Enjin & ERC-1155, qu’êtes-vous devenus ?

Annoncé en grande pompe il y a deux ans, surfant sur la hype il y a un an, que sont devenus les projets liés à Enjin ?

Introduction

En 2018, Enjin arrivait dans l’univers des NFTs avec une promesse de taille : accéder à un trésor en parvenant à résoudre une énigme complexe.

Les indices de cette énigme devaient être répartis dans différents projets, tous connectés sous l’égide d’Enjin. Pour parvenir à soutenir et maintenir sa communauté, Enjin a développé en 2018 et 2019 de nombreux outils pour aider les développeurs et rendre plus simple l’accès à leur ecosystème :

• Un portefeuille possédant des fonctions comme réaliser des swaps de token, accéder aux NFTs pour les échanger, les lister sur leur marketplace ou encore les faire fondre, lier les jeux au portefeuille
• la documentation et les outils nécessaires pour développer grâce à leur plateforme
• un système d’accompagnement des développeurs
• Une marketplace dediée
• Une aide à la promotion des projets

Depuis l’énorme hype qui a régné autour du projet (et surtout du standard ERC-1155) à son lancement et les nombreux projets s’étant développés avec leur outils, comment est-ce que l’écosystème d’Enjin a évolué ?

Les limites de l’univers d’Enjin

Avec cet éventail d’outils autant pour les développeurs, les créateurs de projet que pour les joueurs, Enjin a su s’armer d’outils qui semblent simples d’utilisation. De plus, le catalogue de jeux présents dans leur écosystème s’est étoffé avec le temps, accueillant toujours un peu plus de diversité dans les jeux proposés.

Pourtant, il y a quelques soucis qui apparaissent lorsqu’on regarde d’un peu plus près le fonctionnement de leur système.

Le premier d’entre eux concerne l’enfermement de l’univers d’Enjin sur lui-même. Toutes les interactions pouvant être réalisées dans cet environnement passent nécessairement par l’utilisation du jeton ENJ à un moment donné.

Pour envoyer ou fondre un NFT Enjin, un certain nombre de jetons $ENJ sera nécessaire au préalable et ce nombre est déterminé par le créateur du NFT. Cela enferme donc l’utilisateur dans un monde où il devra investir obligatoirement à un moment donné des $ENJ en plus de couvrir les frais du réseau Ethereum.

Pour compenser cette idée d’enfermement, le défi à relever a été de créer un environnement suffisamment riche en possibilité pour que l’utilisateur puisse y évoluer. La carte maîtresse mise en avant pour y parvenir : l’interopérabilité des objets Enjin entre les différents jeux.

Il faut reconnaître que la communauté a su se montrer créative en matière d’idée d’utilisation de leur NFT entre les plateformes : Kriptomat qui récompense ses utilisateurs avec des dragons pouvant servir de familier dans Lost Relic, une épée de l’univers originel d’Enjin qui peut être utilisée dans Forest Knight, etc.

Mais malheureusement trois inconvénients majeurs sont amenés par cet enfermement :

• L’impossibilité de jeux externes de pouvoir interagir avec les jeux Enjin
• Une inégalité croissante entre les premiers et les derniers arrivants
• Les nouveaux contenus arrivent plus lentement que dans le reste du monde du crypto-gaming

Cependant il faut noter que trois jeux ont réussi à se démarquer grâce à l’utilisation du système Enjin : Bitcoin Hodler, The 6 Dragons et Lost Relic. D’un système de succès prenant forme de médaille NFT à l’accumulation de matériaux envoyés à la fin d’un donjon, c’est le système d’envoi de NFT massif qui a été privilégié à celui du développement d’une économie avec les ERC-20.

L’autre gros chantier qui a abouti a été celui de la configuration de tout un serveur Minecraft compatible avec l’univers d’Enjin. Grâce à un plugin, il est possible de créer des armes et armures dans Minecraft qui pourront ensuite être utilisés dans les autres jeux du multivers.

En dehors de l’univers du gaming, c’est Coingecko qui fut le premier à profiter de cette nouveauté pour distribuer des NFTs afin d’en promouvoir l’utilisation. Suivi par Binance quelques mois plus tard qui a montré un intérêt croissant pour la distribution de collectible tout au long de 2019 et suivant une certaine logique, Coinmarketcap pour Halloween 2020.

L’émancipation de l’ERC-1155

Il fut un temps où l’ERC-1155 était synonyme d’Enjin. Mais peut-on nommer “standard” des jetons qui ne sont utilisés uniquement par une seule entité ?

Aujourd’hui grâce à The Sandbox, Rarible et CryptoVoxel, une dissociation a pu être faite entre Enjin et le standard qu’ils ont créé.

The Sandbox l’a utilisé pour permettre aux créateurs de créer de multiples éditions d’un même objet facilement. En plus de laisser la possibilité aux utilisateurs de transformer leur ERC-1155 en ERC-721, The Sandbox a lancé en octobre 2020 le $SAND sur lequel la valeur des NFT du jeu sera adossée.

Même si cela était annoncé d’avance, en n’utilisant pas les $ENJ pour l’économie du jeu, The Sandbox s’est placé comme le premier projet à s’émanciper d’Enjin.

De son côté, avec son aspect très permissif, Rarible a démontré que son utilisation massive pouvait être faite au profit de l’art avec une marketplace extrêmement simple d’utilisation. Créer et vendre des œuvres n’a jamais été aussi simple et l’airdrop de son controversé $RARI a tout de même réussi à attirer de nombreux utilisateurs à utiliser la plateforme.

Cela dit, cela reste tout un écosystème qui s’est développé autour de l’ERC-1155 en incluant l’ERC-721 et l’ERC-20.

Ces deux projets ont en commun le fait d’avoir développé tout un aspect monétaire qui leur soit propre, leur permettant une grande liberté d’action vis-à-vis de leur communication ou leur communauté.

Conclusion

Cela fait maintenant quelque temps que la quête pour le monolithe d’Enjin a débuté et il existe toujours aussi peu d’éléments à ce jour pour pouvoir la résoudre. Bien que 5 nouveaux jeux aient récemment rejoint cette famille, il semblerait qu’encore une fois qu’ils ne soient qu’au stade de développement.

L’un des objectifs d’Enjin est d’atteindre une économie décentralisée dans un multivers qui pourrait interagir surtout avec les jetons $ENJ. Mais avec l’avènement de la DeFI et des jetons de gouvernance, cette possibilité fut ouverte à n’importe qui sur une échelle beaucoup plus large, englobant l’écosystème NFT dans sa vague.

L’une des promesses qui faisait autrefois la force d’Enjin a été démocratisée par la DeFI et l’ERC-1155 a réussi à se démocratiser notamment grâce à The Sandbox et Rarible… deux projets externes à l’environnement d’Enjin.

A force de trop se concentrer sur son propre univers, Enjin semble se retrouver aujourd’hui isolé dans son propre espace avec des possibilités d’évolutions plus limitées que les autres projets Ethereum. Même avec la solution Efinity qui permettra d’assurer des transactions sans frais (annoncée en 2018), d’autres projets ont déjà commencé à développer la leur ou alors vont utiliser une sidechain déjà existante.

Si davantage de projets continuent d’utiliser l’ERC-1155 sans passer par Enjin, ils auront accès à un univers de possibilités ainsi qu’un public beaucoup plus large. Autant de public qui risque de ne pas s’intéresser à la solution “propriétaire” d’Enjin, laissant planer le doute quant à l’avenir de la plateforme.

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