatique.

A la manière d’Alexandre le Grand ou Christophe Colomb en quête d’un monde nouveau sur Terre, ce sont des acteurs tels que Blue Origin, Virgin Galactic ou SpaceX qui sont aujourd’hui à la recherche d’un développement exponentiel infini bien plus ambitieux : l’Univers.

Les impacts néfastes de l’activité spatiale

Il est plus que jamais primordial de prendre conscience des effets exercés par les activités de l’Homme en matière spatiale, qu’il s’agisse des émissions générées par les lancements spatiaux sur la stratosphère, de la génération des débris spatiaux en orbite et, plus généralement, de l’impact global sur la planète Terre elle-même.

Le coût environnemental lié à l’activité spatiale reste cependant marginalement mesuré, et difficilement quantifiable à l’heure actuelle. En raison du caractère ultra confidentiel et de la faible documentation accessible du secteur spatial, il n’existe pour l’heure presque aucune étude permettant de mesurer de manière fiable et précise l’impact carbone généré par de telles activités.

Pourtant, il est généralement admis que les fumées émises par les fusées engendrent deux types d’effets sur l’atmosphère :

  • Dans un premier temps, la couche d’ozone se voit particulièrement affectée par les réactions chimiques générées par les moteurs à propulsion solide, qui injectent du chlore directement dans la couche d’ozone.
  • Dans un second temps, il apparaîtrait que les particules insufflées dans la stratosphère ont pour effet d’absorber et réfléchir l’énergie solaire. Cela a un impact direct sur les flux de radiations dans l’atmosphère, chauffant la stratosphère et refroidissant la surface. Ce forçage radiatif a pour effet de modifier l’albédo de la Terre et donc la quantité d’énergie solaire injectée dans l’atmosphère, résultant à nouveau en un appauvrissement de la couche d’ozone.

Les odyssées spatiales ne sont donc pas sans coût pour l’environnement.

À l’heure actuelle, on estime qu’un vol commercial d’une dizaine de minutes génère environ 80 tonnes d’équivalents CO2 dans l’atmosphère, cela correspond à plus de six fois la quantité de CO2 émise par un français chaque année, alors même que l’empreinte carbone du français est 4 fois trop élevée vis-à-vis du respect de l’accord de Paris de la COP21. D’autant plus que la COP21 suppose que chaque habitant devrait avoir une empreinte carbone de 2 tonnes maximum par an en vue d’éviter un emballement climatique et un réchauffement jugé inacceptable, soit limiter l’augmentation de la température globale à 1,5°C.

Dix minutes passées dans l’espace par un touriste spatial correspondent à 40 fois l’empreinte carbone d’un individu, par an, pour respecter l’accord de Paris.

Mission Inspiration4 de Space X, Avec le Crew Dragon composé de 4 “touristes spatiaux”, 2021 (Source : NASA)
Atterrissage de la fusée New Shepard de Blue Origin avec des touristes spatiaux, 2017 (Source : NASA)

Les vols touristiques dans l’Espace revêtent un caractère particulièrement paradoxal en contexte de crise climatique. Ce type de pratiques paraissent totalement déconnectées de toutes réalités, en ce qu’elles permettent aux plus privilégiés de débourser des centaines de milliers jusqu’à plusieurs millions de dollars pour toucher les étoiles (250 000$ pour dix minutes dans l’espace avec Blue Origin, 450 000$ pour 90 minutes avec Virgin Galactic, 50 millions de dollars pour trois jours en orbite avec SpaceX).

Quand bien même la consécration du rêve le plus fou pourrait être une justification possible, le simple bonheur du consommateur détaché de l’impact généré par son activité, reflète une fois de plus, un parfait exemple de consumérisme à l’état pur. D’un simple point de vue économique, contrairement au tourisme classique qui peut générer un certain transfert de richesse avec les communautés locales, seul le plaisir personnel du passager prévaut dans le cadre du tourisme spatial, sans autre transfert économique que d’un ultra riche à une méga société. Les 400 voyages spatiaux prévus chaque année par Virgin Galactic sur le long terme, sans considérer ceux prévus par d’autres acteurs du spatial, paraissent ainsi complètement décorrélé de toute réalité sur Terre.

Sans compter que « Les 1% les plus riches sont déjà responsables d’environ 50% des émissions de l’aviation. Le tourisme spatial va ajouter des quantités gigantesques de carbone et d’autres polluants dans la haute atmosphère », comme le déclare Lorelei Limousin, responsable de la campagne européenne de Greenpeace pour le climat et les transports.

Aujourd’hui, le développement de la « New Space Economy », le nouveau secteur industriel dans le domaine spatial, est principalement mené par des organisations privées (Virgin Galactic, Starlink, Blue Origin…). Ces acteurs misent tout sur les progrès scientifiques et techniques afin que, quels que soient les problèmes que l’humanité doit affronter, une solution existe, permettant de poursuivre la croissance économique et de dépasser les limites physiques et écologiques de la planète.

