La RSE chez Neoxia : pourquoi et comment repenser l’impact d’une ESN ?

Maëliss Quere
neoxia
Published in
6 min readSep 10, 2020

Depuis quelques mois, Neoxia a entamé une réflexion globale et décidé de mesures concrètes pour repenser et transformer son impact sur son environnement professionnel et social. Jean-Baptiste Paccoud, directeur général, nous explique cette démarche, ses origines et son avenir.

Tout d’abord, qu’est-ce qui a provoqué ce choix de réfléchir et de communiquer sur la stratégie “RSE” (responsabilité sociale et environnementale) de Neoxia ?

En 2020, à l’heure où la société civile prend rapidement conscience de la responsabilité partagée de repenser nos comportements (sur le plan social, environnemental, sanitaire…), il nous semblait irresponsable pour une société privée comme la nôtre de ne pas en faire un pilier de notre culture et de notre futur développement.

Mais nous avions également cette envie car, depuis six mois, nous avons le sentiment d’avoir fait quelques pas en avant, et nous voulons nous assurer de continuer sur cette lancée. Et pour y parvenir, quoi de mieux que de rendre ces initiatives publiques et donc engageantes ? Nous ne voulons (et ne pourrons donc) pas reculer sur cette thématique, ni en faire un changement de surface ou un simple levier marketing.

Neoxia fête cette année ses vingt ans… sur toutes ces thématiques, il n’y avait donc rien eu à signaler auparavant ?

Neoxia existe effectivement depuis 2000, et tout au long de cette — alerte cliché ! — aventure humaine, notre entreprise a essayé d’évoluer intelligemment au sein de son écosystème. Mais nous sommes pour autant loin d’avoir été parfaits. En 2012, nous ne recyclions pas (tous) nos déchets et nous utilisions souvent des verres en plastique jetable… mais nous faisions déjà du mécénat de compétences pour accompagner par exemple la transformation numérique de l’association Siel Bleu, dont le cœur de métier est de contribuer à la bonne santé des personnes âgées en encourageant leur activité physique.

Entre 2017 et 2019, nous avions aussi travaillé pour l’Institut international de planification de l’éducation de l’UNESCO afin de développer un portail d’apprentissage, pour le CNED sur une extension web permettant de faciliter la vie des enfants dyslexiques et de leur entourage, ou encore pour plusieurs start-ups de l’économie sociale et circulaire (Circlely, Felice, Pousses.paris…).

Mais tout cela ne s’est jamais fait dans un cadre précis : nous avions été, jusqu’à cette année, plutôt spontanés et “opportunistes”. Nos efforts étaient, dès lors, peu visibles en interne comme en externe. Lors de la mise en place de notre système de health checks trimestriels en 2019, nous avons inclus une question sur la perception du niveau de maturité de Neoxia sur les sujets RSE… et le résultat a été logiquement “très faible” !

En quoi une “stratégie RSE” est-elle pertinente pour Neoxia ? Une meilleure communication interne et externe sur ces projets n’aurait-elle pas été suffisante ?

Formaliser une stratégie d’impact social et environnemental va évidemment nous permettre de pallier ce manque de lisibilité de nos actions. Mais bien au-delà de la communication, nous voulons ancrer ces enjeux dans l’ADN de l’entreprise dans les années à venir. Neoxia est une société avec une volonté d’ouverture et des valeurs humaines fortes. Il est indispensable qu’après avoir comblé notre retard, nous nous placions à l’avant-garde de ce sujet. Nous voulons prendre des engagements forts, vis-à-vis de partenaires externes mais surtout des Neoxien(ne)s, et nous projeter le plus loin possible, avec une timeline claire et des objectifs à la fois ambitieux et atteignables.

Les contours de cette stratégie RSE ont été déterminés par les salarié(e)s, de façon collaborative. Pourquoi ce choix, qui pourrait ralentir la prise de décision ?

Sur un sujet comme la RSE, nous pensons sincèrement qu’une approche purement top down n’aurait aucun sens. Généralement, je ne crois que peu au mythe de “l’entreprise libérée” : je pense qu’un chef d’entreprise doit fixer un cap, partager une vision, et encore plus dans le contexte délicat que nous connaissons en ce moment. Mais quand il est question de nous engager vis-à-vis des Neoxien(ne)s eux-mêmes sur l’impact de notre entreprise sur le monde, il me paraît absolument indispensable d’ouvrir un débat et de donner la parole à toutes celles et ceux qui veulent la prendre.

