L’impact écologique des NFTs

Besancia
NonFungible France
Published in
10 min readMar 12, 2021

De plus en plus de voix s’élèvent contre l’utilisation des NFTs notamment dans le domaine du crypto-art et dénoncent l’impact écologique que peut avoir la blockchain. Alors plusieurs questions se posent : Est-ce que les cryptos sont un danger? Que fait l’univers des cryptos et des NFTs pour aider écologiquement la planète ?

Introduction

Nous y sommes, les NFTs sont en train de devenir mainstream ! De nombreux artistes de renommée internationale commencent à vendre leur album par ce biais, d’autres, plasticiens ou vidéastes, essayent de lier leur oeuvre physique à des NFTs dans la perspective de les vendre plus facilement sur des plateformes dédiées comme Makersplace, Nifty Gateway ou Known Origin.

Seulement voilà, qui dit popularisation des NFTs dit conséquences qui n’ont pas toujours été prévues par les artistes, les utilisateurs ou encore les développeurs et récemment, un débat a été initié par deux personnes concernant l’impact écologique des NFTs sur la planète.

La question écologique et plus précisément de la consommation électrique générée par la blockchain utilisant la Proof of Work ne date pas d’hier et il n’est pas vraiment étonnant qu’elle arrive aujourd’hui dans notre communauté qui n’est plus si petite. Difficile d’ignorer les critiques qui sont faites à cette industrie qui a vu en moins de dix ans la nécessité de passer d’ordinateurs pour miner à des machines dédiées dans des énormes entrepôts qui n’ont rien à envier au datacenters de Google ou Facebook.

Difficile d’ignorer certes mais en mettant les choses en perspective et en comparant ce qui est comparable, certains éléments mis en avant par Memo Akten et Joanie Lemercier sont quand même à prendre avec un certain recul. L’intention de départ est d’élever un débat autour de la conscience écologique d’une part des utilisateurs et acteurs des NFTs mais aussi des convictions politiques qui entourent cet univers.

Car c’est évidemment ce dont il est question ici : empêcher d’une part d’empirer les conséquences désastreuses des politiques de mondialisation sur la planète et ne pas retomber dans le piège d’un néo-libéralisme dont les conséquences sociales ne sont plus à démontrer.
Sauf que pour y parvenir, interdire n’est pas la bonne option. Cela ne l’a jamais été. Encore moins avec l’espace crypto car il est basé sur un principe fondamental : celui du consensus.

Alors plutôt que de vouloir rentrer dans une guerre ouverte en culpabilisant les acteurs de cet écosystème qui finira par aboutir par un débat stérile au mieux, réfléchissons ensemble aux solutions que nous pouvons apporter pour construire le monde de demain dont l’aspect digital fera partie de notre vie de tous les jours, quoi qu’on en dise.

Une méthodologie fallacieuse ?

Tout d’abord, il y a quelque chose d’extrêmement dérangeant dans tous les articles que nous avons pu lire : “une transaction coûte… XXX en CO2”. Stop. La consommation électrique des mineurs n’intervient que lors de l’écriture des transactions dans un nouveau bloc !

Pour être plus précis : Les blocs étant générés *automatiquement* toutes les 15 secondes environ, la comparaison avec un voyage en avion ne tient pas… car même s’il est possible de laisser les avions au sol (et encore, nous avons pu voir pendant le premier confinement que ce n’était pas le cas faute de places disponibles dans les aéroports), il n’est pas possible d’arrêter une blockchain PoW *par design*.

Que cela soit pour une transaction simple ou complexe, elles sont dans une sorte de salle d’attente appelée “mempool” qui ne nécessite uniquement la consommation électrique du nœud qui la reçoit ! Culpabiliser l’utilisateur en disant “ton clic va engendrer des catastrophes planétaires” est tout simplement faux ! La taille des blocs étant limitée, le nombre de transactions qui peut être contenue dedans le sera donc tout autant.

Alors oui pour le moment pour avoir une bonne conscience écologique en créant des NFTs, l’unique solution est d’utiliser un système en Proof of Stake et récemment Vitalik Buterin tente de faire accélérer le processus de cette transition pour Ethereum. Mais comme cela ne se fait pas au détriment de la sécurité du réseau cela prend du temps.

Dans son article sur Medium, Memo Akten précise bien qu’il est question de l’empreinte carbone estimée et reconnaît par la même occasion que sa méthodologie n’a pas pour but d’être approuvée scientifiquement mais plutôt faire prendre conscience que le système Proof of Work est energivore.

