Expert en vin ? 🤔

On connait tous quelqu’un qui s’y connait en vin. C’est généralement le type qui va choisir le vin au restau, le goûter et dire d’un air assuré “oui, très bien”. (Non, je ne m’inclus pas dedans 😅).

Le vin est un univers immense, à la croisée de vastes disciplines telles que l’agriculture, l’agronomie, la chimie ou encore la gastronomie. Il existe des centaines d’appellations et des dizaines de milliers de vignerons, sans compter que chaque pays a ses spécificités. Quand on commence à s’intéresser au vin, il est donc légitime de se sentir un peu perdu… et de se tourner vers “l’expert” le plus proche. Il existe un tas de ressources pour mieux comprendre le vin, pour commencer à appréhender ses subtilités, ou pour apprendre à le déguster. Mais, à quel moment devient-on un “expert” justement ?

Pour n’importe quel débutant, commencer par apprendre plein de connaissances théoriques sur le vin n’a pas grand intérêt. Il est évidemment utile de connaître les appellations ainsi que les principaux cépages, mais le meilleur conseil à appliquer est de goûter un maximum de vins (avec modération évidemment).

“Le vin est principalement une affaire de goûts personnels qui ne sauraient être exprimés par des termes techniques”

Le vin est principalement une affaire de goûts personnels qui ne sauraient être exprimés par des termes techniques. Cela ne sert à rien de savoir si un châteauneuf-du-pape a le goût de telle épice ou de tel fruit rouge. Soit on aime, soit on n’aime pas. Pour se faire une opinion, il faut donc en déguster un maximum, en essayant de garder une certaine ouverture d’esprit. Par exemple, s’ouvrir au vin naturel permet de changer d’opinion sur beaucoup de préjugés.

Mais alors, un “bon vin” n’est-il que purement subjectif ? Oui et non. Un excellent vin fera presque toujours l’unanimité. Ce que l’on identifie comme étant un “bon vin” est en réalité un vin équilibré. Il s’agit d’un équilibre entre l’alcool, le sucre, l’amer, l’acide, les tanins.

Tentative de représentation graphique de l’équilibre d’un vin

Cet équilibre, cette sensation de plaisir, est difficilement descriptible et ne peut s’appréhender qu’avec l’expérience de la dégustation. Elle divergera aussi entre les individus.

Les guides, les appellations, les notations, les fiches de dégustation, etc. ne sont que des indicateurs qu’il faut toujours prendre avec beaucoup de précaution. Cela a permis de structurer le marché et d’établir une certaine hiérarchie. Toutefois, tous ces indicateurs expriment une opinion. Pourquoi est-ce que l’appellation pouilly-fumé devrait avoir tel ou tel goût ? Etait-il justifié d’en exclure l’excellent Alexandre Bain, sous prétexte que son travail n’est pas parfaitement fidèle au cahier des charges de l’AOC ? Il faut sortir du carcan établi par ces leaders d’opinion, pour se faire son propre avis. De nombreux vignerons sont aujourd’hui sortis des appellations précisément pour cette raison (prenons l’exemple de Éloi Dürrbach, maître du Domaine de Trévallon, qui n’a pas le droit de produire son blanc — un des meilleurs du monde — dans son AOC en Provence… un comble).

On ne devient jamais un expert dans le vin, on a seulement accumulé suffisamment d’expérience dans la dégustation pour pouvoir avoir une opinion et se dire j’aime ou je n’aime pas. Donc la prochaine fois que vous devez choisir une bouteille, un conseil : “search your feelings”.