D’autant plus que les objectifs de ces organisations privées sont souvent opaques, et probablement peu philanthropes. Dans les années à venir, les acteurs privés déclarent vouloir alimenter la commercialisation massive de l’espace et de ses ressources, en vue de développer le tourisme spatial, l’exploitation minière de masse, les télécommunications, la big data ou encore la surveillance. La « New Space Economy » nourrit le mythe d’Icare convoquant la fuite par les airs ; méfiance cependant aux ailes qui brûlent…

Pour autant, il convient de relativiser ces chiffres en raison des vols touristiques peu fréquents à l’heure actuelle. Christophe Bonnal, expert du CNES va dans ce sens en affirmant : « avec un vol tous les deux ou trois mois, la pollution est gérable. S’il y avait plusieurs milliers de vols par an, elle deviendrait beaucoup trop importante et inacceptable ».

Néanmoins, comme le laissent penser les grands acteurs du domaine spatial, et comme le craignent beaucoup de scientifiques, dont notamment trois physiciens français, Roland Lehoucq, Emmanuelle Rio et François Graner, les « conséquences environnementales [des vols spatiaux] augmenteraient considérablement si ce tourisme spatial devait faire l’objet d’un commerce plus large ». Il convient alors de concevoir l’exploration spatiale de manière raisonnée dans les années à venir, bien que cela ne semble pas être la volonté des acteurs de la « New Space Economy ». En effet, plus l’activité spatiale s’intensifie, plus les collisions spatiales et débris spatiaux (issus des satellites, fusées ou autres engins spatiaux) seront importants. Depuis le lancement de Spoutnik 1 en 1957, ce ne sont pas moins de 4 000 engins qui ont été expédiés dans l’espace, générant ainsi un grand nombre de débris spatiaux.

La part du spatial dans nos vies quotidiennes

Quoi qu’il en soit, il est indéniable que le domaine spatial nous est essentiel au quotidien. Que ce soit pour les données GPS, la navigation ou internet, nous ne pouvons décemment nous en passer. D’après le Science and Technology Policy Institute, près d’un quart du financement spatial est alloué à des applications militaires. Pour autant, 40% du budget du secteur spatial sert les industries des télécommunications et l’ensemble des objets connectés par satellites (télévisions, téléphones, radios…). Une part importante alimente le secteur de la navigation par satellites du secteur automobile.

Au-delà de la portée utilitaire du spatial, les études spatiales servent également de nombreux outils indispensables pour affronter les défis environnementaux actuels et à venir. Sans satellites, nous ne pourrions effectivement pas prévoir la météorologie, ni réagir rapidement en cas de catastrophes humanitaires mondiales ou encore guider les agriculteurs au sein de leurs exploitations.

Les données spatiales donnent accès à des données précises en temps réel, permettant d’analyser les données utiles pour une meilleure gestion des problèmes climatiques tels que la fonte des glaces, les nuages de pollutions, la protection de la faune et de la flore ou encore l’assèchement des systèmes hydrologiques. Les satellites fournissent 54% des données sur le changement climatique, d’après le directeur de la station spatiale européenne Jan Woerner. Dans cette même perspective, certaines technologies utiles à la transition écologique dépendent directement de technologies spatiales, telles que la surveillance et la mesure d’indicateurs environnementaux comme la température, la concentration de Co2 dans l’air…

A ce titre, une mission conjointe de la NASA et du CNES vise à envoyer dans les prochains jours le satellite SWOT (Surface Water et Ocean Topography) qui sera en capacité de mesurer le niveau des eaux de surface -lacs et cours d’eau, leurs largeurs, les pentes de l’eau, et donc le débit des rivières et niveau des océans sur Terre. Cette mission révolutionnaire permettra de mieux comprendre les cycles de l’eau et ainsi mieux gérer nos ressources terrestres en eau.

Construction du satellite SWOT, lancement initialement prévu le 5 décembre 2022 (Source : NASA)

Plus encore, une étude menée en 2018 par le Bureau des affaires spatiales des Nations unies (UNOOSA) associé à l’Agence spatiale européenne, relate que les technologies spatiales répondent à 65 des 169 cibles des objectifs de développement durable (ODD) établis par l’ONU à horizon 2030.

Par ailleurs, les données spatiales ont également pour vocation de sensibiliser tout un chacun aux enjeux climatiques, par les données relevées mais aussi à travers les images de la planète Terre qui rappellent la fragilité et la beauté de notre planète.

Il convient aussi de noter que certains secteurs en lien avec la transition écologique (observation terrestre, gestion environnementale, climatologie, météorologie…) ont bénéficié des avancées techniques du domaine spatial. Une technologie comme les panneaux solaires n’est pas directement l’œuvre du secteur spatial, mais les innovations développées et financées par le spatial, ont permis d’accélérer le processus d’amélioration des panneaux solaires aujourd’hui utilisés dans nos quotidiens. Dans ce sens, les technologies et connaissances développées au sein du secteur spatial sont exploitables et importantes dans l’accélération de l’innovation sur Terre.

