« POP » : l’outil pour le patrimoine français et ses bases de données

Garance Baudin
museonum
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8 min readJan 15, 2021

« Rendre accessibles les œuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France, au plus grand nombre possible de Français » — André Malraux (Ministère de la Culture. s.d. b.)

Dans les dernières décennies, les bases de données sont devenues essentielles pour les musées et leurs collections. En 2019, en France, le Ministère de la Culture et les services du Premier ministre ont créé « POP : la plateforme ouverte du patrimoine » (Escudié ; Patrimoine Culturel Immatériel en France 2020). Cette plateforme a été créée pour faciliter l’accès aux données et elle a deux usages principaux. « D’une part, une plateforme de diffusion des données, accessible au grand public. D’autre part, une plateforme de production, permettant le versement de métadonnées » (Escudié 2019). Toujours en version Beta, elle est constamment mise à jour, avec aujourd’hui environ 3,7 millions objets et documents, et les données proviennent des nombreuses bases de données créées depuis les années 1970 par le Ministère de la Culture (Ministère de la Culture, s.d. b).

La plateforme POP, a été créée pour remplacer la présentation des bases de données qui existent depuis les années 1970 mais qui étaient devenues obsolètes (Patrimoine Culturel Immatériel en France 2020). Aujourd’hui, les huit bases de données sont disponibles via Pop : la base Joconde, Palissy, Mérimée, Mémoire, MNR Rose-Valland, Enluminures, Muséofile et Autor. La base JOCONDE, un catalogue des collections de musées, créée en 1975, est la première base de données utilisée pour les musées en France (Cour de France.fr 2020). Les autres se concentrent sur différents aspects du patrimoine, comme l’architecture, ainsi que sur les photographies, les Enluminures et les ressources biographiques, pour n’en citer que quelques-uns. Chaque base de données est accessible individuellement, mais les données sont également organisées par des métadonnées et des thématiques, telles que les noms d’artistes, les lieux ou les dates. Ces métadonnées et ces thématiques sont aussi utilisées pour effectuer une recherche avec des options destinées à filtrer l’information pour plus facilement trouver des objets ou des documents. Les métadonnées sont simplement, « des données qui décrivent les données » (Glossaire des SIG 2013). Les métadonnées peuvent être un nom, une date, un lieu, une couleur, etc. Par exemple, le nom d’un artiste ou le lieu de production d’un objet sont des métadonnées.

Les bases de données Joconde, Palissy MH, Mérimée MH, et Muséofile sont aussi disponibles en Open Data (Ministère de la Culture, s.d. a). Défini par l’Open Definition, « Une donnée ouverte est une donnée qui peut être librement utilisée, réutilisée et redistribuée par quiconque — sujette seulement, au plus, à une exigence d’attribution et de partage à l’identique. » (Open Data Handbook, s.d.). Grâce à l’utilisation d’Open Data, des professionnels peuvent facilement réutiliser et partager les données. Chaque version comprend un aperçu des informations de la base de données, y compris un lien vers son site Web d’origine. Il existe également un modèle de données montrant comment les données et les métadonnées sont écrites pour un objet avec des exemples pour chacun. Un exemple de données est le numéro d’inventaire où l’identifiant est inv, le type est du texte et un exemple est MV 6767; INV 7881; LP 7283.

Le modèle est ensuite affiché en utilisant le format JSON, avec un lien sur la façon d’utiliser JSON, afin de montrer à quoi ressemble les données réelles. Suivant le modèle de données est un formulaire à soumettre pour une réutilisation. Toutes les données de chaque objet dans l’une des bases de données sont données dans un tableau et il existe des options pour partager, intégrer et les transformer en widget. Les données sont également affichées sur une carte avec chaque objet géolocalisé et sont analysées avec treize options, y compris un treemap, des colonnes et un radar. Il existe six formats disponibles pour l’exportation des données. CSV, JSON et Excel sont les formats de fichiers plats et les formats de fichiers géographiques sont fournis en GeoJSON, Shapefile (qui a une limite de 50000 fichiers) et KML.

Pour limiter les risques de problèmes, il existe une liste de navigateurs compatibles avec POP. Les navigateurs incluent Chrome (à partir de la version 49), Firefox (à partir de la version 50), Internet Explorer (à partir de la version 9) et Safari (à partir de la version 10). (Ministère de la Culture, s.d. c). La plate-forme étant constamment améliorée et mise à jour, il existe également une option nommée « votre avis est utile ». Après avoir cliqué sur le lien, un questionnaire apparaît. Cela est utilisé pour améliorer l’expérience avec Pop et il est alimenté par Typeform, un site utilisé pour créer des enquêtes, des quiz, des formulaires, etc. Toute personne qui accède au site est également invitée à contacter la plateforme avec des informations ou des erreurs qu’elle constate (Ministère de la Culture. s.d. c.).

