SBT- SoulBound Tokens : société, gouvernance, finance et … NFTs ?

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Dissecting Web3
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6 min readJul 22, 2022

Les Soulbound Tokens, ou SBTs, sont une source de nombreuses discussions depuis que Vitalik Buterin, à l’origine d’Ethereum, a co-publié un papier sur le sujet, que vous pouvez retrouver ici.

Vu par certains comme l’origine des futurs nombreux cas d’usage des NFTs dans la vie réelle, le SBT se veut vecteur d’une identité sociale dans le web3. Par définition, les token « soulbound » sont liées à un wallet, à un propriétaire, et présentent des caractéristiques spécifiques différentes de celles des NFTs :

  • Le SBT est donc non transférable, ne peut ainsi ni s’échanger, ni se vendre. Il est publiquement visible dans un wallet lie.
  • Le SBT ne peut être créé et supprimé que par l’acteur émetteur. On peut en effet burn un SBT.

DeSoc

Pour mieux saisir l’idée des SBT, il faut d’abord s’intéresser à la forme actuelle des NFTs, plus spécifiquement ceux à fort succès (BAYC notamment). À travers les réseaux sociaux, notamment Twitter, qui permet d’afficher un NFT en photo de profil, ces tokens ont une signification sociale forte, et beaucoup, (à la manière d’objets de collection, d’habits rares ou de pièces de luxe) tendent à les afficher publiquement car ils sont le reflet d’un rang, d’un statut (personne à la pointe de l’innovation technologique, et qui surtout affiche un certain niveau de richesse du fait de la nature spéculative du marché d’échange des NFTs). En effet, l’obtention d’un objet est possible simplement en déboursant une somme donnée : s’il faut effectuer une tâche spécifique pour en obtenir, personne n’a les moyens de savoir si le propriétaire du NFT a effectivement effectué les tâches nécessaires.

C’est sur la base de cette réflexion que Vitalik Buterin a poussé l’idée des SBT : des NFTs dont l’objet n’est pas seulement de montrer “celui qui a le plus de moyens”, mais qui ont pour nature de signaler autre chose. L’exemple le plus intuitif est POAP, ou “proof of attendance protocol”, des NFTs qui ont pour but de signaler la présence à un événement donné. Voilà un premier cas d’application des SBTs, qui seraient naturellement plus efficaces que les NFTs pour prouver la présence de X à un événement donné.

L’univers des possibles s’ouvre ainsi avec l’innovation promise par les SBTs, de par leur nature intransférable : des certificats, permis, documents officiels, pourraient se retrouver, à terme, “on-chain”, avec tout ce que cela implique en termes de sécurisation, d’authentification, et de résistance à la fraude.

Le Web3 a donné au monde l’idée d’un système flexible, créatif, ouvert, et surtout, sans recourt théorique à un parti tiers. Cependant le web n’est qu’un réseau, dont la valeur réside fondamentalement en les humains qui le composent, et des relations entre eux (le web2 s’est principalement développé avec les réseaux sociaux). Pour se constituer une identité sociale, on a du se reposer sur des idées et structures centralisées. Aussi, se montre de plus en plus nécessaire la question d’identité sociale lorsqu’il s’agit de transposer des activités réelles telles que les prêts (sous-collatéralisés), les locations, ou par des concepts simples telles que la responsabilité d’action (concrètement, la fraude n’est pas sanctionnée dans le web3). Les SBTs sont, selon ses théoriciens, un moyen d’attribuer une identité sociale dans le web3.

Plus globalement, les SBTs s’inscrivent dans un paradigme plus global développé par les auteurs : celui d’une société décentralisée, ou DeSoc, terme désignant un écosystème de cas d’utilisation économique, politique, et sociale des principes de la décentralisation. Chaque “soul”, ou wallet possédant un SBT, représenterait une personne physique ou morale dans un contexte donné, et les applications diverses de cette technologie fascinent de plus en plus. Parmi les pistes de recherche : la gouvernance; la finance décentralisée; la sécurisation de documents uniques; l’authentification, etc. Il est aussi important de noter le stage primitif de la technologie, qui n’est qu’au stade d’idée ambitieuse, et qui présente aussi divers inconvénients. Nous allons ici nous concentrer sur l’aspect de la gouvernance, ainsi que noter quelques points importants soulevés par Buterin, Weyl, et Ohlhaver.

DAO : La révolution en marche ?

