Le lait est-il bon pour la santé ?
De nouvelles études montrent tous les ans les effets indésirables que peuvent induire les produits laitiers. Seront-ils vraiment nos “amis pour la vie” comme on a voulu le faire croire.
L’histoire du lait est assez vieille. Selon la maison du lait à Paris, l’être humain a commencé à consommer du lait à partir des débuts de l’élevage en -9000. En -2000, la première laiterie apparait à Sumen, une ville du nord-est de la Bulgarie. S’en suit alors une longue aventure pendant laquelle l’homme et le lait vont rester étroitement liés. Pourtant, le vrai début de la problématique des produits laitiers commence bien plus tard avec l’invention de la pasteurisation en 1865. En effet, à l’époque on se rend compte que le lait peut transporter un certains nombres de bactéries et de virus. La pasteurisation est le premier aboutissement sur la question de la conservation du lait. Le lait redevient alors sûr et inattaquable. Des années plus tard, en 1954, c’est Pierre Mendes France qui placera le lait dans les frigidaires de toute les familles. En même temps qu’il interdit l’alcool dans les cantines pour les moins de 14 ans, il rend obligatoire la distribution d’un verre de lait sucré dans toutes les écoles de France. Mais était-ce seulement pour la santé de la population ? La santé de l’économie avait-elle aussi un rôle à jouer ?
A cette époque la production de lait s’envole, il faut donc trouver un moyen d’écouler les milliers de litres produits chaque jours. C’était le fleuve blanc. Cette surproduction de lait, on la devait à un procédé qui avait vu le jour en 1951 en Suisse : la stérilisation ultra haute température. Celle-ci permettait désormais de garder le lait beaucoup plus longtemps qu’au paravant. A cela s’ajoute. l’invention de la brique Tétra Pak et le lait pouvait désormais se conserver pendant 3 mois. Enfin, une technique a fini de révolutionner le marché du lait : le cracking moléculaire. C’est ce procédé qui a permis, en 1936, à Eugène Houdry de produire plus d’essence avec un baril brut. En ce qui concerne les laitages, cela a permis au industriels de mettre sur le marché des laits demi-écrémés, écrémés ou entier. Les professionnels de l’agro-alimentaire ont alors à percevoir l’intérêt économique potentiel qu‘offraient l’industrie des laitages Devenu un produit commun, tel que le sucre ou la farine, sont prix diminua et il est vite devenu un produit de consommation basique dans les ménages. Aujourd’hui on consomme environ 54 litres de lait/habitant/an en France, soit un peu plus d’un litre par semaine.
Cependant, paradoxe de l’évolution, 20% des Français ont du mal à digérer le sucre de lait, ce que l’on appelle plus communément l’intolérance au lactose. En constate l’augmentation des ventes de lait à teneur réduite en lactose en France. Pourtant, même si l’intolérance au lactose est considérée comme une maladie partout sur le globe, aujourd’hui elle est une norme. Les trois quarts de la population mondiale est intolérante au lactose. Il se trouve que cette maladie est propre aux pays qui ont eu un développement tardif du commerce et/ou de la consommation de lait. Dans des pays comme la France, la Bulgarie, les USA et l’Irlande, les populations sont mieux protégées contre les désagréments du lait car elles le consomment depuis plus longtemps.
Toutes ces problématiques ont été confiées à l’Institut nationale de la recherche agronomique(INRA). En France, c’est elle qui a établie les doses quotidiennes conseillées de lait pour les enfants et les adultes. Environ 1200mg/jour pour les enfants, les adolescents et les personnes âgées. Et 900mg/jour pour les adultes. En comparant ces dosages avec la prescriptions de l’Organisme mondiale de la santé (OMS) on se rend compte que les Français ont des indications deux fois plus élevées que la moyenne conseillée par l’OMS (500mg/jour.) Lorsque l’on interroge les spécialistes de l’INRA, ceux-ci répondent que pour être certains que les dosages soient respectés il faut les exagérer. Selon leurs sondages, les enfants et adolescents ne sont toujours pas assez nombreux à consommer des produits laitiers régulièrement et ces dosages excessifs permettraient de s’assurer de la présence d’un minimum de lait dans leur alimentation. On les sensibilise donc plus.
Cependant, de nombreux médecins et chercheurs remettent en cause les bienfaits d’une consommation excessive de produits laitiers. Parmi ces médecins, Jean-Pierre Poinsignon est rhumatologue et a constaté des changements positifs pour beaucoup de ses patients avec la mise en place d’un régime d’alimentation Seignelet ou régime ancestral. C’est à dire un régime sans produits laitiers et sans céréales mutées. Pour Walter Willet, chercheur à l’unité de nutrition de Harvard et référence dans le monde de la nutrition, les consommateurs de lait n’ont pas moins de fractures que les autres. Il va dans le sens du docteur Poinsignon en affirmant que la consommation excessive de lait n’aide ni à prévenir ni à soigner l’ostéoporose. Pour lui, le calcium des produits laitiers n’a aucun impact, seulement 30% du calcium ingéré par le corps fini dans les os. Pour le docteur Thomas Rau, c’est le marketing et la communication des industriels qui nous a poussé à croire pendant plus de 30 ans que le lait était bon et important pour la santé. Il s’agit pour lui d’un vrai lavage de cerveau. Sur le plan nutritionnel et physiologique il est clair que le lait à des bienfaits. Il faut cependant en avoir une consommation raisonnée. Aujourd’hui nous consommons beaucoup trop de produits laitiers. Et cette consommation à outrance stimule excessivement l’organisme. De ce fait, les laitages occasionnent un effet néfaste sur le corps.
Lors d’un colloque international sur la nutrition et le cancer à Paris en 2013, certains spécialistes avaient mis en avant le rapport entre risque de cancer de la prostate chez l’homme et consommation de produits laitiers. Dans un deuxième temps, il avait aussi montré que le lait réduisait les chances d’avoir un cancer intestinal. La question du lait est paradoxale et il faut donc en débattre avec prudence. Seulement, les médecins n’ont pas été les seuls a faire des reproches aux laitages. Tierry Souccar, un journaliste scientifique a publié en 2004 le livre Lait, mensonges et propagande où il explique que les bienfaits du lait sont sur-évalués. Les politiques et les responsables en charge d’étudier la consommation des produits laitiers sont en partie financés par les entreprises de l’agro-alimentaire. Il pointe alors René Rizzoli, souvent pris comme référence pour ses recherches sur l’influence positive du lait sur l’ostéoporose. Celui-ci serait un invité régulier des conférences et congrès Danone et Nestlé. Il en va de même pour l’INRA dont les recherches sont financées par l’industrie laitière française.
Mais rassurez vous, quand on demande aux intéressés si les risques de conflits d’intérêt ne sont pas trop fort, on nous dit que tout va pour le mieux ! Ces liens entre agro-alimentaire et les médecins ne seraient qu’une conséquence normale du système de financement des études et des observatoires de santé. Encore une fois, il va falloir faire confiance à des individus qui s’intéresse plus au profit qu’à la santé et au bien-être de tous. Inquiétant.
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