Un paradoxe écologique

Alors oui, merci du rappel Memo ! Nous sommes au courant que notre planète subit le réchauffement climatique, connaît une montée des eaux inquiétante et s’est créée un continent de plastique de manière complètement artificielle. Mais est-ce une raison pour être aussi violent dans ce lobbying anti-blockchain (et pas forcément anti-NFT) en estimant que la communauté des crypto-artistes n’a aucune conscience écologique ? Et si c’était même l’inverse ?

Offsetting

Dans un article de Everest Pipkin, la question du “offsetting” est abordée comme un moyen hypocrite de prendre un crédit vert envers la planète et s’acheter une bonne conscience. Qu’est-ce que c’est que l’offsetting ? Pour donner une image : c’est l’idée de planter un nombre d’arbre équivalent à notre empreinte carbone pour compenser. Si cette idée semble hypocrite c’est parce que l’argument contre cette pratique est qu’il faut consommer moins et planter plus d’arbre, pas consommer plus et planter plus.

Tout le monde n’est pas pour le choix d’une décroissance absolue au point de supprimer tous les ordinateurs et électricité de la planète mais en même temps tout le monde a conscience qu’il faut quand même faire quelque chose pour limiter les risques. L’offsetting est une pratique de “réduction des risques”, c’est-à-dire un équilibre entre le risque 0 et la pollution abusive de la planète. Pourquoi cette solution est-elle apparue au fil du temps ? Probablement à cause d’un des gros souci aujourd’hui rencontré avec les entreprises et associations qui proposent ce service car personne ne peut vérifier où vont réellement les fonds récoltés pour ce genre d’opérations.

“Blockchain fixes this” : La question de la confiance est fondamentale pour n’importe quel acteur de la blockchain et souvent l’expression “tout projet est une arnaque jusqu’à preuve du contraire” s’avère juste. N’importe qui aujourd’hui veut vérifier de manière infalsifiable où vont réellement les fonds récoltés ou comment sont votés tel ou tel choix d’action et à juste titre : nous parlons ici de politique publique, quoi de plus normal que tout à chacun puisse être en mesure d’accéder à ces informations ?

C’est exactement le projet de Offsetra qui propose de mettre sous séquestre des $DAI afin que les intérêts générés de cette manière soient reversés à des projets écologiques. C’est aussi celui de NFTree qui a pour but de sensibiliser d’une part à la question écologique tout en utilisant une blockchain eco-friendly (CROWN).

Energie renouvellable

La question de l’énergie renouvelable par les mineurs est tout aussi importante. Ici aussi, c’est un équilibre entre une consommation 0 et faire tourner les vieilles machines à plein régime pour tenter de trouver un nouveau bloc.

Vouloir déterminer l’empreinte carbone avec un calcul simpliste pour faire sensation est encore une fois, là non plus, pas une bonne méthode pour convaincre les acteurs qui pourront faire changer les choses. Pourquoi ? Parce que les mineurs qui ont répondu à l’étude de l’université de Cambridge doivent rester de bonne foi tant que leur consommation électrique ne peut pas être vérifiée sur la blockchain.

Au global, l’estimation concernant l’énergie renouvelable est d’environ 40% mais en regardant d’un peu plus près, on constate que les fermes de minage minent principalement… du Bitcoin.

Page 22 du rapport sur les crypto-monnaies de l’université de Cambridge

Il a été prouvé plus d’une fois que l’impact écologique des transactions sur Bitcoin (ou ici) n’était qu’un leurre à sensation, nous n’y reviendrons donc pas ici.

Sachant que ce sont les NFTs mintés sur Ethereum qui sont dans le viseur, allons encore plus loin dans l’étude pour découvrir quelles sont les ressources que l’amérique du sud utilisent principalement comme source d’énergie.

Mais avant de crier victoire sur l’utilisation de l’hydroélectricité en Amérique du Sud, il est important de ne pas oublier un élément très important : l’impact des barrages géants qui est un désastre écologique sur l’écosystème forestier dans cette région du monde. Nous pourrions aussi remettre en question l’efficacité des panneaux solaires notamment à cause de l’entretien nécessaire pour que la captation du soleil ne soit pas perturbée par la poussière.

On note que le pétrole est aussi majoritairement utilisé mais est-ce une surprise dans une région qui dispose d’une des réserves de pétrole les plus importantes de la planète ?

Pas de solution parfaite ?

Bon, 1 partout, balle au centre, tout le monde pose ses armes, on s’assoit et on réfléchit plutôt que de continuer de se chamailler sur des problèmes qui doivent nous unir plutôt que nous diviser.