Conclusion

L’activité spatiale est indispensable à notre quotidien en ce que les outils satellitaires sont désormais inhérents à notre société. Elle paraît également avoir trouvé sa place dans notre lutte contre le changement climatique. Pour autant, cette quête de l’Espace semble prendre des proportions que nous ne contrôlons plus en tant que citoyens, au détriment de grands acteurs privés qui opèrent un monopole important ; d’autant que ceux-ci se tournent essentiellement vers le tourisme spatial, les télécommunications ou la quête de ressources dans l’univers. A contrario, ce sont les acteurs publics tels que les agences d’état qui ont majoritairement la mainmise sur les données utiles à la transition énergétique. Ainsi, la conquête spatiale, notamment celle opérée par les acteurs privés, est-elle réellement utile et nécessaire aujourd’hui ? Ce débat cristallise la problématique de l’équilibre entre l’utilité sociale du secteur spatial et les impacts néfastes que ce domaine génère.

Comme nous avons pu le comprendre, l’économie du spatial est aujourd’hui peu orientée vers des industries d’intérêt général, et semble prioriser davantage des marchés énergivores. Outre l’utilisation même du spatial, il est nécessaire que l’on soit en mesure de calculer précisément l’empreinte carbone des activités spatiales, que ce soit la construction des satellites, l’envoi d’une fusée en orbite ou encore les débris spatiaux présents dans l’univers et le Pacifique.

Il est aujourd’hui nécessaire de hiérarchiser les besoins et donc générer une utilisation plus sobre et raisonnée du secteur spatial. Une distinction est à faire entre données spatiales utiles à nos quotidiens pour nos activités, pour faire face à la transition écologique ou encore pour les avancées technologiques ; et l’exploration spatiale qui vise à aller toujours plus loin dans les quêtes individuelles entreprises.

Une approche plus scientifique de l’exploration spatiale pourrait, en outre, renvoyer au message porté par les photos des missions Apollo et susciter l’overview effect : cette prise de conscience dont témoignent certains astronautes lors d’un vol spatial, qui est produit par la mise en perspective directe de la situation de la Terre depuis l’espace : la planète est perçue comme une sphère fragile, un point bleu pâle « suspendu dans le vide ».

Photographie de la planète Terre depuis l’espace (Source : NASA)

Agathe Delangue

Les propos tenus n’engagent que leurs auteurs et non le MTI Review.

Sources :

  1. Vers une écologie spatiale : les défis d’une politique spatiale responsable et durable | Etopia. (s. d.). https://etopia.be/vers-une-ecologie-spatiale-les-defis-dune-politique-spatiale-responsable-et-durable
  2. Eltchaninoff, M. (2022, 6 juillet). La conquête spatiale est-elle un humanisme ? Philonomist. https://www.philonomist.com/fr/article/la-conquete-spatiale-est-elle-un-humanisme
  3. Esslinger, O. (2022, 22 juillet). L’ISS : architecture et objectifs scientifiques. Astronomie et Astrophysique. https://astronomes.com/reference/liss-architecture-et-objectifs-scientifiques/
  4. Synthèse des lancements orbitaux américains en 2021 et capacités associées. (2022, 23 février).https://france-science.com/synthese-des-lancements-orbitaux-americains-en-2021-et-capacites-associees/
  5. Zheng, C. (2021, 8 janvier). Vers l’écologie spatiale : une solution pour les piliers du développement durable ? Le M emlyon. https://le-m-verbatem.fr/vers-lecologie-spatiale-une-solution-pour-les-piliers-du-developpement-durable/
  6. La conquête spatiale et l’écologie sont-elles antinomiques ? (s. d.). https://usbeketrica.com/fr/article/conquete-spatiale-ecologie-antinomiques
  7. Aurélien Barrau : « SpaceX et la nouvelle conquête spatiale : la démonstration de notre incohérence » . (2020, 2 juin). GoodPlanet mag’. https://www.goodplanet.info/2020/06/02/aurelien-barrau-la-tristesse-de-la-conquete-spatiale/
  8. Le Monde avec AFP. (2021, 13 septembre). SpaceX lance sa première mission de tourisme spatial. Le Monde.fr. https://www.lemonde.fr/sciences/article/2021/09/13/spacex-lance-sa-premiere-mission-de-tourisme-spatial_6094482_1650684.html
  9. Fournier, C. (2021, août 31). Écologie : la conquête spatiale a-t-elle encore un sens ? Youmatter. https://youmatter.world/fr/ecologie-conquete-spatiale-exploration-colonisation-durable/
  10. Rédaction, L. (2022, 14 septembre). La conquête spatiale a-t-elle encore un sens ? Le Drenche. https://ledrenche.ouest-france.fr/conquete-spatiale-encore-un-sens-5390/
  11. Tourisme spatial : « S’envoyer bêtement en l’air n’est pas éthique » . (s. d.). https://usbeketrica.com/fr/article/tourisme-spatial-s-envoyer-betement-en-l-air-n-est-pas-ethique

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