La blockchain est, avant d’être une révolution économique et financière, une idéologie basée sur la décentralisation des modes de gouvernance. Une des applications de “l’esprit Blockchain” a été celle de la DAO, qui, malgré sa nature à la décentralisation de la gouvernance, a mené dans les faits à une concentration des pouvoirs économique et politique. En effet, pour s’accaparer du pouvoir décisionnel d’une DAO, il suffit pour un utilisateur :

  • De contrôler plusieurs wallets.
  • De concentrer, dans le cas d’un système de gouvernance basé sur des tokens, la majorité des tokens. Auquel cas une DAO ne représente qu’un synonyme d’une oligarchie.

Les SBTs permettent, par plusieurs formes ou mises en application, de distinguer la personne des possessions, et donner du poids à la fois à la participation de l’individu, et à sa voix en tant qu’individu, favorisant ainsi l’action collective, et réduisant le pouvoir donné à une personne unique. Tout cela est mathématiquement rendu possible par ce qu’on appelle Quadratic Voting. L’idée est que ce modèle mathématique, plus précisément décrit à partir de la page 32 du document transmis plus haut, prétend mener à un optimum social. Voici une vidéo très bien synthétisée sur le sujet :

Evidemment, l’idée du vote quadratique reste perfectible, comme souligné par les auteurs, mais reste une piste d’amélioration du modèle de DAO, devenu référence de la gouvernance décentralisée. Porteur d’une idéologie politique, comme la blockchain de par sa nature, ce système repose sur l’utilisation des SBTs pour la différenciation des individus à travers leur identité numérique, pour permettre aux organisations de moduler leur mode d’opération et de gouvernance, tout en pondérant la participation individuelle de chacun dans des choix collectifs.

Artistes & identité

Les NFTs, bien qu’ouvrant la possibilité notamment à des artistes & créateurs de s’affranchir d’une industrie et de reprendre possession de leurs créations, ont pris une forme sujette à divers problèmes, parmi eux le paradoxal manque de reconnaissance envers les artistes, souvent peu crédités, voire volés, sans qu’ils puissent se créer de réputation ou d’identité personnelle. Les SBTs permettraient un moyen de créer, “on-chain”, une réputation digitale pour les créateurs. Ainsi, plusieurs services & marchés liés à la réputation pourraient se développer sur et grâce à la blockchain.

Authenticité & réputation

Avec le développement des technologies telles que le deepfake, il devient de plus en plus difficile de prouver l’authenticité, que ce soit via des algorithmes ou un savoir-faire humain. En ce sens, alors que la Blockchain, via son timestamp, nous donne des informations sur le moment effectif d’une tâche donnée, les SBTs nous donneraient un moyen de tracer la provenance sociale. Documents, locations, assurances, sont parmi des exemples d’application de ce principe donné. Aussi est évoquée une idée pour assainir le contexte financier lié au web3. Dans le système financier traditionnel, on repose sur des scores de crédit centralisés pour accorder ou refuser des prêts sous-collatéralisés. Souvent sujets à un manque de données, surtout concernant les exclus du système, sujets à des biais, opaques et injustes, ces scores sont critiqués par les auteurs, qui proposent une alternative basée sur les SBTs pour refléter publiquement des données vérifiées et vérifiables selon la volonté du propriétaire.

“An ecosystem of SBTs could unlock a censorship-resistant, bottom-up alternative to top-down commercial and “social” credit systems”

Un système sans faille ?

Bien évidemment, de par son état de développement et sa nature propre, la technologie des tokens non-échangeables présente des inconvénients non négligeables. Le système de crédit, bien qu’à première vue intéressant, s’éloigne pour certains de l’idéologie de la blockchain, où le domaine du privé, l’anonymat, sont des valeurs essentielles. Aussi faut-il réfléchir à des alternatives à la rigidité des SBTs : et si je perdais l’accès à mon SBT ? Et si je le “burn” par accident ? Dois-je renoncer à mon identité digitale ?

Beaucoup de recherche, de travail, sur l’implémentation technique et sur les concepts fondamentaux de cette technologie sont encore nécessaires, mais V. Buterin estime pour sa part un développement assez conséquent de la technologie à l’horizon 2024.

Chaque innovation liée au web3 et à la blockchain vise à pérenniser des idées s’opposant à celles qui règnent dans le monde actuel.

Les SBTs promettent d’adresser plusieurs problématiques, reste-t-il encore à voir si leur application saura tenir ses promesses.

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