« L’Appreciative Inquiry est la recherche obsessionnelle de la ressource »

L’interview de Bernard Tollec

Maxime Nialiv
Nialiv
4 min readMay 20, 2019

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J’ai d’abord publié cet article sur le blog Stormz où vous le retrouverez en intégralité.

L’Équipe Stormz explore les domaines de l’Intelligence Collective et son influence sur nos organisations à travers une série d’interviews d’experts venant de notre communauté de Facilitateurs. Aujourd’hui, nous accueillons Bernard Tollec, Directeur de la Transformation Positive deTurningpoint et spécialiste de l’Appreciative Inquiry avec qui nous avons réalisé plusieurs ateliers appréciatifs. Cette approche nous a intéressé car elle se rapproche de plusieurs notions que nous avons évoqué précédemment :

  1. Les Questions Puissantes sont centrales dans l’Appreciative Inquiry et permettent à la fois d’aller au coeur d’un sujet en s’appuyant sur des exemples amenés par les participants mais surtout de changer les perspectives en étant performatives.
  2. Le SWOT est un framework célèbre dans le domaine marketing qui a été réinterprété de manière appréciative avec le SOAR qui permet d’analyser une entreprise en se concentrant sur le positif. Les dimensions Weaknesses et Threats étant comprises dans les Opportunities, elles laissent de la place pour des valeurs plus constructives : les Aspirations et les Ressources.
  3. L’Art of Hosting est à la fois une posture, une communauté et une méthode de facilitation qui permet de multiplier et de structurer les conversations qualitatives. L’Art of Hosting s’est librement inspiré de l’Appreciative Inquiry, comme nous le disait Nancy Bragard, que ce soit au niveau philosophique mais également méthodologique.

La compréhension de l’Appreciative Inquiry permettra d’avoir un peu de perspective sur ces 3 notions, et c’est pour cette raison que nous avons sollicité Bernard Tollec. Nous souhaitons partager avec vous, sous la forme d’un entretien, la posture et la bienveillance de ses méthodologies qui nous avaient tant impressionnés.

Bonjour Bernard. Peux-tu te présenter et nous expliquer en quoi consiste l’Appreciative Inquiry ?

Je suis l’un des directeurs de Turningpoint et j’accompagne les organisations et les directeurs dans leur transformation en utilisant la Transformation Positive, qui est en réalité ‘l’Appreciative Inquiry Inside’, une forme particulière et innovante de ce que l’on appelle habituellement le Développement Organisationnel (OD : Organizational Development).

L’Appreciative Inquiry est la recherche intentionnelle et obsessionnelle de la ressource. Voici ce que l’on entend par ressource : tout ce qui est à disposition de la personne, soit dans le passé (ce que la personne ou l’organisation a déjà fait et qui a fonctionné pour pouvoir être réutilisé), soit dans le présent (les énergies des gens sur un projet, leurs aspirations respectives, etc.), soit dans le futur (l’image du futur que l’on a est-elle réjouissante ou angoissante et dépréciative ?). L’Appreciative Inquiry peut être à tort considérée, soit comme une technique parmi d’autres (même si cela peut parfois être le cas), soit comme quelque chose de superficiel, réduit à une simple « positive attitude ». Heureusement, c’est bien plus riche et profond.

Aujourd’hui, les entreprises vont souvent chercher intentionnellement les dysfonctionnements, la pénurie, le manque, soit tout ce qui ne fonctionne pas ou n’est pas à disposition. La Transformation Positive et l’Appreciative Inquiry, au contraire, visent à trouver ce qui fonctionne, ce qui est là et permet de se demander : que voulons-nous réellement transformer ? Ne pas identifier quelque chose duquel nous souhaiterions nous éloigner, mais un but vers lequel nous rapprocher. Il s’agit donc d’aller, intentionnellement et obsessionnellement, vers la ressource, soit ce qui est possible et faisable : travailler sur les talents des gens plutôt que sur leurs défauts, sur leurs aspirations plutôt que sur leurs frustrations.

Souvent, certains dirigeants d’entreprises nous disent qu’il n’y a absolument rien qui fonctionne dans leur organisation. C’est là où la recherche obsessionnelle doit rentrer en jeu : si l’entreprise continue d’exister, c’est qu’il y a quelque chose qui marche ! Il va donc falloir chercher cette plus petite ressource possible — dans une personne, une équipe ou une organisation — pour l’identifier et l’amplifier.

Qui a créé l’Appreciative Inquiry ? Est-ce qu’il y a une aventure ou des ouvrages fondateurs ?

L’aventure fondatrice est celle de David Cooperrider qui incarne réellement l’Appreciative Inquiry, lorsqu’il était doctorant en sociologie des organisations à l’université à Cleveland. Dans le cadre de ses recherches, il s’est rendu dans une clinique extrêmement réputée de Cleveland dans l’optique d’aller y trouver les dysfonctionnements. Mais après avoir entamé son enquête et rencontré tout l’écosystème de la clinique — malades, médecins, fournisseurs, corps intermédiaires, etc. — il s’est rendu compte que la clinique fonctionnait extrêmement bien ! Son mentor Suresh Srviastva et lui ont donc décidé de revenir à la clinique pour proposer à son Board de mener une ‘investigation appréciative’ : ne plus chercher les dysfonctionnements, mais identifier pourquoi ça marche. L’Appreciative Inquiry était née.

David Cooperrider a donc commencé à parler de cette approche autour de lui aux États-Unis, et ce ne fut pas tout de suite le succès qu’il connait aujourd’hui puisqu’il est toujours compliqué d’être pionnier. Ensuite, il a rencontré une femme, Jane Magruder Watkins, qui était la Doyenne du National Training Laboratory, un des berceaux mondiaux mondial du Développement Organisationnel. Jane est l’une des plus grandes praticiennes dans ce domaine, c’est elle qui m’a formé et elle a vraiment le talent de découvrir les ressources des personnes avant mêmes que celles-ci s’en rendent compte. David et Jane ont donc commencé à développer la pratique dans le monde : cette pratique est aujourd’hui connu dans le monde anglo-saxon, et a pénétré en France à partir de 2009–2010. Aujourd’hui, il doit y avoir à peu près 1 000 praticiens de l’Appreciative Inquiry dans l’Hexagone, dont une partie formée par nos soins.

Quelle est votre place dans l’Appreciative Inquiry ? À quel moment avez-vous décidé de vous engager là-dedans ?

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Pour découvrir la suite, rendez-vous sur Stormz ! (article gratuit)

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Maxime Nialiv
Nialiv

Product Designer/Marketer d’Arenametrix. Ici pour démocratiser la culture Produit, l’innovation & le design, avec un peu de Pop culture ☕️👌