De la “social tokenization” au Non-Fungible Transhumanisme ?

Introduction

Les NFTs prennent de plus en plus de place dans le monde depuis quelques mois et l’adoption dans le ticketing de concert, l’art ou le jeu vidéo se multiplie. Quelques cas d’usage plus institutionnels sont aussi apparus bien que plus timides comme la délivrance de diplôme au Vietnam ou le transfert de contrat dans les entreprises.

Les raisons de cette adoption sont multiples tant les bénéfices de l’utilisation d’une blockchain publique sont nombreux : La transparence permet de lutter plus efficacement contre la fraude, la suppression du tiers de confiance octroie un bénéfice plus juste pour les artistes et la standardisation des tokens autorise une interopérabilité entre les projets.

Le point commun de ces cas d’usage est la réponse qu’ils apportent à des problématiques de confiance déjà connues, dans des processus déjà bien rodés dans le monde réel. Cela fait plus de trois ans que des essais concluants ont lieu dans ces domaines mais bien souvent, un élément capital est occulté par ces avancées technologiques : la communauté qui a permis ces réussites.

From community to Social Tokenization

Ces communautés sont liées entre elles par l’utilisation de cette nouvelle technologie mais forment des “mini-clans” qui semblent peu interagir les uns avec les autres… en apparence !
Il existe toute une vie sociale hors des projets phares de l’espace NFT et dans l’effervescence de la création de nouveaux projets, des expériences ont eu lieu autour de la “social tokenization” dont le concept a été d’adosser la valeur d’un token à celle d’une entité tierce influente.

Par exemple, Coin Artist a laissé les droits de gouvernance au sein du syndicat virtuel présents dans le projet Neon District tandis qu’Alex Masmej a décidé de laisser le vote pour certains choix de sa vie à la communauté ayant participé à la vente de ses tokens.
Pour Alex, la valeur est adossée au respect des choix de la communauté sur un temps donné tandis que pour Coin Artist, ce sont les choix qui ressembleront le plus à la communauté qui en feront sa valeur.

Dans le projet de Cherry Blossom (NSFW), contrairement aux exemples précédents, c’est le nombre de tokens possédés qui déterminera l’importance des services auxquels il sera possible d’accéder. Leur valeur dépendra du nombre de personnes actives dans cette communauté ainsi que la qualité des prestations rendues.

Ces idées d’engagement mutuel décentralisé semblent avoir inspiré des startups qui proposent de monétiser des choix dans la vie d’influenceurs aux Etats Unis mais pas de blockchains impliquées dans ces projets là… pour le moment!

A new way of life

En tokenisant des aspects sociaux de la vie, une forme de synergie entre les personnes influentes et leur communauté s’est développée de manière plus horizontale que ce qu’il était possible jusque-là de faire uniquement avec les réseaux sociaux.

Cette nouvelle manière de monétiser l’existence en la fractionnant sur un marché ouvert peut sembler choquante aux premiers abords, mais est-ce que finalement cela n’est pas un moyen de regagner un contrôle sur ses données personnelles détenues (et vendues) par quelques plateformes centralisées ?

Au fur et à mesure que l’humanité est de plus en plus connectée entre elle, il devient de plus en plus important que l’identité numérique puisse être vérifiée publiquement tout en préservant la confidentialité des données personnelles.

Le personnage de Satoshi Nakamoto en est un très bon exemple : tout le monde peut reconnaître son identité en lisant le forum Bitcointalk mais personne ne sait qui il ou elle est.

A une autre échelle, le personnage de Whaleshark a adopté une autre identité : Tout le monde peut vérifier le contenu du coffre fort sur lesquels sont adossés la valeur du $WHALE mais seules quelques personnes savent vraiment qui il ou elle est.

Même si l’existence de ces personnages n’existe que virtuellement, ils ont quand même un impact non négligeable dans la réalité de beaucoup de gens. Et c’est cette nouvelle manière de vivre qui agrandit un peu plus la définition de l’humanité.

Non-Fungible Transhumanism

Repousser les limites de l’humain ou du “naturel” tel qu’il est communément admis est l’un des crédos que nous pouvons retrouver dans le mouvement du transhumanisme. Bien qu’essentiellement réservé pour le domaine de la santé pour remplacer un membre perdu par une prothèse, on le retrouve aussi beaucoup dans l’armée notamment pour les blessés de guerre ou encore chez les sportifs pour qu’ils puissent continuer leur passion.

Avec les avancées en recherche et développement qui continuent de progresser, difficile de ne pas imaginer dans un avenir relativement proche que n’importe qui puisse y avoir accès facilement.

D’un côté il y aurait davantage de personnes qui pourraient accéder à une technologie robotique permettant de transcender son humanité et de l’autre, une tendance pour la monétisation d’aspects sociaux de sa vie en ligne et décentralisée. Il ne tient pas à grand-chose d’associer un NFT à la partie du corps qui a été remplacée ou améliorée.

Si le propriétaire d’une prothèse décide de la mettre à disposition de sa communauté, que cela soit par le biais de jetons de gouvernance, de récompenses ou de services rendus, est-ce que la suppression du tiers de confiance ne soulèverait pas son lot de questions éthiques ?

La presse à scandale n’attendrait que le premier exemple de main “prêtée” ayant servi à un meurtre, mais d’un autre côté il pourrait être aussi possible d’assister, au travers des yeux “prêtés”, à la réalisation d’une oeuvre par des artistes talentueux ou encore écouter un concert grâce à une ouïe “partagée”.

Conclusion

L’univers de la social tokenisation et du transhumanisme ne semblent pour le moment pas communiquer l’un avec l’autre mais dans un contexte où la responsabilisation individuelle est de plus en plus prônée, il apparaît normal de diluer la responsabilité si cette dernière est trop importante à gérer seul.

Et cette dilution, la blockchain le permet sans frontière et de pair à pair. Sans le contrôle d’un tiers, les libertés permises par ce nouveau moyen de créer des communauté et d’interagir avec sont conditionnées par des principes moraux de l’individu ayant créé le projet puis de sa communauté.

Ce sont donc des initiatives où l’individu est au centre mais n’est jamais seul pour prendre des décisions qui créent ces expériences sociales, reflets d’une partie de la société digitalee… mais plus réelle que jamais.

Crédit image : geralt — Mohamed Hassan — The Digital Artist

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