Retour de la Dive Bouteille

Mathias Richemond
Vin Naturel
Published in
5 min readFeb 15, 2018

Les 4 et 5 février avaient lieu plusieurs rassemblements de vin naturel dans la Loire, dont la Dive Bouteille qui inaugurait sa 19ème édition. Cet événement, organisé par Sylvie Augereau, s’est imposé comme une référence du vin naturel dans le monde, rassemblant chaque année les vignerons les plus réputés de France et d’Europe.

Affiche de la 19ème Dive. Du grand art signé Michel Tolmer

J’ai eu la chance de pouvoir y aller pour la première fois cette année. L’événement se tient dans les immenses caves troglodytes de la maison Ackerman à Saumur. Ces véritables cathédrales creusées dans le tuffeau ligérien offrent un cadre unique et quasi religieux à ce divin rassemblement.

Cette photo n’est ni floue, ni mal cadrée

L’arrivée à la Dive donne le vertige, tant le lieu est immense et la densité de vignerons impressionnante. Voici la liste des vignerons dégustés lors de notre passage :

  • Château Revelette, Peter et Sandra Fischer (Provence)
    Très intéressant de découvrir ce domaine situé au nord d’Aix-en-Provence. Leurs cuvées “Grand Rouge” et “Grand Blanc” valent le détour, avec des assemblages complexes et de longs élevages. La cuvée Pur blanc en 100% ugni (sans intrants) est séduisante, vive et tendue, très agréable.
  • Le temps des cerises, Axel Prüfer (Languedoc)
    Je connaissais le domaine sans jamais l’avoir goûté. Les rouges étaient fortement réduits, ce qui n’a pas facilité la dégustation. Faudra se refaire une idée dans de meilleures conditions.
  • Jean-Claude Lapalu (Beaujolais)
    Quel accueil ! J’avais déjà une passion pour Lapalu, mais je vais bientôt monter son fan club officiel 😄 Les cuvées sont toutes parfaites, avec chacune leur spécificité selon l’exposition des parcelles et le terroir. J’étais particulièrement intéressé par son Alma Mater, cuvée expérimentale élevée en amphore.
  • Georges Descombes (Beaujolais)
    Les vieilles vignes sont une référence du genre, que ce soit en Fleurie, Chiroubles ou Saint-Amour. C’est d’une précision extrême, on sent la maitrise parfaite du sujet. Mention spéciale pour le Fleurie vv, fabuleux.
  • Le Mazel, Gérald Oustric (Ardèche)
    Gérald a pris le temps de partager et d’expliquer son travail sur chaque cuvée. Tout est précis et ce n’est pas pour rien que Gérald a contribué à la formation de nombreux vignerons naturels.
  • Domaine Marcel Richaud (Rhône)
    Les enfants de Marcel Richaud ont repris le grand domaine familial (60ha) avec brio. Le blanc est prodigieux, résultant d’un habile assemblage de nombreux cépages régionaux. Tous les rouges sont droits et précis, avec une mention très spéciale pour l’Ebrescade qui est la tête de gondole du domaine.
  • Jean-Michel Stéphan (Rhône)
    Les cote-roties de J.-M. Stéphan sont légendaires dans la vallée du Rhône. La mention de Jules Chauvet sur l’étiquette indique bien la lignée dans laquelle le vigneron à choisi de s’inscrire. Il était un peu tôt pour déguster le millésime 2016 mais la structure tannique et gustative est très prometteuse.
  • Domaine des Miquettes, Paul Estève (Saint-Joseph)
    J’avais déjà goûté le Saint-Joseph du domaine, qui m’avait énormément plu. Encore une fois les cuvées impressionnent, surtout le Madloba (‘merci’ en géorgien), vin orange de marsanne et de viognier macérés en amphore.
  • La Grapperie, Renaud Guettier (Loire)
    Dégustation à l’improviste en toute toute fin de journée, sur une bouteille de ‘La Désirée’, conçue grâce à de vieux chenins (jusqu’à 80 ans) et élevés pendant 60 mois. Personne ne fait ça à ma connaissance dans la Loire, ni à un tel niveau. Ce blanc est tout simplement exceptionnel, le fruit du temps et de la patience. C’en est émouvant.
  • Brendan Tracey (Loire)
    Quelle générosité ! Un long et fascinant échange avec Brendan qui vinifie des raisins soigneusement sélectionnés et vendangés par ses soins. Ses cuvées sont autant de partis pris et de voyages à travers la vie tumultueuse et fascinante de Brendan. Mention +++ pour sa cuvée Romorantin, rare et qui se fait désirer. On a pu repartir avec un fond de quille de ‘Rue de la Soif’, merci !
  • Domaine Les Jumeaux, Jean-Marc Tard (Vendée)
    Superbe accueil de Jean-Marc qui était ravi de partager le fruit de son travail. Mention particulière pour les cuvées de rouge, pinot noir et négrette. Le domaine est situé en Vendée, très près de la mer, ce qui donne aux vins un côté iodé qui n’est pas déplaisant.
  • Domaine du Collier, Antoine Foucault (Loire)
    Le fils Foucault brille grâce au Domaine du Collier, et s’est déjà forgé une solide réputation. Les vieux chenin (cuvée Charpentrie) sont d’une très grande pureté et complexité. Probablement le meilleur blanc dégusté ce jour-là (ex-aequo avec La Désirée de La Grapperie).
  • Jean-Yves Péron (Savoie)
    Dégustation expresse chez Péron, avec un enchaînement quasi vertigineux de cuvées toutes aussi étonnantes les unes que les autres. Les blancs de macération, en cépage jacquère, sont vraiment superbes (cuvée ‘La Petite Robe’ notamment). On sent que le boulot abattu par Jean-Yves est colossal pour produire une telle qualité avec une telle régularité.
  • Jean Maupertuis (Auvergne)
    Découverte de ce vigneron auvergnat, qui confirme l’engouement actuel pour cette région. Les gamay sont gourmands et agréables, avec la spécificité du terroir volcanique.
  • Domaine Binner, Christian Binner (Alsace)
    Le nombre de cuvées disponibles chez Binner dépasse l’entendement. On se demande comment il est possible de réussir à produire autant, à un tel niveau. Les blancs sont dingues, sans exception. Mention très spéciale pour les Grands Crus de riesling (‘Schlossberg’) et d’assemblage (‘Kaefferkopf’), ainsi que pour le gewurtzraminer de macération (leur ‘Rosé’).
Fin de journée, en bonne compagnie

J’espère que ce rapide compte rendu aura donné envie de découvrir ces vins. La plupart peuvent surtout se trouver chez Crus & Découvertes (11ème) ou à La Cave des Papilles (14ème).

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