La formation numérique : le droit de vote du XXIème siècle, l’évolution des intelligences pour être un acteur de demain.

Maxime Perdu
Neww Life
Published in
10 min readFeb 19, 2018

Étymologiquement, l’Intelligence est la capacité à trier les éléments disponibles et à les lier entre eux; capacité native pour l’homme et qui l’est devenue pour la machine. La machine est bien meilleure que l’humain pour traiter des masses de données importantes, et elle améliore constamment ses capacités de traitement et d’analyse. Mais quelle sera la place de l’humain vis à vis de cette machine ? La technologie est un outil, mais le degré de complexité devient tel que l’humain doit maintenant comprendre l’outil pour co-exister avec lui. La compréhension de cet outil doit permettre aux humains de s’adapter aux nouveaux mondes. Qu’adviendra-t-il de ceux qui n’arrivent pas à cohabiter avec la machine ? Une inégalité forte pourrait se creuser indéfiniment…

Intelligence, native pour l’homme, native pour la machine.

Jusque-là, les humains utilisent les machines, les logiciels et les algorithmes pour faire à leur place et de manière plus rapide certaines tâches, c’est notamment le socle des entreprises et des startups. Mais depuis une dizaine d’années, les humains intègrent dans les machines du deep learning qui permet aux machines d’apprendre par elles-même au contact de gigantesques bases de données (contrôlées par les géants du numérique). Les humains ont simplement besoin de collecter toutes les informations disponibles et de nourrir leurs machines pour qu’elles puissent donner des réponses par elles-même. L’intelligence devient donc native pour ces machines, elles sont comme un nouveau né qui apprend. L’humain ne décide plus du résultat de cette analyse, mais peut l’améliorer jusqu’à ce que l’intelligence de la machine atteigne son potentiel maximal.
On ne sait pas encore jusqu’où cette évolution mènera la machine. Le fantasme de conscience indépendante est envisagée d’ici une trentaine d’années par les spécialistes.

Les évolutions technologiques sont bouleversantes, elles sont faites pour ça, mais il ne faut pas oublier d’accompagner la société dans ces changements.

L’IA va-t-elle tuer ou créer de l’emploi? On a vu ce genre de titre dans de nombreux articles, personne n’est forcément d’accord là-dessus (parmi les experts on est sur du 50/50 oui/non). Mais surtout, ce n’est pas la question. Bien sur que c’est un sujet très important car ça causera un profond déséquilibre économique et sociale. Mais la priorité n’est pas de faire des études prévisionnelles sur les impacts potentielles, la priorité c’est de trouver des solutions pour épauler les gens perturbés par ces chocs technologiques.

“On est des consommateurs. On ne résistera jamais aux changements techno qui nous fournissent des meilleurs produits et services même si ça coûte des emplois, c’est comme ça qu’un monde meilleur se bâtit, qu’on améliore la qualité de vie, qu’on donne plus à nos enfants et qu’on résout nos problèmes.” (Andressen)

Ça ne sert à rien de se plaindre que le progrès technique détruit des emplois parce qu’il est fait pour ça en faite… C’est nouveau? Non, le porteur d’eau a été pendant très longtemps l’un des métiers les plus répandu jusqu’à ce que l’irrigation soit inventé, la quasi totalité des emplois qui existaient en 1800 ont disparu, demandez aux orthodontistes l’impact d’Invisalign sur leur activité. (Empreinte électronique de la bouche, analyse avec une base de données de 4M de patients qui produit automatiquement les 15 gouttières personnalisées du patient). Oui leur activité n’est plus que centrer sur l’empathie et la relation patient et peut être que d’autres personnes sont plus à même de le faire qu’eux. Et alors ? Les patients iront là où le service est de meilleur qualité, et certains anciens experts devront trouver d’autres activités. Théoriquement ils ont déjà assuré leurs arrières mais qu’en est il pour le manutentionnaire qui ne maîtrise qu’une technologie amenée à disparaître, ça n’est pas aussi facile.
Alors on fait quoi? Pour commencer on leur propose un revenu temporaire pour rebondir, un chômage amélioré, c’est évident, est-ce qu’on pourrait même proposer un revenu universel permanent? Non, ce n’est pas la solution pour résoudre ce problème au contraire ça pourrait renforcer les inégalités. Pour les personnes qui sont bousculés par les chocs technologiques on doit leurs donner un accès à des formations de qualité, ce n’est pas le revenu qui doit être universel mais le développement du cerveau (d’ailleurs Étienne de la Boétie voulait déjà l’interdire dans les années 1550). (Pour creuser lisez Laurent Alexandre).

