Intentions de vote : combien coûte un sondage ?

Il faut compter une dizaine de milliers d’euros pour un sondage d’intentions de vote. Candidats et médias sont les principaux commanditaires.

Alexandre Léchenet
NSPPolls
4 min readApr 15, 2021

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Diverses pièces de monnaies prises en photo par Steve Johnson sur Unsplash

On ne va pas tourner autour du pot, un sondage d’intentions de vote coûte, en France, une dizaine de milliers d’euros. Interrogé par Le Point, Frédéric Micheau, directeur général adjoint d’OpinionWay, chargé des études Opinion et Politique détaile : « Un sondage d’intentions de vote simple coûte entre 3 000 et 5 000 euros hors taxes, une étude plus poussée entre 10 000 et 25 000 euros. »

Les médias payent

En amont des élections, certains médias aiment alimenter leurs colonnes d’intentions de vote. Pour réduire les coûts de ces sondages, ils concluent des partenariats avec des instituts de sondage auxquelles s’ajoutent des entreprises partenaires. On a vu, par exemple les sondages Ifop – Le Journal du Dimanche – Sud Radio – Fiducial ou Ipsos – Le Parisien – franceinfo – Sopra Steria, parus ces jours-ci concernant l’élection présidentielle de 2022.

Fiducial ou Sopra Steria ne réalisent pas de sondage, mais voient leur nom ainsi régulièrement cités. « Le média commanditaire, qui voit sa facture allégée, s’engage à diffuser un nombre défini de sondages et à effectuer un volume de citations du nom du sponsor », décrit Frédéric Micheau dans son livre La Prophétie électorale (2018, Ed. du Cerf).

Le prix pour ces sondages : environ 10 000 euros, comme l’indiquait par exemple, Le Monde, en 2011, sous la plume de Thomas Wieder et Gérard Courtois, indiquait qu’une enquête d’intentions de vote en amont de l’élection présidentielle dont il était un des commanditaires.

Les candidats payent aussi

Pour l’élection présidentielle en 2017, un peu plus de 850 000 euros ont été dépensés en enquêtes et sondages par cinq candidat·es, selon les comptes de campagne des candidats publiés par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (Cnccfp). Un montant plutôt faible au regarde de l’ensemble des dépenses mais qui montre l’attrait de certains candidats pour ces enquêtes.

Pour les élections régionales, comme on le notait récemment, près d’un sondage sur trois publié ces derniers mois est commandé par les partis politiques ou les équipes de campagne.

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Les comptes de campagne permettent d’en savoir plus sur les dépenses des élections récentes. Ainsi, pour l’élection municipale au Havre, l’équipe de l’ancien premier ministre Édouard Philippe a commandé un sondage à l’IFOP pour connaître le « climat électoral » dans sa ville pour 2 400 euros, selon la décision la Cnccfp relative à ses comptes de campagne.

Extrait de la décision relatives aux comptes de campagne d’Edouard Philippe pour l‘élection municipale au Havre

Mais on ne retrouve pas de traces de ce sondage dans la presse, ce que ne manque pas de relever la Cnccfp. En effet, pour qu’un sondage d’intentions de vote puisse être remboursé, la commission note deux exceptions, dans son Guide du candidat : « dans le cas où un candidat utiliserait ce type de sondage comme moyen de promotion de sa candidature auprès des électeurs » ou s’il sert « l’orientation de sa campagne ».

« Effectués pour évaluer les chances de succès d’un candidat, les sondages de notoriété d’intention de vote ou d’opinion, commandés par un parti ou un candidat, ne constituent pas une dépense électorale et ne sont pas admis comme dépenses remboursables. » – Cnccfp

Toujours selon les documents de la Cnccfp, pour l’élection municipale à Clermont-Ferrand, l’équipe de campagne d’Olivier Bianchi, maire sortant, a dépensé 14 400 euros pour un sondage auprès de 600 personnes par téléphone réalisé en janvier 2020. Le sondage compte sept questions, dont plusieurs hypothèses de second tour et a été diffusé dans la presse par l’équipe du candidat, garantissant un « retentissement médiatique » et un « moyen de promotion du candidat ».

Plus au nord, Violette Spillebout était la candidate de LRM à l’élection municipale de Lille, où elle tentait de détrôner Martine Aubry. Elle a dépensé 45 000 euros pour trois sondages, note la Cnccfp dans la décision relatives à ses comptes. Le premier a été réalisé, en octobre 2019, pour un montant de 19 200 euros. Le second, réalisé en février 2020, a coûté 17 400 euros. Le troisième, réalisé en juin, a été facturé 8 760 euros. Les trois ont été réalisés par téléphone.

Un tweet de la candidate Violette Spillebout vantant les résultats du sondage qu’elle a commandé

On retrouve trace de ces sondages sur le site de la Commission des sondages. Ils ont également été publié sur le site de la candidate. Violette Spillebout a été fidèle à Elabe, et la méthodologie est sensiblement la même d’une enquête à l’autre, avec 1000 personnes interrogées. Dans le sondage mené en juin, ne sont posées que deux questions sur l’inscription sur les listes et l’intention de vote pour le second tour. En février, il y avait huit questions avant de nombreuses hypothèses pour le second tour et une question sur la popularité de la candidate, expliquant sûrement la différence de prix, du simple au double.

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