Chemtrails : la commission européenne répond

La commission européenne à répondu aux inquiétudes de la population. On fait le point.

Иicolas BESSON
Nicolas Besson
7 min readSep 13, 2017

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Traînées laissées par des McDonnell Douglas F-15 Eagle.

Vendredi dernier, la commission européenne a répondu aux questions qui lui avaient été posées sur la réalité des chemtrails. Ces trainées blanches qui seraient répandues en haute altitude par avion pour des raisons dissimulées au grand public. L’occasion de revenir sur les fois où la société civile s’est confrontée aux procédés de géo-ingénierie.

Cette réponse fait suite aux diverses demandes qui avait été faites à la Commission depuis quelques années déjà. En effet, les sept questions qu’elle copie dans sa réponse ont été formulées entre 2007 et 2015. Pourtant, et malgré la documentation hétéroclite que l’on peut trouver sur les sites de diverses entités gouvernementales en charge de l’environnement à travers le globe, la commission reste peu intéressée par la question. Pour elle, il n’y a rien à dire de plus. Les chemtrails, mais aussi toutes sortes de modifications artificielles du climat, seraient parfaitement inoffensifs, à la fois pour l’homme et pour la nature. Pas de rapports scientifiques corroborants, pas d’éventuels dommages sur l’environnement, et encore moins de risque pour la santé.

Les questions présentées à la Commission.
La réponse de la Commission Européenne.

Pourtant, ceux qui suivent avec un peu d’attention l’histoire de la géo-ingénierie savent que cette science n’est pas nouvelle. Comme son nom l’indique il s’agit d’une action à l’échelle globale (géo) et générée par l’homme (ingénierie). Cela a vraiment commencé après la seconde guerre mondiale. D’abord quand les armées US et URSS on chercher à contrôler les tornades ou les précipitations. Aux États-Unis certaines expériences sont effectuées avec plus ou moins de réussite sur des zones locales. Notamment à partir des années 70 au Vietnam comme le rappelle cet article de Courrier International en 2005.

Arte avait réalisé en 2015 un documentaire sur le sujet intitulé Les Apprentis-sorciers du climat où les journalistes cherchaient à comprendre les motivations des géo-ingénieurs. Ceux-ci discutaient de solutions telles que la pulvérisation d’aérosols soufrés pour limiter et/ou créer des précipitations ainsi que de la création de centres de recherches dédiés à ces pratique. Dans le documentaire, certains intervenants s’inquiétaient déjà de l’éventuel danger que pourrait faire courir ces scientifiques à notre planète. Mais, bien avant eux, certains avaient déjà été fort critiques envers les géo-ingénieurs.

Les apprentis-sorciers du climat, Pierre Oscar Lévy (Arte 2015)

En 1976, un traité international (ENMOD) visant à interdire l’utilisation de techniques de modification de l’environnement voyait le jour à l’ONU. Il faisait suite aux tentatives ayant déjà été effectuées au Vietnam presque une dizaine d’années plus tôt. En 1999, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) écrivait un résumé à l’attention des décideurs sur l’aviation et l’atmosphère planétaire qui montrait les conséquences des émissions de gaz à effet de serre des moteurs d’aéronefs. Un an auparavant le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP) éditait un rapport sobrement intitulé Le Programme HAARP : Science ou désastre ?

La commission européenne a elle-même étudié le sujet dans un rapport datant du 14 janvier 1999 sur l’environnement, la sécurité et la politique étrangère. Et en 2006, deux députés européens les Verts avaient présenté la conférence Sécurité Collective et Environnement en revenant sur les préoccupations relatives aux utilisations militaires de la géo-ingénierie et des procédés de modifications climatiques. Deux ans plus tard, le GRIP revenait à la charge avec une note intitulée La Convention ENMOD et le Programme HAARP : enjeux et portée. Enfin, le Journal of the Air & Waste Management Association publiait en 2010 Environmental and Human Health Risks of Aerosolized Silver Nanoparticles.

On pourrait continuer longtemps comme ainsi. Inutile de mentionner des contrôles mentals, de catastrophes naturelles générées ou d’expérience humaine à l’échelle globale. Mais on peut s’inquiéter des éventuels dangers que cette science pourrait engendrer. Il n’y a pas de volonté de destruction du climat et personne n’empoisonne sciemment la planète. Mais il s’agit de garder en tête que certains spécialistes et des professionnels se sont déjà posés la question du danger que pouvait induire les expériences menées sur le climat.