La formation doit devenir le sujet centrale des prochaines années, personne n’aura autant changer d’activité que le citoyen de demain. Et de façon générale les réflexions éthiques sur les évolutions technologiques vont s’intensifier. Les puces implantées dans notre cerveau de Neuralink (Elon Musk), les casques télépathiques de Facebook (présentés à la F8 2017) ou les batteries de capteur pour des analyses complètes des humains par Verily (filiale santé de Google) nous font déjà entrevoir des vraies réflexions et d’énormes problèmes (très bien mis en situation dans la série Black Mirror) et oui on peut craindre que dans un monde transhumaniste où les hommes utilisent toutes les technologies pour s’améliorer l’idée d’empêcher les moins aptes à se reproduire réapparaisse. Oui, ethniquement de grandes questions vont se poser il faudra encadrer certaines évolutions technologiques mais comme un enfant qui apprend en marchant il nous faudra expérimenter, tester pour trouver les meilleures solutions.

Nous ne pouvons pas accepter le renforcement des inégalités liées à l’intelligence.

Ça peut être très agréable de se projeter sur le futur mais ça ne permet pas d’en devenir un des acteurs. Pour être moteur de l’avenir il faut être moteur du présent et entamer dès aujourd’hui les actions pour améliorer demain. Pourquoi? Parce que si on ne le fait pas d’autres le feront à notre place et il sera d’autant plus dur de trouver sa place (le retard pris par l’Europe sur ces sujets est colossal comparé aux GAFA🇺🇸 et BATX🇨🇳) . Certaines sociétés technologiques sont déjà devenues des grands décideurs et ceux grâce à des rendements d’échelle sans précédent qui leur permettent d’adresser immédiatement ou presque tous les humains.

En captant l’essentiel de la marge le logiciel oriente naturellement l’essentiel des revenus vers ses concepteurs (Pour creuser lisez Nicolas Collin) ce qui a renforcé de nouvelles inégalités liées à l’intelligence. Aujourd’hui quelques jeunes geeks au QI de 165 créé plus de richesses pour une nation qu’un million de travailleur au QI de 95, du coup les écarts de revenus entre les individus à forte et à faible capacité cognitive explosent. (Whatsapp: en 4 ans 50 employés = 22 milliards $ par rapport à PSA en 2 siècles 200 000 employés = 12 milliards $, même si il ne faut pas retirer le rôle sociale de PSA). Pour être un acteur dynamique il faut bien évidement tirer vers le haut ses classes qui ne maîtrisent pas suffisamment de technologie afin de leur éviter une situation sociale délicate.

Le XXème siècle a vu l’intelligence progresser en occident (le QI prenait 3 à 7 point toutes les décennies) grâce à l’effet Flynn, effet qui se ressent aujourd’hui en Afrique (un environnement de plus en plus stimulant et des conditions de vie qui s’améliorent) puis des années 2000 à aujourd’hui le QI moyen des français a perdu 4 points alors que dans le même temps on a une hausse rapide dans les pays asiatiques (108 à Singapour et à Hongkong contre 98 en France).
On a pas de certitude sur ce qui a provoqué cette chute cognitive mais les experts scientifiques sont convaincus que la réduction de la reproduction des personnes avec les capacités cognitives les plus développées peut l’expliquer d’autant plus que notre système est suffisamment sécurisé pour faciliter la reproduction de ceux qui ont des facultés plus faible. Alors heureusement qu’il ne s’agit plus d’éliminer les individus qui ont de moins bonnes capacités cognitives mais il faut noter que notre évolution est anti darwinienne.
Cette réflexion a été vérifiée dans bon nombre d’analyse (une vaste en Islande, ou sur le projet UK Biobank) vérifiant que plus une femme est douée moins elle a d’enfants. C’est lié à de nombreux facteurs mais si concrètement on arrivait à arrêter les inégalités salariales, à traiter les congés parentale de la même façon ou si on arrivait à plus d’égalité homme/femme aux postes stratégiques, on pourrait commencer à inverser ce phénomène d’évolution.

Car oui les femmes ont une place centrale sur l’intelligence, d’ailleurs l’ADN de la maman serait nettement plus important que celui du papa dans la détermination du QI des enfants, cet impact est renforcé par l’influence éducative de la mère comparée à celle plus absente du père dans la moyenne. Car le QI est déterminé à 50% par notre ADN, le reste étant dépendant de notre environnement familiale et de l’impact de l’école (des facteurs très fort malgré tout, par exemple la consommation prolongée de cannabis durant la fin du collège et le lycée entraine une baisse de 8 points de QI soit la différence entre un ingénieur et un technicien, ou un docteur et un infirmier). En tout cas il serait temps de choyer les femmes, ça serait signe d’un pays développé qui a compris, enfin.

Pour être libre on s’est battue pour le droit de vote et ne plus subir les décisions politiques, désormais c’est un droit à la formation numérique qui est nécessaire pour ne pas subir les évolutions technologiques.

Et pour permettre le changement la priorité doit être mise sur l’éducation. S’il doit y avoir un sujet en état d’urgence c’est celui-ci!
Déjà parce que l’école n’a pas suffisamment évolué, hormis le passage au tableau velleda il n’y a pas eu de changement significatif dans les salles de classes. Aussi parce que l’éducation ne s’appuie pas assez sur les sciences. Cela ressemble à la médecine de 1950 où les médecins se passaient de toute validations scientifiques et suivaient leurs intuitions de pédagogue en ignorant la physiologie. De la même façon la plupart des enseignants ignorent tout du fonctionnement cérébral qui est pourtant le coeur de leur métier, le cerceau des élèves c’est leur outil de travail.