Sans que nous soyons une entreprise particulièrement sujette à des incompréhensions générationnelles, il nous paraissait important de comprendre les attentes de nos stagiaires les plus jeunes comme des personnes plus expérimentées de la société. Nous voulions aussi nous assurer d’adopter une stratégie représentative des souhaits de nos différents bureaux (non seulement Paris, mais aussi Grenoble, Bordeaux, Pau et Casablanca). Enfin, des questions très concrètes se posaient : quelles devraient être nos priorités et nos modes d’action ? Quels moyens doit-on allouer à ce programme ? Comment le piloter et récolter des résultats mesurables ? Toutes ces interrogations justifiaient, pour moi, d’initier une démarche collective pour mettre toute l’organisation en marche.

Très concrètement, quelle forme cette démarche a-t-elle prise ? Et qu’est-ce qui est sorti de ces discussions ?

En début d’année 2020, nous avons lancé un premier sondage en interne pour demander aux Neoxien(ne)s de définir nos priorités en termes de RSE. Les réponses ont majoritairement plébiscité le mécénat de compétences comme la forme la plus intéressante d’action. Cela semble très compréhensible : quoi de plus intéressant que de mettre les compétences que nous cultivons habituellement pour nos clients au service de projets à but non lucratif qui en ont besoin ?

À partir de là, une petite “task force” de personnes motivées a identifié plusieurs projets compatibles avec cette idée de mécénat de compétences. Un deuxième sondage, en avril, a permis à toute l’entreprise de voter pour choisir, parmi cinq organisations, les deux que Neoxia soutiendra dans les prochains mois. Et nous sommes donc fiers de pouvoir dire que nous avons d’ores-et-déjà commencé à travailler avec les deux très belles associations qui ont été choisies, avec la mise à disposition de plusieurs Neoxien(ne)s sous forme de squad (scrum master, UX designer, lead technique, data scientist et développeurs) pendant plusieurs mois.

Il s’agit tout d’abord du réseau Entourage, association qui mobilise les habitants de plusieurs grandes villes de France pour recréer du lien avec les personnes sans domicile fixe de leur quartier. Nous leur prêtons notamment main forte pour le lancement de leur plateforme LinkedOut, qui permet aux internautes de partager leur réseau professionnel avec les personnes défavorisées qui n’en ont plus, afin de les remettre sur le chemin de l’emploi. Ce projet bénéficiera d’une forte visibilité lors du Vendée Globe 2020, avec un bateau au nom de LinkedOut sur la ligne de départ !

Sur un sujet très différent, l’autre association avec laquelle nous avons entamé un partenariat est Panthera, une organisation caritative consacrée à la préservation des grands félins et de leurs écosystèmes à travers le monde. Nous avons d’ores-et-déjà commencé à travailler avec leurs équipes internationales sur un accompagnement global, tant sur la partie data que le développement web et mobile et la définition de la stratégie technologique de l’ONG.

Comment envisages-tu le développement de cette stratégie dans les mois et années à venir ?

Notre ambition première est d’inscrire ces premiers partenariats avec Entourage et Panthera dans le temps : hors de question pour nous de disparaître aussi vite que nous sommes arrivés après quelques semaines de travail ! Au-delà des premiers projets évoqués ci-dessus, nous avons par exemple envie de nous impliquer avec ces associations pour les aider à lever plus de fonds en engageant une relation différente et sur la durée avec les donateurs.

Ensuite viendra le temps d’étendre nos activités à impact positif : accompagner d’autres projets, organisations, et associations. Cela pourra prendre la forme d’un mécénat de compétences comme ces premiers projets, mais aussi celle d’un accompagnement financier : nous réfléchissons à l’idée de donner une part du résultat financier annuel de Neoxia à des causes qui nous semblent particulièrement importantes.

Enfin, plus près de nos propres activités, nous voulons être à l’avant-garde des sujets cruciaux de notre temps. Sur la question très débattue de l’équilibre perso-pro et des lieux de travail, la crise du COVID-19 nous a donné envie de pousser plus loin notre politique de gestion du temps de travail, et de développement du home-office, par exemple par le financement d’équipements à la maison ou d’espaces de coworking pour les Neoxien(ne)s. Et sur le sujet moins actuel mais tout aussi (voire plus !) important de l’égalité femmes/hommes, nous avons entamé des discussions autour de la mise en place d’un congé paternité allongé, et de nos idées pour œuvrer à une meilleure représentation des femmes dans la tech.

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