L’un des aspects importants de la plate-forme est que chaque fiche d’objet présente toutes les données pertinentes sur sa page, qui est facile d’accès, ainsi que les informations concernant la base de données dont les informations ont été extraites. Chaque objet dispose également d’un lien vers le musée où il peut être trouvé, et ce lien mène à une page contenant des données pertinentes pour ce musée. Un autre aspect important et intéressant est que des objets peuvent être ajoutés à un panier. Il y a alors les options pour vider le panier ou le télécharger, et si la fenêtre est fermée, lorsqu’elle est rouverte, les objets sont toujours dans le panier. Le téléchargement est transformé en PDF et montre l’image et les informations pertinentes pour chaque objet sélectionné. C’est un moyen utile de rassembler rapidement des données pour plusieurs objets dans un seul document.

POP présente de multiples forces et faiblesses. L’une de ses forces les plus notables est sa mise à jour constante et la façon dont les internautes sont capables de signaler des erreurs et d’aider à apporter des améliorations. L’organisation des données est essentielle pour leur compréhension et leur utilisation et la plate-forme fait un bon travail en utilisant des métadonnées et des thèmes pour tout organiser. Un autre de ses atouts est le panier qui permet aux données condensées de plusieurs objets et documents d’être consultées en même temps ou même téléchargées. Ceci est important car cela facilite la visualisation des objets et des données et constitue un moyen d’organiser toutes ces données d’une manière simple mais suffisamment efficace pour toutes sortes de personnes, qu’elles soient ou non compétentes en technologie. Une dernière force importante est la possibilité de visualiser certaines des bases de données en Open Data car cela ouvre les possibilités de ce qui peut être fait avec les données et les métadonnées.

L’une des faiblesses les plus notables de POP est son manque d’auto-promotion. Aujourd’hui, les médias sociaux sont l’un des moyens les plus rapides de trouver des informations et de promouvoir une entreprise ou une organisation. Bien que POP soit sur Twitter, avec que 67 followers, il ne dispose pas d’une présence sur Linkedin, Facebook ou Instagram. La seule référence trouvée sur Facebook sont d’autres pages qui partageant le lien vers le site Web. Il doit également améliorer sont Search Engine Optimization car il peut être trouvé en ligne sur le Web que si le titre exact est tapé ou si la recherche est connectée à des musées ou des bases de données français en lien avec la plate-forme.

L’objectif principal de POP « vise à rendre accessible au public l’ensemble des informations d’intérêt collectées, vérifiées et/ou produites par le Ministère de la Culture à travers ses services centraux, territoriaux et ses partenaires » (Ministère de la Culture. s.d. a.). Pour l’essentiel, le dispositif remplit ses objectifs car il donne accès avec succès aux nombreuses bases de données du patrimoine français d’une manière bien organisée et simple. De nombreuses bases de données sur le site Web ont été créées il y a un certain nombre d’années et les sites Web et bases de données d’origine ont donc été pour la plupart oubliées et étaient peu utilisées par les internautes. Grâce à POP, celles-ci ont retrouvé une nouvelle vie et sont désormais toutes accessibles sur un même site qui permet d’accéder aux données sur plusieurs bases. L’inconvénient est que la participation des musées reste facultative et qu’il manque encore beaucoup d’objets et de documents sur la plate-forme, mais avec un peu de chance, au fur et à mesure de son expansion et de sa mise à jour, plus de données seront ajoutées afin d’avoir un aperçu plus complet du patrimoine et des collections français. Mais en général, POP souffre d’un déficit de promotion, et à moins que quelqu’un ne se rende sur le site Web au hasard ou n’ait une connaissance préalable du site, il y a peu de chance pour le grand public de découvrir le site.

Au cours des dernières décennies, les bases de données se sont avérées essentielles au bon fonctionnement des musées et, bien que les gens puissent voir des objets dans les musées, ils n’ont généralement pas accès à ces bases de données. Ce n’est pas le cas avec POP car grâce à l’utilisation d’Open Data, la plupart du patrimoine et des collections français ont été rendus publics. Bien que ces données soient accessibles au public et que certaines des bases de données soient disponibles sous forme de données ouvertes, le site prend soin de rappeler aux internautes que les droits d’auteur et les lois informatiques sont toujours en vigueur et s’ils souhaitent réutiliser les données, ils doivent être conscients et soumettre les demandes appropriées. Il y a quelques exceptions, car le dispositif est si jeune et pas tous les musées choisissent de télécharger leurs données. L’objectif du site Web, qui est de permettre à un grand nombre de personnes d’accéder à ce type de données, est très précieux dans une société où la technologie et l’informatique deviennent un point focal dans les domaines privé et public.

En conclusion, « POP : la plateforme ouverte du patrimoine », est un dispositif qui relie les différentes bases de données des collections et du patrimoine français. Son objectif est de donner accès à ces données à un plus grand pourcentage de la population française et peut-être même à des personnes hors de France. Bien qu’il soit encore en version bêta, il est constamment amélioré tant par le Ministère de la Culture que par les internautes qui repèrent des erreurs. Bien qu’il y ait certaines faiblesses qui doivent être traitées, comme le manque d’auto-promotion pour sensibiliser à l’existence de POP, il y a aussi beaucoup de bons éléments. Avec des améliorations continues et une plus grande exposition, ce dispositif a le potentiel de devenir un outil important pour le patrimoine français et ses collections.

Références

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