Aussi l’éducation est très mal organisée par exemple la petite enfance est le moment où la plasticité du cerveau est maximale, c’est la où le cerveau se développe le plus. Pour cette tranche d’âge le personnel des crèches est recruté au niveau CAP alors qu’on va payer 10x plus un prof de faculté qui a un impact éducatif bien moindre. Tout se joue avant 6 ans alors que c’est l’âge où l’école devient obligatoire.
Montessori l’avait mis en avant, mais l’état n’a toujours pas consenti d’investissement pour rendre accessible à tous ce système éducatif, datant de plus d’un siècle.

Heureusement des initiatives entrepreneuriales arrivent de toute part pour améliorer la formation des jeunes, et des moins jeunes car au XXIème siècle on apprendra tout au long de notre vie. Les MOOCS permettent aujourd’hui d’accéder aux meilleurs cours quelque soit l’endroit ou on vit avec le rythme que l’on souhaite. Mais ce n’est qu’une réplique en vidéo des cours magistraux amenée à évoluer. Le développement de l’apprentissage adaptatif est une première amélioration (c’est comme quand Amazon propose un livre en fonction des livres déjà achetés) avec des outils qui s’adaptent aux difficultés de l’enfant et qui contrôle le degrés d’assimilation, les résultats sont fulgurant, c’est ultra accessible et c’est une énorme source pour réduire les inégalités de formation.

Aujourd’hui les hommes forts du numérique investissent massivement dans ce domaine (Gates et Zuckerberg notamment) mais l’Etat doit aussi assurer son rôle. Pendant des millénaires on s’est battu pour conquérir des territoires, pour assurer l’accès à des ressources mais aujourd’hui avec la surabondance de l’information et un besoin constant d’amélioration, l’intelligence devient centrale. C’est le principale moteur de la création de valeur qui demande des besoins constant de synthèse, de créativité, d’analyse et d’exécution.
Quand la Chine mène une politique volontariste (avec +300% en investissement depuis 2001) et brille par la productivité et les brevets de ses chercheurs, quand les États-Unis dépensent excessivement dans le leurs recrutements, la France, elle, est capable de former les meilleurs spécialistes de l’IA mais c’est Facebook ou Google qui en profiteront car il n’y a pas (ou très peu) de plateforme numérique pour développer des projets ambitieux en Europe et qu’on a trop tendance à penser que les chercheurs/experts devraient bosser gratuitement.

Préparer notre complémentarité avec l’intelligence numérique pour coexister avec le changement.

Finalement la seule question qui compte c’est : Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? La France peut jouer un rôle dans le développement de l’intelligence numérique. Nous disposons d’excellents mathématiciens et développeurs, le gouvernement est sensible à la question et souhaite en faire un vrai axe de développement en impliquant des personnes issus de la société civile. Mais où devront se concentrer nos génies ? Soit en montant, ou en rejoignant des startups ambitieuses qui deviendront des empires (mais le chemin est long et tortueux) soit dans les grands groupes s’ils deviennent des leaders numériques suite à leurs transformations, soit l’Etat considère que le sujet est trop important et s’en charge lui-même, soit nous acceptons que la bataille de l’intelligence numérique est déjà gagnée par les géants étrangers et on collabore avec eux (Facebook semble nous faire les yeux doux). En tout cas si on ne sait pas qui s’en occupera il est urgent de préparer notre complémentarité avec l’IA dans le but d’augmenter notre capital humain.

L’intelligence numérique est une étape de notre société, elle est souvent vue comme une fin en soi et un aboutissement de nos technologies. Mais peut être que nous trouverons en biologie des méthodes pour dupliquer ou doper nos neurones et ainsi se passer des processeurs électroniques… Qui sait ? Personne. C’est bien pour cela que ce sujet est passionnant. Il faut qu’un maximum de personnes, tout le monde si possible, soient au courant de ces sujets et comprennent le Comment et le Pourquoi. C’est seulement comme cela que nous pourrons au mieux continuer à coexister avec le changement, quel qu’il soit.

Ce post, sans prétention, a été réalisé suite à la lecture du livre “La Guerre des intelligences” de Laurent Alexandre. Le livre pousse à de nombreuses réflexions et nous souhaitions partager celles qui nous paraissaient les plus intéressantes.

Si le post vous a plu n’hésitez pas à mettre quelques Claps 👏 ci dessous et à partager l’article, on vous remerciera très fort!

Un Facebook live sur la chaine Neww (👉clique ici👈) aura lieu lundi 19 février si vous souhaitez enrichir et participer au débat vous êtes les bienvenus 😊 L’émission sera ensuite publiée sur Youtube on vous mettra le lien dans les commentaires.

Logan & Maxime

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