Comment bien acheter du vin aux enchères ?

Mathias Richemond
Vin Naturel
Published in
3 min readFeb 15, 2019

Le meilleur moyen d’acquérir des bouteilles de domaines très recherchés, de vieux millésimes ou de grands formats demeure encore les sites de ventes aux enchères. Bien que la tentation soit grande de se jeter dans le grand bain, il faut toutefois être vigilant afin de ne pas se faire berner. Voici quelques conseils à l’usage de ceux qui voudraient s’initier à cette pratique risquée.

La première étape pour démarrer l’aventure des salles d’enchères est de se créer un profil sur le site internet de Drouot. Malgré la multiplication des sites (Idealwine, leboncoin, eBay, etc.), l’historique salle d’enchères parisienne demeure la référence dans les ventes de vins. Elles y sont régulières et de très bonne qualité. Sotheby’s, Christies ou Artcurial en organisent aussi, mais elles sont généralement inabordables, s’adressent en priorité à un public de collectionneurs fortunés, et il y est donc plus difficile de faire de réelles bonne affaires. Il est aussi recommandé de suivre des aggrégateurs comme Interencheres (https://www.interencheres.com/).

Drouot a parfaitement pris le virage du numérique puisque tous les ordres peuvent désormais être passés en ligne, avec parfois des enchères 100% sur internet (enchères dites Online), ou avec une retransmission live de la salle de ventes (enchères dites Live). C’est comme si vous y étiez. Il suffit d’activer les enchères pour participer et bidder en live. Attention aux dérapages de souris !

Voilà une enchère rondement menée. En revanche, le vin fut décevant…

Une fois qu’une vente vous intéresse, la seconde étape est de vérifier la réputation du commissaire-priseur (CP) et l’origine des vins. La réputation peut rapidement se confirmer lorsque l’on regarde l’historique des ventes, et un CP sérieux indiquera la provenance et l’état de conservation directement dans le catalogue. Un rapide coup d’oeil au catalogue permet de jauger la vente : quelle proportion de grands crus et de domaines prestigieux, caisses bois d’origine ou pas, catalogue pdf bien édité, photos de qualité, etc..

La troisième étape est de sélectionner les lots qui vous intéressent. Toutes les raisons sont bonnes pour se faire plaisir lors d’une vente, mais il faut néanmoins rester vigilants sur les cotes des vins, et se fixer un budget maximal. Je conseille donc au lecteur de bien vérifier toutes les cotes des vins sur des sites fiables (Idealwine, wine-searcher, cellartracker, etc.) et de checker via une rapide recherche google si ces vins sont disponibles chez des cavistes et à quel prix. Il est aussi particulièrement recommandé de vérifier la qualité des millésimes. Attention à ne pas surpayer un millésime moyen ! Inutile de passer du temps sur une vente et de payer des frais d’adjudication (environ 25% TTC) si les vins en question sont dispos à un prix raisonnable chez n’importe quel caviste. Il faut donc se concentrer sur des vins difficiles à trouver.

La quatrième étape consiste à finaliser son enchère. Je conseille de formuler un premier ordre et de suivre l’enchère le jour J. Si cela n’est pas possible, il est toujours possible de demander au CP de vous appeler au moment où le lot est adjugé. Enfin, si vous êtes l’heureux gagnant de l’enchère il faudra s’acquitter du paiement du bordereau puis aller chercher vos lots, ou opter pour une solution de livraison. Ne comptez pas sur une disponibilité rapide. Entre la réception du bordereau et la réception de la commande, il peut se passer plusieurs jours voire semaines.

Afin de faire de bonnes affaires il convient donc d’être réactif et vigilant. Sachez qu’un domaine, une cuvée ou un millésime reviendront toujours aux enchères à un moment ou un autre (sauf peut-être une romanée-conti 1945…). Il faut être patient et savoir laisser passer son tour lorsque l’enchère montre trop haut.

Petit mot de fin sur les contrefaçons de vin aux enchères. L’amateur des salles des ventes aura sûrement entendu parler de l’affaire Kurniawan qui secoua le monde du vin haut de gamme au milieu des années 2000. Même si certaines de ses bouteilles circulent encore (environ 10.000 selon les estimations), les meilleurs CP et domaines ont tous pris des dispositions afin de se prémunir contre ce risque. Toutefois, vous serez d’autant moins exposé que vous achèterez des millésimes récents. Quoi qu’il en soit, si vous avez assez de moyens pour acquérir un Haut-Brion 1945 ou un Leroy Musigny 1961, vous prendrez les précautions d’usage pour être sûr de ne pas vous faire rouler !

Bonnes enchères :)

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