Quel impact des Edtechs sur la formation professionnelle ?

#FuturOfWork

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6 min readJun 11, 2019

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Le Big Bang des Edtechs en entreprise, c’était chez NUMA Paris ! Retour sur l’évènement organisé en partenariat avec Brighteye Ventures le 15 avril dernier.

Un marché en pleine croissance, porté par le digital learning

Depuis 2009, les investissements des entreprises dans la formation professionnelle n’ont cessé de croître : on estime qu’en 2017, le marché américain dans ce secteur représentait à lui seul plus de 93 milliards de dollars.

Entre 2015 et 2017 notamment, le budget moyen par salarié par an a augmenté de 30%,et la part du digital dans la formation professionnelle n’a elle aussi cessé d’augmenter : aux États-Unis, près d’une formation sur deux est délivrée de cette manière !

De l’autre côté de l’Atlantique, la perception du digital learning par les professionnels de la formation évolue elle aussi : selon Fosway, cabinet d’analyse n°1 de l’industrie des ressources humaines, 71% des DRHs européens déclarent assister actuellement à une véritable transformation des standards de formation, et 61% considèrent qu’un diplôme obtenu en e-learning est équivalent à un diplôme traditionnel (Source : Centre pour le Futur de l’enseignement supérieur et de la stratégie des talents).

Quels enjeux pour la formation professionnelle 2.0 ?

Le frein n°1 à la formation professionnelle ? La motivation.

“Ce n’est pas le marché de l’éducation, c’est celui de la motivation”
Adam Enbar, CEO et fondateur de Flatiron School

Si les salariés admettent volontiers l’importance de la formation, ils sont nombreux à pointer du doigt la difficulté d’y consacrer le temps nécessaire, de trouver la bonne source d’information, ou le soutien de leurs managers. Une étude du ministère du travail montrait ainsi qu’en 2018, seuls 3% des Français ont utilisé leur compte CPF.

C’est donc un sujet majeur pour toutes les entreprises. Mais quels sont les relais de la motivation chez les salariés ?

1. Le lien social : “Non seulement je crée du lien avec mes collègues, mais je suis en plus identifié comme référent sur un sujet dans l’entreprise”.

Selon un article du NY Times, nous sommes aujourd’hui passé d’une économie où le digital est un produit de luxe à une économie où les relations sociales le sont : la norme est désormais de se lier, d’échanger, bref, de développer ses relations sociales en ligne. Pourtant, les individus ont toujours le désir de créer du lien en personne, et particulièrement dans l’entreprise.

2. L’employabilité : “Non seulement je garde mon emploi, mais je suis capable d’en chercher un nouveau. J’ai du travail aujourd’hui et demain”.

L’employabilité, ce n’est pas seulement développer des compétences au fil de l’eau. C’est avoir l’image d’une courbe de progression possible, des formats d’apprentissage adaptés à son quotidien et le soutien de son entourage professionnel.

3. La résolution de problèmes : C’est le plus évident. “Je me forme lorsque je rencontre un problème au travail, et si possible je le fais de manière immédiate”

Face aux nouvelles technologies et à la difficulté de capter l’attention des apprenants, les efforts des responsables de formation se déplacent vers des méthodologies innovantes : le micro-learning, l’apprentissage personnalisé, la curation de contenu et le mentoring/coaching. Ces nouvelles méthodologies apportent une solution à la résolution de problèmes immédiate.

Lien social, employabilité, résolution de problèmes … Comment adresser ces différents sujets et proposer à ses salariés des formats adaptés ? Voici les tendances clés qui répondent à ces enjeux, et les startups qui ont décidé de relever le défi.

Les tendances clés du marché

Just in time learning

On l’a vu, la capacité à résoudre un problème immédiatement est un des leviers de la motivation à apprendre : le Just in time learning résout ce problème, en donnant la possibilité à un individu de trouver la solution dont il a besoin sur le moment, d’utiliser cette connaissance, et de reprendre le travail. Selon le Workplace Learning Report de Linkedin (2018), 43% des salariés déclarent ainsi préférer apprendre au moment où ils en ressentent le besoin dans leur journée.

