Sondages publics : la part émergée de l’iceberg

Les sondages publiés par les médias ne sont qu’une partie des sondages produits pendant les campagnes électorales : les équipes des candidat·es en consomment beaucoup.

Alexandre Léchenet
NSPPolls
3 min readMar 22, 2022

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Photo d’iceberg prise par Drew Avery

En 2017, les équipes d’Emmanuel Macron, Marine Le Pen, Benoît Hamon et François Fillon avaient dépensées plus de 850 000 euros en sondages et enquêtes, selon le résumé des comptes de campagne publié par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (Cnccfp).

Exemples parmi d’autres durant les élections présidentielles de ces quinze dernières années…

55 enquêtes en cinq mois pour Nicolas Sarkozy

En effet, en plus des sondages qui alimentent les médias, les équipes des candidat·es n’hésitent pas à commander leurs propres études. En 2007, près de 645 000 euros ont été dépensés en sondages pour la campagne de Nicolas Sarkozy, selon les factures que nous avons consultées dans les locaux de la Cnccfp.

Motivations du vote, réaction à des faits divers, analyse du vote des électeurs du Front national ou de ceux de François Bayrou, tout peut donner lieu à une enquête. Entre janvier et mai 2007, plus de 55 enquêtes ont été commandées par l’UMP ou l’association de financement de la campagne de Nicolas Sarkozy…

Les principaux prestataires de Nicolas Sarkozy pendant sa campagne l’accompagneront ensuite à l’Élysée, notamment Publifact, dirigé par Patrick Buisson ou Ipsos, alors dirigé par Pierre Giacometti. Deux personnalités qui ont été condamnés, début 2022, respectivement pour détournement de fonds publics et pour avoir bénéficié consciemment du produit de l’attribution illégale de marchés publics.

Plus de 325 000 euros de sondages pour Emmanuel Macron

Proposition d’Ipsos à l’équipe d’Emmanuel Macron en décembre 2016

Mais le recours aux sondages n’est pas qu’une histoire ancienne. Dans les Macron Leaks, échanges de mails piratés et diffusés en ligne en 2017, on retrouve plusieurs commandes à différents instituts. Par exemple, fin 2016, les équipes d’En Marche valident ainsi un devis proposé par Ipsos pour des tests d’affiches et de slogans pour 15 000 euros et propose quelques mois plus tard un tri personnalisé de l’enquête réalisée pour le Cevipof et Le Monde pour 3500 euros.

« L’entourage politique, jugé à date comme quasi inexistant (le maire de Lyon, ponctuellement cité). Ce point constitue un vrai problème car il se conjugue avec les déficits en termes d’expérience. Si cette faiblesse, qui était remontée déjà lors des précédents quali, n’était pas préjudiciable à l’égard d’un ministre en exercice, il est clair que pour un candidat à la présidentielle, il s’agit d’un frein important et anxiogène. »
Étude sur la présidentialité d’Emmanuel Macron — Ipsos, décembre 2016

L’Ifop propose un package à 60 000 euros des « dispositifs confidentiels qui seront menés pour le compte de la direction de campagne d’Emmanuel Macron » : cinq enquêtes sur les intentions de vote, quatre enquêtes sur la sûreté du choix, quatre enquêtes sur « la composition et structuration des principaux électorats présidentiels », quatre enquêtes sur des questions ouvertes et un forfait de dix questions d’actualités.

En tout, selon les comptes de campagne, plus de 325 000 euros ont été dépensés par l’équipe d’Emmanuel Macron en sondages et enquêtes auprès de huit instituts différents tout au long de la campagne.

54 000 euros d’enquête pour Yannick Jadot

Sans obligation légale, Yannick Jadot a décidé de rendre transparentes ses dépenses de campagne au fil de l’eau, permettant ainsi de voir qu’il a déjà engagé 54 000 euros pour des sondages qualitatifs.

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