La responsabilisation individuelle est la pierre angulaire d’un changement global puisque le seul pouvoir réel que la population possède aujourd’hui sont ses choix en tant que consommateur. Le terme “consomm’acteur” est apparu depuis quelques années et il n’a rien d’étonnant : dans notre époque où l’argent est roi seule la décision finale d’achat fait office de vote pour encourager les entreprises ou individus derrière un produit vendu.

A ceux qui en doutaient encore, les NFTs sont bien la réalisation du plus vieux rêve du libertarisme : transformer le monde en actif et les mettre en vente sur un libre marché. Certains trouveront ça terrible, d’autres estimeront que c’est une évolution majeure dans notre société.

“Terrible” car nous avons vu les conséquences d’un marché non régulé mis à disposition d’un libéralisme sans limite. Terrible à cause de création monétaire illimitée au renfort des organismes qui ont été responsables de ces crises financières et économiques.

Les craintes sont donc fondées de voir apparaître un nouveau marché où librement, chacun peut mettre en ligne des GIF, des biens immobiliers ou des vidéos. Peut-être que l’histoire va se reproduire d’une manière pire qu’avant… ou peut-être pas.

La solution d’utiliser une blockchain publique ne permet pas seulement d’avoir un grand livre de compte consultable par n’importe qui mais aussi d’automatiser des processus complexes. La question de la transparence est indispensable pour que la fraude diminue mais surtout pour que la répartition des richesses et des ressources soit distribuées plus équitablement. Si on remonte le problème à sa source, l’origine réside bien dans une élite qui utilise son influence pour échapper à toute punition et creuse toujours plus les inégalités sociales de cette manière.

Cela est exacerbé par les problèmes liés au changement climatique et le décalage entre riche et pauvre a été encore plus creusé en 2020 à cause des confinements mondiaux… En partant de ce postulat, est-ce qu’il n’y a pas un problème éthique d’accuser de tous les maux du monde des artistes qui se sont vus privés de leur revenus principaux d’utiliser les NFTs pour tenter d’avoir de quoi vivre ?

Conclusion

Il est important ici de ne pas se tromper d’ennemi et d’utiliser la blockchain comme ce qu’elle est vraiment : un outil technologique. Comme n’importe quel outil, c’est la manière de l’utiliser qui va déterminer son utilité positive ou non.

Les critiques autour de l’impact écologique du PoW est déjà connu et les acteurs réfléchissent depuis des années à réduire leur empreinte carbone. Si cette industrie n’abandonne jamais cette technologie c’est parce qu’elle est convaincue d’une chose : cela va changer le monde.
Si l’objectif est d’arriver plus rapidement à ETH2, cela peut commencer avec des rounds sur Gitcoin pour encourager les développeurs web3. Ca peut être aussi de faire des dons des bénéfices obtenus des ventes directement à des ONG fiables voir demander davantage de créations liées à des causes politiques, sociales et écologiques.

L’éducation de la population à la blockchain doit se poursuivre et pour être tout à fait efficace, les prochaines étapes pour éviter de reproduire les erreurs du passé est d’une part dans la sensibilisation (et pas la culpabilisation) des utilisateurs mais surtout autour d’un militantisme contre l’utilisation des blockchains privées et centralisées.

Avec une utilisation de la blockchain généralisée, il sera possible d’avoir des données fiables et surtout infalsifiables dans presque tous les secteurs. Que cela soit dans le parcours d’une supply chain, la consommation énergétique des individus ou des entreprises voir de la fraude des réels responsables du dérèglement climatique.

La pleine possession de ses actifs ne doit pas être remise en question car autoriser des organismes centraux à avoir un pouvoir décisionnel trop important reviendrait au même schéma des déviances qui nous ont amené à la situation que nous connaissons aujourd’hui. Plutôt que de dire “ne créez plus de NFTs”, il conviendrait plutôt d’encourager les cryptoartistes qui réussissent à aider les initiatives pour diminuer la pollution.

La responsabilisation est la diffusion d’information objective pour que chacun puisse faire un choix éclairé et certainement pas l’infantilisation en jugeant les choix d’autrui sans connaître le passif de l’individu !

Rejoignez la famille NonFungible.com!

  • NonFungible.com centralise toutes les données des jeux blockchains et des tokens non fongibles. Découvrez de nouveaux projets et suivez l’actualité de vos projets préférés.
  • Faites la promotion de votre projet avec nous ! Contactez-nous pour en savoir plus sur les possibilités de partenariat!
  • Souscrivez à notre bulletin d’information hebdomadaire pour les développements récents et les nouvelles non fongibles.
  • Rejoignez notre serveur Discord pour rejoindre notre communauté et échanger avec nous.
  • Twitter pour suivre les dernières actus sur NFTs et le crypto-gaming

--

--