Le défi pour les entreprises du Just in time learning ? Allier qualité de contenu et rapidité d’apprentissage :

“Les entreprises de contenus ont pour objectif que leurs usagers passent le plus de temps possible sur leurs plateformes. Dans le domaine de la formation professionnelle, c’est l’inverse”
Josh Bersin, Corporate Talent, HR & Learning Analyst.
A new paradigme for Corporate Training : Learning in the Flow of Work

En effet, si le business model de la plupart des entreprises de contenu est basé sur le temps passé sur leurs plateformes, l’objectif de la formation professionnelle est très différent : il faut que l’utilisateur apprenne quelque chose rapidement, l’applique à son activité, et se remette à travailler !

L’effort est donc bien plus porté sur la rapidité d’intégration du contenu que sur le temps passé sur la plateforme, et ça, les startups du micro-learning l’ont bien compris : Liti-gate, startup spécialisée dans le domaine juridique, promet à ses clients une analyse en temps réel des dossiers des avocats, tout en les coachant pour améliorer leur productivité. Une sorte d’assistant qui accompagne les salariés dans leur progression !

La formation informelle

36mn c’est le temps moyen par semaine passé par les salariés à suivre les formations proposées par leur employeur, contre 3h18 à se former en autonomie.

Comment est-ce possible ?

Aujourd’hui, le contenu est accessible partout et s’est adapté aux usages et aux besoins : formats courts, interactifs, témoignages, ask me anything… Il y en a pour tous les goûts, alors que la formation professionnelle n’a pas ou peu évolué. Pourtant, le développement de son employabilité est un des piliers de la motivation chez les salariés. Face à l’inadéquation de la formation professionnelle à leurs besoins, les salariés vont donc chercher le contenu dont ils ont besoin et se forment seuls, une véritable opportunité pour les entreprises de contenu.

Youtube en est l’exemple parfait : tutos, témoignages, communautés fortes et réactives, le géant du divertissement audiovisuel est la référence numéro 1 en la matière.

Les startups ont aussi repris cette recette de succès : à travers du contenu personnalisé, Quartz propose de développer sa culture business de manière “plus approfondie qu’avec les médias, et plus rapide qu’avec un MBA”, une proposition de valeur forte pour des utilisateurs qui ne veulent plus se former de manière classique. Meetup de son côté, plateforme de rencontre entre passionnés de toutes sortes, a tout misé sur la communauté : si le lien social est une des composantes principales du bien-être au travail, il a aussi des effets très positifs sur la rapidité d’apprentissage.

“Education as a benefit”

Et si la formation était mise en avant comme un parti-pris venant nourrir la marque employeur, comme un élément de persuasion fort à l’embauche ?

Aujourd’hui, remplacer un talent coûte cher : le cabinet de développement RH Nelta situe ce coût moyen autour des 2 ans de salaire !

La formation professionnelle devient ainsi un élément incontournable de la rétention des talents : en développant leur employabilité, en leur offrant la possibilité de définir une courbe de progrès potentiel et se projeter, on donne plus facilement aux salariés envie de rester. Walt Disney Co. avait ainsi annoncé en 2018 sa volonté de payer les frais de scolarité de 80 000 salariés souhaitant obtenir un diplôme universitaire, terminer leurs études secondaires ou acquérir de nouvelles compétences !

Et cette envie, il faut la donner à tous les salariés : une étude de l’Association Nationale des DRH estimait en effet que 56% des entreprises ayant un fort taux de croissance ont une gestion des talents qui couvre toutes les catégories de leur personnel.

On l’a compris, la formation professionnelle n’est plus qu’une simple formalité : elle est devenue un élément majeur de la transformation des organisations face au numérique. Accompagner les salariés à travers les formats, temporalités et besoins quotidiens qu’ils peuvent avoir, c’est s’assurer une fidélisation des talents forte et une performance améliorée.

Retrouvez nous au Silencio le 18 juin pour le prochain événement organisé par NUMA, une Learner Story avec Etienne Klein, physicien, philosophe et directeur de recherches au CEA !

Et rendez-vous sur numa.co pour découvrir nos cas d’usages et formations sur-mesure.

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Le coaching d’une génération d’entrepreneurs nous a appris une chose essentielle : la seule compétence indémodable, c’est de savoir travailler.