“Ce mal venu du ciel ?” Enquête de Région, France 3 (mars 2014.)

D’autres médias s’étaient emparés du sujet. En 2014, le chaine télévisée France 3 se posait la question des dangers pour l’homme dans son Enquête de Région intitulée : Ce mal venu du ciel. Ce reportage était peut-être un écho à la pétition adressée au Parlement européen le 10 mai 2013 par Josefina Fraile Martin, présidente de Terra SOS-tenible et promotrice de la Plateforme Civique Européenne de SKYGUARDS.

Cependant, il faut dire que les points que soulèvent les géo-ingénieurs sont importants. En effet, la meilleure solution pour lutter contre le changement climatique serait la réduction (voir l’arrêt total) de nos émissions à effet de serre. Mais il faut constater que nul ne le fait réellement. Les plus gros pollueurs ne font pas partie du protocole de Kyoto, et les industriels responsables de la majeure partie du réchauffement n’ont que faire de la planète. Pourquoi ? Cela coute cher de changer, ce n’est absolument pas rentable et les moyens (financiers et techniques) qu’ils faudraient désormais mettre en oeuvre serait colossaux. En somme, c’est presque trop tard pour changer les choses rapidement. La deuxième solution serait l’adaptation mais les individus les moins responsables du changement climatique seraient les plus vulnérables et les moins à même se s’adapter rapidement. Et cela serait particulièrement égoïste. Enfin, l’idée des géo-ingénieurs : l’action directe sur le climat à grande échelle. Capture des gaz à effet de serre, modification de la distribution régionale ou mondiale des précipitations, contrôle du plancton

Des propositions de géo-ingénierie faites en 2011.

Pour ces ingénieurs, les deux premières solutions ont échoué et ne laissent place qu’à cette troisième idée. Est-elle bonne ? Il faudrait s’avancer de beaucoup pour dire le contraire tellement la situation climatique et écologique dans laquelle nous sommes aujourd’hui fait peine à voir. Mais peut-on faire confiance aux scientifiques travaillant en étroite collaboration avec l’armée sur des projets de géo-ingénierie parfois classés secrets ? Peu probable là aussi, et on le voit bien dans les documentaires Arte et France 3. Même si les projets partent d’intentions louables, force est de constater qu’ils ne sont jamais assez surveillés pour que l’on soit sûr de leurs caractères inoffensifs. De plus, le Secret Défense des recherches est un obstacle pour analyser et contrôler la sureté des procédés mis en oeuvre. Aucune transparence sur ces questions.

Les limites de la géo-ingénierie sur wikipedia.

Mais malheureusement, la commission européenne ne souhaite pas s’exprimer sur ces questions ; ni même y réfléchir ! Pourtant, il y a des choses à dire. La crise écologique arrive à grand pas et le problème écologique, lui, est déjà là. Il semble que la géo-ingénierie fera partie de la bataille qu’on le veuille ou non ! Et cette bataille est loin d’être gagnée. On partirait même perdant. Mais n’est-ce pas normal de vouloir se protéger ? Comme si de rien n’était, ces “nouveaux sauveurs de l’humanité” ont transformé le coût économique que le réchauffement climatique va engendrer en magnifique manne financière pour les laboratoires, les ingénieurs et les programmes de l’armée. Le marché tire toujours son épingle du jeu, n’est-ce pas.

De plus, la commission ne peut réagir et intervenir sur ces questions. Et il faudra attendre encore pour avoir plus de transparence sur le sujet. En témoigne la réponse qu’elle avait adressée aux signataires de la pétition de 2013 :

« The petitioner is asking for a full implementation of the Proposal of Resolution on the Environment, Security and Foreign Policy and, among others, that a Green Paper be drawn up on military activities affecting the environment, that secrecy in military research be resisted and openness and democratic scrutiny of military research projects be encouraged, and that civil laws on the environment be applied in relation to all military activities.

However, the European Commission would like to inform the Petitions committee that it has no competence in the area of military initiatives in Member States. The EEAS ( European External Action Service ) only deals with the setting up and managing of military/CSDP initiatives in third countries.

Consequently, any reference to EU environmental legislation, notably Directive 2001/42/EC, the Aarhus Convention and the Nagoya Convention on Biodiversity with respect to military activities is without purpose. »

En bref, sale temps pour le climat.

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Иicolas BESSON
Nicolas Besson

Journaliste Pluri-médias. Apprenti motion-designer. Passionné de vidéo et de savoirs. Photographe à mes heures. ex @EFJ_Officiel